Bernard Lesfargues : du poète en quête d’identité au traducteur honoré

Jean-Francis Billion

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Jean-Francis Billion, « Bernard Lesfargues : du poète en quête d’identité au traducteur honoré », Plumas [Online], 4 | 2024, Online since 14 January 2024, connection on 12 December 2024. URL : https://plumas.occitanica.eu/1093

Sous le chapeau « Bernard Lesfargues : du poète en quête d’identité au traducteur honoré », sont présentés et annotés, une sélection d’extraits du Journal inédit de Bernard Lesfargues, qui couvre la période septembre 1943 – juin 1953, ainsi qu’un extrait d’interview réalisée en juin 2009 et le discours prononcé à Université Autonome de Barcelone en janvier 2015, qui traitent de son rapport à la traduction. Le Journal est révélateur des positionnements, des espérances et des hésitations du jeune Lesfargues durant sa période parisienne.

Jol capèl « Bernat Lesfargas : del poèta en quista d’identitat al traductor onorat », se presentan e annòtan, una seleccion d’extraits del Jornal inedit de Bernat Lesfargas escrit entre setembre de 1943 e junh de 1953, e mai un extrait d’entrevista realizada en junh de 2009 e lo discors prononciat a l’Universitat Autonòma de Barcelona en genièr de 2015, que tòcan a la sia relacion amb la traduccion. Lo Jornal revela los posicionaments, las esperanças e los trantalhaments del jove Lesfargas pendent son periòde parisenc.

Under the heading “Bernard Lesfargues: from poet in search of identity to honoured translator”, a selection of extracts from Bernard Lesfargues' unpublished Diary, covering the period September 1943 - June 1953, is presented and annotated, as well as an extract from an interview conducted in June 2009 and the speech given at the Autonomous University of Barcelona in January 2015, which deal with his relationship to translation. The Diary is revealing of the positionings, hopes and hesitations of the young Lesfargues during his Parisian period.

Sélection, notes et commentaires de Jean-Francis Billion. Copyright des textes de Bernard, succession de Bernard Lesfargues représentée par Bruno Lesfargues.

Extraits du Journal de Bernard Lesfargues (23.09.1943 – 23.06.1953)

Bernard Lesfargues, dans un Journal, inédit, retraçant dix ans de sa vie à cheval sur le Périgord et Paris (1943-1953), découvert après son décès et qu’ont bien voulu me confier un temps son épouse Michèle1 et son fils Bruno, affiche fortement ses convictions de jeunesse monarchistes et pétainistes2 qu’il remettra rapidement en cause à l’occasion de son adhésion à l’Institut d’études occitanes (1945) puis de son engagement pérenne dans les mouvements fédéralistes (fin 1946 – début 1947) à la suite d’une adhésion éphémère au Mouvement socialiste monarchique le 6 février 1945. C’est dans la même période que Bernard fonde avec quelques amis, souvent les mêmes, une revue Les Cahiers du triton bleu (cinq numéros d’avril 1946 à avril 1947) et une maison d’édition, du même nom, qui publiera aussi divers opuscules et une anthologie composée avec Robert Lafont, La jeune poésie occitane (fin 1946). C’est enfin la période de sa formation universitaire, des débuts de sa carrière professorale et, en parallèle, de ses premiers écrits en prose, nouvelles et romans jamais publiés, mais aussi poèmes et traductions.

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                                                                     ***

Me voici parvenu à un tournant de ma vie. Mon enfance est close et je pénètre avec hésitation dans la nouvelle existence qui m’est offerte. C’est pourquoi j’éprouve le besoin de fixer mes pensées, de noter les paroles qui me frappent, les impressions qui se marquent en moi. Je suis une argile modelée par d’incessants coups de pouce, c’est eux que je transcrirai sur ce carnet. Il me semble qu’ainsi j’aurais mieux conscience de moi-même et de ce qui se passe en moi.

J’espère que, Dieu m’aidant, je pourrai persévérer dans la confection de ce carnet de ma vie3. […]

Quatre choses dans la vie sont dignes de retenir mon attention, je dirais même : motivent la vie : l’amour divin, l’amour humain, la création artistique, l’action. À moi de les fondre dans l’unité, dans un harmonieux ensemble, et je serai un homme4.

À propos du Journal de l’écrivain suisse romand Charles Ferdinand Ramuz (1848-1947)…

J’ai lu hier soir quelques extraits du Journal de Ramuz. J’ai découvert que ses préoccupations autour de sa dix-huitième ou vingtième année étaient les mêmes que celles qui m’agitent aujourd’hui. Oui, moi aussi j’ai de l’ambition, je rêve d’être grand, et comme lui je veux conquérir la gloire littéraire. Que je suis sot, parfois : lorsque l’on me demande ce que je veux faire, j’ai l’air souvent d’être indécis, et de ne rien savoir – de n’avoir aucun goût. Mes interlocuteurs doivent me plaindre et se dire que si l’on n’a pas de but, jamais on ne réussit… Pas de but, moi ? Mais mes ambitions sont on ne peut plus précises. Je me sens l’âme d’un politicien et j’adore les lettres. (Politicien est un vilain mot). Si j’entre jamais à Normale – et pourquoi pas ? – peut-être après serai-je journaliste, ou bien je suivrai une carrière qu’à ce moment le sort – Dieu – me présentera. […]

Mais tous ces rêves seraient peut-être bien simplifiés s’il m’arrivait un jour de mourir de mort violente. Je ne le souhaite sans doute pas, mais c’est avec joie que je le verrais venir. Je voudrais mourir les armes à la main, pour le pays, et j’avoue que cette mort me paraît d’ici plus belle si elle me prenait dans une guerre civile… Si l’on me lisait, je sais que l’on crierait au scandale, que l’on m’accuserait de préférer la guerre civile à la guerre étrangère, de vouloir tuer mes frères, que sais-je encore ! Loin de moi ces pensées – et je doute qu’il y ait beaucoup de jeunes gens plus que moi désireux de voir la France en paix et en ordre, forte et grande et maîtresse de son destin. Mais la guerre civile est la seule guerre – actuellement et pour toujours peut-être – dans laquelle on ait tout à perdre. C’est la seule guerre dans laquelle on ne se bat pas pour des trusts, du pétrole ou des banques, c’est la seule guerre dans laquelle on se bat pour des idées. Et voilà pourquoi je donnerais volontiers mon sang pour le pays. Et peut-être – malheureusement pour la France – aurais-je la joie d’en venir là.

Dieu me pardonne mon ambition5.

Laissons-le encore s’exprimer… de Dordogne…

Je suis à Périgueux à l’ordination de G. Exautier et de G. Capelle. Journée pleine d’imprévus. […] Le train est arrêté aux Eyzies par le maquis. Premier contact avec ces hurluberlus armés de mitraillettes6.

[…] Maurras arrêté. Collaborationniste, lui ?7 […]

Papa […] Ce qu’il me demande c’est de ne pas rentrer encore à Bergerac. On me reproche d’avoir été pétainiste, je risque d’être arrêté, peut-être même descendu. Laissons s’apaiser les colères… […] Bref, on va m’inscrire dans une khâgne à Paris, j’y serai en sécurité, plus encore qu’à Bordeaux8. […]

… Puis de Paris… où il s’installe fin 1944. Il se sent déraciné et en souffrira longtemps. Sa poésie est incomprise et ne fait pas recette… mais il n’en démordra pas.

Premier soir seul avec moi-même […] Ce départ si brusque pour la capitale […] C’est maintenant que je réalise tout ce que j’ai abandonné9. […]

Hier, mon orgueil en a pris un rude coup. J’avais laissé entendre aux uns et aux autres que j’étais poète. Déjà je me voyais publié, déjà je palpais les feuilles où s’inscrivaient mes premiers poèmes. Je les ai montrés : indifférence, approbation condescendante, attaques délibérées, j’ai eu tout à souhait. Je ne m’attendais pas à ce qu’on me criât merveille, mais je m’attendais tout-de-même à ce qu’on le pensât. (Ce Lesfargues, il est fort, quel type !) Il n’en a rien été. Jusqu’à me reprocher que je n’entendais rien à la poésie, que je faisais fausse route, que je n’avais pas l’air de savoir qu’il y avait actuellement des poètes. Je refais des expériences depuis longtemps dépassées. J’ai été abasourdi.

Eh bien non ! Je suis sur la bonne voie. Oui, je n’ai encore écrit rien qui vaille, mais cela viendra. Et ce n’est pas en me mettant à la remorque des post-surréalistes que je parviendrai à quelque chose. Oui, ma poésie choque parce que je me suis mis délibérément à l’étude du XVIe et du XVIIe et de tous les maîtres de Scève à Tristan ; parce que j’aime les Cantiques spirituels plus que Max Jacob et nos vieilles chansons plus qu’Éluard. Je sais, oui je sais ce qu’il me faudrait écrire pour plaire. Mais je me refuse à ce dévergondage et m’attache aux valeurs pérennes pour que mes chants subsistent quand les autres ne brilleront plus que dans les notes au bas des pages des ouvrages que personne ne lit.

Si ma poésie suscite de telles attaques, elle ne prouve pas sa faiblesse mais la nullité de ceux qui la méprisent. Que d’autres se perdent dans le fatras de leurs images à fleur de peau, Dieu me donnera bien deux ou trois vers qui fouillent jusqu’au cœur de la création et qui chanteront éternellement dans la mémoire des jeunes hommes10.

Maman est à Paris depuis avant-hier. […]

J’ai été accusé à Bergerac, il y a peu, d’avoir été, et d’être encore, le chef des pétainistes ! Moi, je suis royaliste. Respectueux du Maréchal Pétain, je l’ai été et le suis encore. Mais chef ! Chef de quoi ? Je ne me savais vraiment pas aussi important11. […]

Rongé par l’écriture… mais projets en prose inachevés…

J’ai écrit ce soir, sous le coup de la fièvre qui me ronge, un récit puisé dans mon enfance. Je n’en suis pas mécontent. Je me reprends à espérer. Je serai écrivain12. […]

J’achève à l’instant la nouvelle que j’avais commencée à Comey l’an dernier. C’est Noiville qui, indirectement, m’a incité à la continuer. Je lui en avais lu, hier soir, des passages et je crois – il me l’a affirmé – qu’il a été véritablement intéressé. J’ai compris çà à la façon dont il m’écoutait. Cela m’a redonné confiance, plutôt du courage. Car, de la confiance, je n’en manque pas. Je crois en ce que j’écris. Je crois en mes vers, je suis même le seul à y croire ! Et ma prose ? J’ai beaucoup d’idées de nouvelles : sur la Résistance […]

Projet de roman : l’histoire de l’oncle Claude (le Glaude), sa fille fait un mariage malheureux, elle se noie de désespoir dans la font du Bournat, et le gendre réussit à désarmer le vieux et à capter l’héritage.

Pourrai-je cependant réaliser tout cela ? J’ai pris d’excellentes résolutions… Je devrais préparer le concours. Mais ce ne sont que des résolutions…13.

Bernard adhère au Mouvement Socialiste Monarchiste (MSM), monarchisme hors de l’Action Française… souvenir des journées d’émeutes de 1934, auxquelles il aurait aimé participer, … mais déjà il doute, peut-être, et s’ouvre à d’autres milieux…

Il y a onze ans déjà ! Ah, si j’avais été à Paris alors, comme j’aurais manifesté […] Aujourd’hui, six février, j’ai adhéré au M.S.M. […] Je m’étais pourtant promis de ne pas m’occuper de politique mais une force irrésistible (ou plutôt à laquelle je ne voulais pas résister) entraînait mon bras. En sortant, j’avais comme un tiraillement dans l’estomac. C’est alors seulement que je me suis demandé si j’avais bien fait ; Après tout, pourquoi pas ?14

Hier j’ai été en contact avec un cercle d’étudiants communistes. J’ai été assez vasouillard dans l’exposition et la défense de mes conceptions politiques. Expérience à poursuivre. Dire que je m’entends assez bien avec ces garçons et ces filles, mais que peut-être un jour nous devrons nous casser rudement la gueule. Nous devrons ?15 […]

L’écriture et la langue d’oc le taraudent… et la famille s’éloigne…

J’ai un exposé de philo à préparer, hélas ! mais j’ai sur ma table de travail La Miougrano entre-duberto et mieux vaut que je l’achève. Sinon, je n’en détacherai pas ma pensée. Sous l’influence d’Aubanel, j’ai écrit hier un poème en dialecte de chez nous, et ce soir un second. Que valent-ils ? La langue en est assez bonne, meilleure certainement que ce dont je me croyais capable. Les sentiments, par contre, un peu conventionnels, l’amour du pays, le regret de la belle qui attend, conventionnels mais vrais…16 […]

Depuis plusieurs jours ce carnet, dans ma poche… J’avais besoin d’écrire, et je n’osais pas en prendre le temps.

Vacances de Pâques écoulées. Les premiers jours j’attendais maman et Malou avec impatience : impatience puérile, montrer à ma sœur le métropolitain et la Tour Eiffel… impatience de sortir avec elle dans une rue ensoleillée, ou simplement, de l’embrasser, le soir, en me couchant. Mais il n’y avait pas une heure que nous étions ensemble que je n’avais plus rien à leur dire. Seul, j’ai pris des attitudes taciturnes ; ou plutôt mes pensées sont tellement loin des leurs que nous ne nous retrouvons plus que pour parler de l’épicier ou du boucher ou constater que le concierge17

21 mai, lundi de Pentecôte.

[…] Je prends la détestable habitude de ne plus ouvrir ce carnet que tous les quinze jours, pour établir le bilan des semaines écoulées. Mais ce que j’aurais dû écrire s’en est allé au fil des jours18. […]

[…] La semaine dernière j’ai passé les écrits de deux épreuves d’espagnol. Peut-être la version est-elle réussie ? Jamais je n’ai éprouvé un tel détachement pour des choses qui peuvent engager ma vie, et je pense surtout au concours qui commence à la fin du mois. Paresse irrémédiable ? Sagesse ?19 […]

Retour sur la période d’été en Périgord, et aller-retour avec Paris…

(Et toujours les femmes…, même si j’ai choisi de ne pas m’attarder sur ce thème… Je ne mentionnerai encore que Simone (Monette) et Michelle Guyot (à ne pas confondre avec sa troisième épouse).

Cœur en compote. Simone, retrouvée, aimée, Michelle me tient par la chair.

État de demi-grâce.

J’ai été à Église-Neuve : Aimée, Henriette, Raymonde. Je voudrais rester à Église-Neuve.

Colonies de vacances : joies de l’amitié, Guy, Marc.

Réapprendrai-je à prier ?20 […]

Aujourd’hui, pas de messe. Négligence. Même plus de honte.

Hier, après-midi, au poste, pour avoir promené sur les Champs Élysées, un âne. « Je vote républicain, car je suis un âne ». Âne à en pleurer. Le meilleur, c’est que dès demain, je vais m’en vanter.

Au fond, pleine déroute.

Dans La Dépêche de Paris, « Il y avait dans la Déclaration des Droits une éthique. Mais on jugea bon de substituer à l’homme théorique un homme réel…

Et l’homme réel fut celui de Vichy ».

Il me semble que l’on ne peut faire de Vichy plus grand éloge.

Est-il mérité ?21

(Ces trois derniers mots et le « ? », inscrits par Bernard, à la main. Ont-ils été ajoutés à la frappe du document en 2006 ? ou bien sont-ils un nouveau signe de doute sur ses convictions politiques passées… ?).

Apparition du Triton bleu…, première tentative dans l’édition…

[…] Déjà la parution du premier cahier du Triton bleu (12 avril) ne m’intéresse plus guère. Tellement lointaine. Et Paris, si perdu. Et Michelle22…. […]

Apparaissent de plus en plus souvent certains des amis de Bernard liés à cette aventure, de même qu’au MSM puis aux mouvements fédéralistes : Marc Guillot, la dénommée Michelle, Jean-Pierre Gouzy (lequel était Jean-Marc Varenne pour le MSM et signait ainsi quelques articles du Triton bleu) avec lequel il s’engagera pour le fédéralisme avec la création du Comité d’action fédéraliste et social (CAFS) qui rejoindra plus tard l’Union française des fédéralistes.

Désir d’écrire, paresse d’écrire. Je laisse reposer en moi deux sujets de nouvelles : histoire de Louise et de l’inconnu essayant d’ouvrir sa porte la nuit. La main qui passe par l’entrebâillement pour glisser des lettres. L’autre, titre probable : Les fous hurlent la nuit.

Écrit aujourd’hui à Varenne. Samedi dernier à Michelle. Elle a écrit à Marc Guillot pour qu’il fasse pression sur moi, qu’il m’incite à ne pas me désintéresser du Triton. S’ils savaient comme m’a fait du bien cette cure de silence ! Désintoxication23. […]

Je reçois une lettre de Michelle. J’y trouve deux commandes de l’anthologie des poèmes d’oc24. J’ai peur de m’être lancé dans une entreprise impossible. Où trouver les 40.000 francs (et peut-être plus) nécessaires. Sentiment enfantin que d’écrire cela va conjurer mon angoisse et y porter remède. Je ne voudrais pas reculer. Cependant… Si seulement ma vie matérielle était organisée correctement, si ces 40.000 francs étaient ma seule préoccupation ! Mais les examens (oh ! si peu) et la nourriture quotidienne !25 […]

Hier j’étais angoissé par le manque d’argent qui me force à reporter mes plus beaux projets. Aujourd’hui je reçois une lettre de Robert Jouveaux qui m’envoie d’Indochine 1.000 francs ; une lettre d’Ismaël Girard qui m’offre l’aide financière de l’IEO26. […]

Jours très chargés de paresse. Après des heures d’exaltation je vois approcher la parution de l’anthologie avec plus d’indifférence, presque une sorte de crainte : l’échéance bien sûr !

Pourtant les bonnes nouvelles se succèdent ; j’ai bien des espoirs dans le monde de la critique ; Lafont promet un quart d’heure à Radio Toulouse, à Radio Marseille. P. Jean Roudin doit en parler. […] Darmangeat m’a donné une préface et m’a exprimé sa satisfaction devant les textes de l’anthologie. S’il savait quel appui ces mots m’ont apporté. Plus que jamais je grouille de projets mais finiront-ils larves ou leur poussera-t-il des ailes ? […] Je rêve d’une maison d’édition… Je n’ai plus un sou devant moi, et pas de travail. Et si je n’étais pas fiancé, que m’importerait ? Mais j’ai constamment à la pensée que d’ici un an je veux être marié. Donc… Millet me trouvera-t-il une place dans une maison d’édition ?27 […]

Perds mon temps en conneries – c’est le terme qui convient –. Heureusement j’ai vu l’exposition Van Gogh, à l’Orangerie. Ces cyprès qui se tendent comme de sombres flammes, qui éclatent comme des fusées de feu d’artifice, des montagnes croulant comme une mer démontée, et tant de lumières naissant de bateaux à sec sur la plage, des tournesols dans un vase ou d’un pont dans le soleil, tout cela me rachète et me redonne espoir28. […]

Accepté 2000 francs de R(aymond) des Essarts29 (écrivain monarchiste et l’un des fondateurs du M.S.M.) et promis de lui publier ses poèmes. Même impression que si j’acceptais de coucher avec un laideron pour de l’argent30. […]

Tout en travaillant à ma traduction (quand sera-t-elle achevée ? 31) […]

[…] Vu samedi dernier, en compagnie de Pierre, Vous ne l’emporterez pas avec vous. Que j’aime cet anarchiste sentimental de Capra. Les films américains qui m’ont touché le plus : ceux de Capra, Tortilla Flat (Steinbeck et Fleming), et Les verts pâturages. Apports italiens, espagnols, apports nègres. Tout cela compose l’Amérique. Faut-il y voir les possibilités de rajeunissement qu’offrent au monde les peuples latins ?, ces vieux peuples latins qu’on voit mourir de jour en jour. Une raison de désespérer ? Les peuples latins sont-ils encore capables, non d’imposer, mais de créer une mode, une attirance pour leurs façons d’être, pour leur esprit ? Ou en sont-ils contraints à s’incliner devant la puissante civilisation en gestation qu’est l’américaine ?

Espagne : Franco vient de rétablir la monarchie, sous régence, une régence comparable à celle de Horthy.

Réduits à ne pouvoir rien par eux-mêmes ? Manquant non d’originalité ni d’esprit créateur, manquant de cette puissance financière, industrielle, démographique, cette puissance d’expansion qui est celle des Germains, des Slaves, des Anglo-Saxons. C’est tout le drame – bien petit comparativement – de nos lettres occitanes. Nous pouvons écrire de beaux poèmes ou de beaux drames, mais nous ne pouvons pas trouver de public. Ce n’est pas de trop servir qui use, c’est de ne pas servir32. […]

Saint-Prix33, 28 mai.

[…] Lu beaucoup d’espagnol, non plus enfin ! comme une littérature étrangère, mais presque de l’intérieur. J’aime les poèmes religieux de Fray Luis autant que les cantiques spirituels de Racine ; les seuls poèmes, avec ceux de Péguy, que je ne lise pas uniquement comme des poèmes, mais dont la lecture soit, en même temps, une prière34. […]

[…] Les vacances à Bergerac sont presque terminées. […]

Vu Lascaux. Je dois écrire mes impressions pour Périgord Moun Païs35. Résumé : artistiquement sans comparaison avec Font de Gaume et autres découvertes (Altamira, peut-être ?). Aussi étreignant pour le cœur que de pénétrer dans un parfait sanctuaire roman. Le respect de l’homme est imposé dès le premier pas fait dans cette caverne. Qu’ils ont de la chance ceux que ce thème intéresse : le sentiment religieux est aussi vieux que l’humanité. Il suffit de se rendre à Lascaux36.

Saint-Prix, 27.02.48

[…] Cherché les champignons ce matin. Que ce contact avec la terre me fait du bien. Je songe aussi à ces champignons d’Église Neuve, le dernier soir. Si fermes, si odorants, dans les herbes hautes de la clairière ; et moi comme un fou, courant à la maison chercher un panier et ramenant maman, toujours courant, haletant, et ne trouvant plus qu’à grand peine le merveilleux emplacement37.

[…] Ayant retrouvé le poème de Max Rouquette commençant par

Los aucels de l’auba esposcan
Lo silenci de l’aigatge,

je me suis demandé, tant ces vers pourraient être miens, quand, en français ou en oc, j’ai pu écrire quelque chose d’approchant. C’est pourquoi je suis allé dénicher les Premiers poèmes et les Triton. Rien de tout ça ! Puis je pense que c’est dans Cap de l’aiga. Aucune imitation de ma part, ce thème est si fortement imprimé en moi… Je vois dans le même poème

coma pèira au fons de l’aiga.

Cette rencontre est-elle fortuite, ou sommes-nous dans un thème plus ou moins spécifique de notre occitanisme ? 38

La date de fondation du Comité d’action fédéraliste et sociale (CAFS), après le départ du Mouvement socialiste monarchique (M.S.M.) de Bernard, Jean-Pierre Gouzy, Michelle… et d’autres auteurs du Triton bleu, reste incertaine ; fin 1946 ou début 1947 probablement.

Hier soir, troisième réunion du CAFS de l’année. J’ai été tenté, il y a quinze jours, d’abandonner ces activités. Mais, Jean-Pierre (Gouzy) m’a convaincu de ne pas l’abandonner. Finalement, L. et les siens, qui veulent « faire quelque chose » en sont capables, il me semble. Et j’ai été repris. Sceptique plus que ne le pense Jean-Pierre, à m’en effrayer si je me compare à celui que j’étais il y a trois ou quatre ans, et confiant, maladivement presque, en l’avenir de notre groupe (confiant dans le mien, en fin de compte)39 […]

J’ai discuté avec Jean-Pierre (Gouzy) de l’unité française. Je ne crois pas qu’elle soit en fonction ni de la race ni du sol. C’est une unité historique, faite par l’histoire, avec tout ce que cela comporte de hasards et de volonté. De chance ? Comme on prouve le pouvoir en marchant, la France a prouvé son unité en la réalisant. Encore que je sois gêné d’écrire « a prouvé son unité », c’est simplement « a trouvé une unité » ; et même je préciserais, des hommes, des soldats et hommes politiques ont, pièce par pièce, construit un État, et cet État c’est l’unité, cette unité qu’on a baptisé (sic) du curieux nom de France. Pour l’Allemand, l’unité reste un but ; pour l’Anglais, je crois, un fait ; pour le Français peut-être n’est-elle plus, maintenant, qu’une accoutumance40.

[…] Le projet de la loi Deixonne sur l’enseignement de la langue d’oc me semble irrémédiablement débouté. Bérangère entendait hier soir, à la radio, de « l’unité et l’indivisibilité » (six fois la lettre i dans ce mot tranchant comme une scie) de la France. Je me demande ce que cela peut signifier. Nos espoirs ont été prompts. Tant pis. Nous n’avons là qu’une nouvelle preuve de l’incapacité des Français – tout particulièrement de leurs dirigeants – à sortir des ornières et à imaginer… – Et puis tout ce que j’écris là est bien inutile… C’est d’une révolution absolue que serait corollaire cette décision d’enseigner les dialectes. Pourquoi attendre cela d’imbéciles quand même des gens intelligents pourraient fort bien n’y rien vouloir entendre !41

À propos d’un poème de Garcia Lorca, d’un roman d’Ignazio Silone… et de deux romans inachevés ou perdus de Bernard Lesfargues… Mais, à cet égard, Bernard savait-il que Silone était l’un des fondateurs du Movimento federalista europeo clandestin sous le fascisme, qu’il serait l’un des responsables de l’Union européenne des fédéralistes au sein de laquelle lui-même (Bernard) allait sans doute le côtoyer ou qu’il serait après-guerre l’un des plus proches amis d’Albert Camus, co-fondateur du Comité français pour la Fédération européenne à Lyon en mai 1944 ?... Je n’ai jamais pu aborder ces questions avec lui, malheureusement...

J’ai fait apprendre par mes élèves de seconde le poème de García Lorca intitulé « Muerte de Antonio el Camborio ». L’un d’eux m’a demandé la permission de le réciter en entier. Il s’est levé, a fermé les yeux et montré qu’il sentait ce poème et qu’il l’aimait. Ses camarades, évidemment, trouvaient le spectacle comique. À la fin de la récitation, j’ai parlé en termes un peu vifs des imbéciles, de la tourbe vile pour qui la poésie n’a pas de sens. J’ai parlé de Mallarmé… Après le cours, quand tous les autres élèves ont eu quitté la salle, F. s’approche de moi et, pâle, les dents serrées, n’osant pas, puis se décidant, me dit : « Moi aussi, Monsieur, j’aime la poésie. Pourriez-vous me montrer des poèmes de Mallarmé ? » et il s’est enfui comme quelqu’un qui n’en peut plus d’avoir avoué un lourd secret42. […]

Jour lumineux. Je pense à un roman d’anticipation […] Il débuterait le jour de la déclaration de guerre des États-Unis d’Europe à l’URSS, c’est-à-dire quelque dix à douze mois après la constitution de notre fédération. Les USA seraient bien sûr des lâcheurs […] Position de l’Angleterre : membre de l’Union européenne, mais liée par des liens de nature différente (à cause de l’Empire) et restant en marge du conflit, l’arme au pied (et faisant du commerce) ; obligée quand même, en fin de compte, d’y prendre part quand la Chine attaque les Indes. Le monde arabe n’intervient pas parce qu’il est braqué sur la question palestinienne. […]

L’essentiel du roman tiendrait dans les réactions des soldats engagés dans cette immense bataille qui se déroulerait en Europe de l’Est – dans leurs réactions nationales, chauvines, involontairement, en face de leurs coéquipiers d’autres nations – […]43.

Lu dans La Table ronde, n° 30, d’Ignazio Silone : « Le Dieu des ténèbres ». L’écrivain italien essaie de déterminer comment il est passé au socialisme, du socialisme au communisme, pour finalement devenir comme tant d’autres un « apostat ». Sans doute n’y a-t-il rien qu’en théorie nous ne connaissions déjà parfaitement. Mais il s’agit d’un homme44, et il suffit pour que ces pages acquièrent un ton rarement rencontré par moi et qui me touchent à un point extraordinaire. Pourtant, comme je dois être loin d’un homme comme Silone… […]

Je note, page 47 : « Depuis plus de deux ans… un de mes frères, plus jeune que moi, le dernier qui me restât, était en prison, en Italie, accusé d’appartenir au Parti communiste illégal. Au moment de l’arrestation, il avait été torturé au point qu’il souffrait de permanentes et atroces lésions internes… […] C’était un jeune homme vaguement anti-fasciste, d’éducation et de sentiments catholiques… Pourquoi s’avoua-t-il communiste ? Pourquoi confirma-t-il cet aveu en justice, devant le tribunal qui s’en servit pour le condamner à quinze ans de réclusion ?... J’ai cherché à me comporter, m’écrivit-il, comme j’imaginais que tu te serais comporté à ma place. »

Cette situation, c’est exactement celle que j’ai imaginée dans mon roman, Jean se laissant condamner comme maquisard alors qu’il ne l’est pas45. […]

Il y a deux ou trois jours, Georges Duhamel se lamentait dans une chronique à propos de la suppression de l’enseignement du français en Bulgarie. On veut que ce ne soit plus la langue que de quelques spécialistes. Et ce qu’il veut faire de la langue d’oc, alors ? N’est-ce pas précisément cela ? La paille et la poutre, toujours...46

« Été quarante-quatre »… le premier roman de Bernard est refusé chez Plon, présenté par des amis chez Gallimard, Flammarion, Grasset… alors que l’agrégation s’approche… Bernard n’oubliera jamais cette blessure intime et, abandonnant la prose, s’orientera vers la poésie et la traduction…

Échec de la présentation chez Plon de mon « Été quarante-quatre » ; ce titre, trouvé par Laudenbach, ne me plaît décidément pas trop. Je préférerais Quand règne l’Aversier, plus mauvais pourtant, je crois. Je suis infiniment moins affecté que je n’aurais cru… Infiniment moins, tout en l’étant beaucoup. Maintenant Nimier va le présenter chez Gallimard, Laudenbach parle de Flammarion, et j’ai vu Salvat chez Grasset. Si de tout cela rien ne sort ; je rangerai ce manuscrit dans un coin et j’attendrai la chance au second tour. Ce qui m’ennuie, c’est que l’agrégation risque de repousser assez loin ce second tour. O rêves…47 […]

Quatrième carnet et dernier, du 10 mars au 23 juin 1953. À propos de Simone Weil et de la « race » juive

Je ne connais que quelques rares extraits du livre de Simone Weil, La Tradition. Je suis persuadé qu’il s’agit là d’un maître livre, il faut absolument que je me le procure. Je trouve curieux de me rencontrer, avec une juive, sur un problème qui me semble, de prime abord, étranger totalement à l’esprit cosmopolite de cette race48. […]

Ce texte très court, de quelques lignes, a été rédigé par Bernard le 7 avril 1951 ; il est suivi dans le tapuscrit d’une annotation dactylographiée :

« Je transcris ce carnet en 2006, un peu plus d’un demi-siècle après avoir écrit les lignes qui précèdent. Il est évident qu’aujourd’hui je n’écrirais pas ce mot : race. Aujourd’hui, ni même hier ».

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                                                                 ***

Deux textes plus récents revenant sur le rapport de Bernard avec la traduction

Entretien avec Bernard Lesfargues (traducteur espagnol), par Blandine (extraits, 2009)

Texte repris par Le Bournat, Périgueux, n° 4, 2018, p. 17-20. Nous publions ici exclusivement la première question et la réponse la concernant.

Lundi 29 juin 200949

1 / Comment êtes-vous venu à la traduction ?

Je suis venu à la traduction par hasard. J’étais ami de Roger Nimier et des « hussards » qui l’entouraient ; ami, certes, mais avec quelque condescendance car j’étais un provincial pas trop dégourdi. Roland Laudenbach, maître d’œuvre des éditions de la Table ronde, me demanda de traduire de l’italien ‘dont je n’avais’ (?)50 qu’une connaissance très superficielle, je calai vite. Alors Laudenbach me mit entre les mains un livre épais en espagnol dont l’auteur était Salvador de Madariaga. Le titre : Vida del muy magnífico señor don Cristobal Colón. Je savais plus d’espagnol que d’italien, mais à vrai dire je n’en savais pas beaucoup. Traduire Madariaga me fut une redoutable épreuve, mais je sentais que, page après page, je faisais des progrès. D’énormes progrès. J’ai retrouvé récemment ma traduction, je sais que je n’ai pas à en rougir. Mais elle ne devait jamais voir le jour.

Voilà pourquoi : le livre de Madariaga faisait 650 pages ; l’éditeur avait des problèmes de trésorerie, il eut l’idée saugrenue d’alléger l’ouvrage d’environ 200 pages. Il me confia cette tâche stupide, dont je me tirai assez bien. Mais Madariaga et son éditeur londonien ne furent pas de cet avis et refusèrent mon chef-d’œuvre. J’étais tellement dépité que Laudenbach s’arrangea avec les éditions Plon pour qu’elles me proposent une autre traduction : c’était La vida nueva de Pedrito de Andía, de Rafael Sánchez Mazas. Je fis cette traduction sans trop de difficultés, mais elle ne plut pas à un correcteur de Plon. Cet individu ne connaissait pas l’espagnol et il retoucha mon texte d’une façon extravagante. Je protestai, l’affaire remonta à Charles Orengo, un grand monsieur alors directeur chez Plon51, qui me donna raison. Pedrito de Andía obtint le prix de la traduction (1953) qui s’appelait et qui s’appelle toujours le prix Halpérine-Kaminski.

En ce temps-là je ne faisais pas que traduire, j’écrivais des nouvelles – je n’en ai jamais publié une seule – et un roman. Roger Nimier eut la gentillesse de le présenter chez Gallimard, mais Marcel Armand n’en voulut à aucun prix. Alors je dis adieu au roman et me résignai à n’être que traducteur.

Le 20 janvier 2015 à Barcelone. Inauguration de la bibliothèque des traductions Bernard Lesfargues. Intervention de Bernard Lesfargues

Charles Sorel, l’auteur de l’Histoire comique de Francion, (1633) écrit que « traduire des livres est une chose très servile ».

Dieu merci, depuis l’époque de Louis XIII le métier de traducteur a beaucoup évolué. En témoigne par exemple Diderot qui, dans Les Bijoux indiscrets (1748), fait brièvement dialoguer Bloculocus avec Mangogul. Celui-ci demande :

Vous savez donc le grec ?
Moi, seigneur, point du tout.
Ne m’avez-vous pas dit que vous traduisiez Philoxène et qu’il avait écrit en grec ?
Oui, seigneur, mais il n’est pas nécessaire d’entendre une langue pour la traduire, puisque l’on ne traduit que pour des gens qui ne l’entendent point.

Diderot nous amuse, mais il n’est pas si loin de nous le temps où l’on raffolait des « belles infidèles ». Cioran, très sérieux, se permet d’écrire : « Je mets un bon traducteur au-dessus d’un bon auteur. » Exagère-t-il ? C’est probable. Mais il écrit encore : « Tous les traducteurs sans exception que j’ai rencontrés étaient intelligents, et souvent plus intéressants que les auteurs qu’ils traduisaient. »

Je n’oublie pas l’amitié qui liait Cioran et Armel Guerne, une amitié qui peut nous aider à comprendre les propos quelque peu surprenants de Cioran sur la traduction. Mais on a si souvent minoré le rôle des traducteurs, qu’il ne leur déplaît pas de recevoir des éloges en général mérités. Merci, monsieur Cioran.

De l’orgueil et de l’humilité, oui, mais pas de servilité. Entre ces deux extrêmes, le traducteur trouve sa juste place.

Je savoure et je fais miennes les lignes réparatrices qu’écrit Cioran. Je ne pense pas qu’il survalorise la tâche du traducteur.

Que fait le traducteur ? Assis à sa table de travail, l’ordinateur en marche, c’est lui désormais la fameuse « page blanche » qui faisait jadis tellement peur aux écrivains et qui, je crois, leur fait toujours aussi peur. Les dictionnaires narquois sont à portée de main. Et le traducteur est seul. Tout seul à se battre, page après page, à se torturer le cerveau pour translater dans sa propre langue ce qu’a écrit, proche ou lointain, un autre auteur qui a le droit d’écrire ce qui lui passe par la tête, tandis que lui, misérable traducteur, ne peut que s’interdire de retoucher si peu que ce soit au texte qu’après tout il a accepté de traduire et non de modifier.

Il me semble, mesdames et messieurs, que vous avez été bien imprudents en donnant mon nom à cette bibliothèque. La coutume est de patienter quelque peu, d’attendre que la personne à qui l’on rend hommage ait disparu de la terre des vivants. On ne sait jamais ce qui peut passer par la tête d’un vieillard… Mais je vais faire en sorte de ne pas démériter de vous.

Et, surtout, dites-vous bien que je n’ai guère de mérite. Traduire Joan Sales, traduire Mercè Rodoreda, traduire Jaume Cabré, c’est un immense plaisir, ce n’est absolument pas un pensum. Je termine donc en répétant haut et fort combien j’ai aimé consacrer des heures et des heures de ma vie à la littérature catalane, à la langue catalane qu’un imbécile gradé avait tout fait pour l’éradiquer. La culture catalane est bien vivante. Je crie donc aussi fort que je peux :

Vive la Catalogne.

Visca Catalunya.

1 La troisième, aujourd’hui décédée, née Philippe, après Bérangère Macaire puis Danièle Menant dont il a divorcé successivement.

2 Bernard Lesfargues, Journal (Labarde 23.09.43 – Saint-Prix 23.06.53), retranscrit par lui en un tapuscrit de 231 pages en 2006 (Archives Bernard

3 p. 1, Labarde, 23.09.43.

4 p. 2, 25.09.43.

5 p. 10, 14.02.44.

6 p. 24, 03.07.44.

7 p. 48, 13.09.44.

8 p. 51, 12.10.44.

9 p. 54, Paris, 30.10.44.

10 p. 58-59, 30.11.44.

11 p. 60-61, 26.12.44.

12 p. 62, 04.01.45.

13 p. 68-69, 03.02.45, 23 h. trente.

14 p. 69, 06.02.45.

15 p. 70, 19.02.45.

16 p. 74, 05.03.45.

17 p. 76, 11.04.45.

18 p. 83, 21.05.45.

19 p. 84, 21.05.45.

20 p. 88, 06.08.45.

21 p. 91, 21.10.45.

22 p. 100, Bergerac, 14.04.46.

23 p. 109, 09.09.46.

24 Robert Lafont et Bernard Lesfargues, La jeune poésie occitane, préface du naturaliste et écrivain Pierre Darmangeat, fin 1946, Paris, éd. Le Triton

25 p. 111, 08.10.46.

26 p. 111, 03.10.46 ; insérée dans le Journal après la précédente.

27 p. 112, 19.10.46.

28 p. 118, 01.02.47.

29 Écrivain monarchiste et l’un des fondateurs du M.S.M.

30 p. 119, 22.02.47.

31 p. 123, 17.03.47.Sans doute de l’imposant livre de Salvador de Madariaga, La vida del muy magnifico don Cristóbal Colón. Cette traduction ne sera

32 p. 126-127, 02.04.47.

33 Propriété des beaux-parents de Bernard, proche de Paris.

34 Saint-Prix, p. 131, 28.05.47.

35 Revue des Périgourdins de Paris.

36 p. 142-143, 16.08.48.

37 p. 142-143, 27.08.48.

38 p. 157, 08.10.48.

39 p. 157, 28.10.48.

40 p. 161, 17.12.48.

41 p. 165, 24.03.49.

42 p. 166, 29.03.49.

43 p. 168-169, 13.05.49.

44 En italique dans le texte.

45 p. 174-175, Dourdan, 11.10.50.

46 p. 177, 28.10.50.

47 p 180, 09.12.51.

48 p. 186, 07.04.51.

49 Site tradabordo.blogspot.com (Plateforme communautaire et participative de traduction espagnol / français ; français / espagnol – Université de

50 Probablement, car un membre de phrase semble avoir été oublié dans la retranscription sur le site de la réponse de Bernard, mon commentaire, NdA.

51 C’est grâce à l’entremise d’Orengo que Bernard Lesfargues obtint la publication, chez Plon, du Mistral ou l’illusion, de Robert Lafont (1954), NdE.

Lesfargues, Bernard, Journal (Labarde 23.09.43 – Saint-Prix 23.06.53), retranscrit par lui en un tapuscrit de 231 pages en 2006.

1 La troisième, aujourd’hui décédée, née Philippe, après Bérangère Macaire puis Danièle Menant dont il a divorcé successivement.

2 Bernard Lesfargues, Journal (Labarde 23.09.43 – Saint-Prix 23.06.53), retranscrit par lui en un tapuscrit de 231 pages en 2006 (Archives Bernard Lesfargues chez son fils Bruno, désormais Arch. ABL) ; 9 pages manquant dans la version consultée. [Dans la suite de notes se référant au manuscrit, la mention ibid. est systématiquement omise – NdE].

3 p. 1, Labarde, 23.09.43.

4 p. 2, 25.09.43.

5 p. 10, 14.02.44.

6 p. 24, 03.07.44.

7 p. 48, 13.09.44.

8 p. 51, 12.10.44.

9 p. 54, Paris, 30.10.44.

10 p. 58-59, 30.11.44.

11 p. 60-61, 26.12.44.

12 p. 62, 04.01.45.

13 p. 68-69, 03.02.45, 23 h. trente.

14 p. 69, 06.02.45.

15 p. 70, 19.02.45.

16 p. 74, 05.03.45.

17 p. 76, 11.04.45.

18 p. 83, 21.05.45.

19 p. 84, 21.05.45.

20 p. 88, 06.08.45.

21 p. 91, 21.10.45.

22 p. 100, Bergerac, 14.04.46.

23 p. 109, 09.09.46.

24 Robert Lafont et Bernard Lesfargues, La jeune poésie occitane, préface du naturaliste et écrivain Pierre Darmangeat, fin 1946, Paris, éd. Le Triton bleu.

25 p. 111, 08.10.46.

26 p. 111, 03.10.46 ; insérée dans le Journal après la précédente.

27 p. 112, 19.10.46.

28 p. 118, 01.02.47.

29 Écrivain monarchiste et l’un des fondateurs du M.S.M.

30 p. 119, 22.02.47.

31 p. 123, 17.03.47. Sans doute de l’imposant livre de Salvador de Madariaga, La vida del muy magnifico don Cristóbal Colón. Cette traduction ne sera malheureusement jamais publiée et n’a pas été retrouvée.

32 p. 126-127, 02.04.47.

33 Propriété des beaux-parents de Bernard, proche de Paris.

34 Saint-Prix, p. 131, 28.05.47.

35 Revue des Périgourdins de Paris.

36 p. 142-143, 16.08.48.

37 p. 142-143, 27.08.48.

38 p. 157, 08.10.48.

39 p. 157, 28.10.48.

40 p. 161, 17.12.48.

41 p. 165, 24.03.49.

42 p. 166, 29.03.49.

43 p. 168-169, 13.05.49.

44 En italique dans le texte.

45 p. 174-175, Dourdan, 11.10.50.

46 p. 177, 28.10.50.

47 p 180, 09.12.51.

48 p. 186, 07.04.51.

49 Site tradabordo.blogspot.com (Plateforme communautaire et participative de traduction espagnol / français ; français / espagnol – Université de Nanterre), Com/2009/06/entretien-avec-bernard-lesfargues.html

50 Probablement, car un membre de phrase semble avoir été oublié dans la retranscription sur le site de la réponse de Bernard, mon commentaire, NdA.

51 C’est grâce à l’entremise d’Orengo que Bernard Lesfargues obtint la publication, chez Plon, du Mistral ou l’illusion, de Robert Lafont (1954), NdE.