Bernard Lesfargues et « son » occitan :
portrait d’une militance culturelle, politique et linguistique

Vít Pokorný

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Vít Pokorný, « Bernard Lesfargues et « son » occitan :
portrait d’une militance culturelle, politique et linguistique », Plumas [En ligne], 4 | 2024, mis en ligne le 08 janvier 2024, consulté le 28 avril 2024. URL : https://plumas.occitanica.eu/1092

Cet article essaie de donner une réponse aussi complète que possible à la question de l’engagement culturel, politique et linguistique de Bernard Lesfargues. Il utilise toutes les ressources disponibles et y ajoute encore de nouveaux témoignages personnels, fournis par des amis, collègues et membres de famille. À partir d’une analyse de tous les aspects évoqués, il donne une évaluation détaillée, remarque certaines contradictions entre la théorie et la pratique, propose des explications possibles de ces paradoxes et formules des interrogations qui peuvent être examinées plus largement dans le cadre des études ou discussions postérieures.

Aqueste article ensaja de balhar una responsa autant completa que se pòga a la question de l’engatjament cultural, politic e lingüistic de Bernat Lesfargas. Espleita totas las sorgas disponiblas e i ajusta encara unes terstimoniatges personals novèls, per d’amics, collègas e membres de la sia familha. Partent de l’analisi de totes los aspèctes mençonats, balha una evaluacion detalhada, enlusís quelques contradiccions entre teoria e practica, prepausa unas possiblas explicacions d’aquelas paradòxas e formula d’interrogacions que se podràn examinar mai d’ample dins l’encastre d’estudis e discussions per venir.

This article tries to give the most complete answer possible to the question of the cultural, political, and language militancy of Bernard Lesfargues. It uses all available resources and adds new personal testimonies, provided by friends, colleagues and family members. It analyses all the mentioned aspects, gives a detailed evaluation, notices certain contradictions between theory and practice, proposes possible explanations of these paradoxes and formulates questions which can be examined more broadly in future studies or discussions.

Cette publication a été financièrement soutenue par l’Agence de subventions de l’Université Charles, projet numéro 227422, intitulé « Bernard Lesfargues et le mouvement occitan », réalisé à la Faculté des Lettres de l’Université Charles.

L’un des motifs que l’on trouve dans pratiquement tous les textes sur Bernard Lesfargues, c’est la mise en relief de ses efforts en faveur de la langue d’oc. Dans des cas multiples, les auteurs des articles et hommages évoquent son engagement linguistique, littéraire et culturel ou lui expriment leur gratitude pour sa défense de la langue occitane. Ces constatations restent souvent sur le plan général. Ne serait-il alors intéressant de se poser la question de savoir de quels mérites il s’agit concrètement ? Et quelle était, en effet, la relation de Bernard Lesfargues avec « son » occitan ?

Bernard Lesfargues dans son bureau à Église-Neuve-d’Issac, archives familiales

Bernard Lesfargues dans son bureau à Église-Neuve-d’Issac, archives familiales

Une expérience personnelle

Avant de commencer à répondre à ces deux questions, on me permettra une parenthèse personnelle : j’ai eu la chance et le bonheur de rencontrer Bernard Lesfargues en personne à deux reprises, les 28 et 29 juillet 2012, dans sa propriété familiale et l’ensemble de mes contacts postérieurs avec le monde occitan peut être considéré comme le fruit de ces deux rencontres. Lors d’un entretien, que j’ai réalisé avec lui pour la revue littéraire tchèque PLAV, Bernard Lesfargues a partagé avec moi sa vision du mouvement occitan ainsi que sa critique du manque de pratique de l’occitan :

Il y a toujours eu un problème de sociabilité. Cela signifie que les parents dont la langue maternelle est l’occitan ne parlent, en général, à leurs enfants qu’en français parce qu’on croit que seulement le français est important. Donc on parle français aux enfants pour leur rendre service, ce qui est une contrevérité absolue parce qu’il ne rendra jamais service à personne d’abandonner sa propre langue1,

m’a-t-il expliqué. Moi, je ne pouvais que souscrire à son point de vue. Dans une correspondance postérieure, il m’a encouragé à ne pas oublier « les langues malheureuses et à l’avenir incertain »2. Pour me pousser gentiment dans cette aventure, il n’hésitait pas à donner de plus en plus de place à l’occitan dans ses lettres, même si le français a gardé un rôle privilégié dans nos échanges.

Dans la même période, il m’a offert toute son œuvre publiée, grâce à quoi j’ai pu découvrir une création littéraire d’une richesse et d’une sensibilité extraordinaires, bilingue, certes, mais rédigée dans sa majorité originellement en occitan. Et ce sont justement des poèmes que l’on pourrait qualifier d’ouvertement et radicalement anticentralistes (antifrançais ? révolutionnaires ? régionalistes ? nationalistes ?) du recueil Ni cort ni costièr (1970) que j’ai traduits parmi les premiers. J’avais alors 23 ans…

Dans cette période, la nécessité de pratiquer et de transmettre l’occitan dans la vie quotidienne m’a été – en accord avec ce que Bernard Lesfargues m’avait dit – rappelé par Yves Rouquette dans sa préface au recueil Pentecôte3. J’ai ensuite trouvé un appel semblable, porté vers la reconnaissance de l’oc, dans la postface de la plume de Lesfargues à ses Odes4.

Il me semblait donc tout à fait logique et presque naturel d’apprendre plus tard que « Lesfargas normalment parlava occità […] » avec Jaume Cabré et sa femme5. Disons que l’image que je me suis faite alors était harmonieuse et parfaite. Mais était-elle précise et complète ?

Les mérites culturels

Revenons à la première de deux questions que nous nous sommes posées, à savoir : quels sont les mérites de Bernard Lesfargues en faveur de la défense et illustration de la langue occitane ? Voici ce que serait probablement la réponse de Lesfargues lui-même : « […] j’ai consacré ma vie, comme beaucoup d’autres, à l’enseignement en occitan, à l’écriture de l’occitan, à la poésie et à la prose en occitan »6. Bien que concise, cette phrase trace trois grandes lignes dans lesquels Lesfargues a effectivement œuvré : l’enseignement7, la création littéraire et l’activité éditoriale.

À ces trois branches, il faudrait en ajouter encore quatre. Depuis les années 1940 jusqu’à la fin de sa vie, Lesfargues était militant de l’occitanisme et collaborait avec toute une pléiade de périodiques dans le but de sensibiliser le public aux sujets de la culture occitane8. De plus, il traduisait occasionnellement à partir de l’occitan ou vers l’occitan. Et pour finir, à un âge déjà avancé, il s’est investi dans la sauvegarde du patrimoine matériel local : si la chapelle romane de Tresséroux et le château médiéval de Villamblard ne sont pas tombés en ruines et s’ils ont été sauvés, c’est grâce à l’activité des deux associations (Les Amis de Tresséroux, Association Wlgrin de Taillefer) qu’il a aidées à fonder et dont il était un membre important.

Admettons que, parmi ces domaines, un certain déséquilibre existait : l’édition occupait une place privilégiée. Lesfargues « s’est ardemment employé à faire découvrir les auteurs contemporains » parmi les plus grands : René Nelli, Max Rouquette, Bernard Manciet, Philippe Gardy, Robert Lafont et beaucoup d’autres9. Certains suggèrent même que « sa vocation de poète est négligée au profit du militantisme occitan, du fédéralisme et de l’édition […] »10.

La dimension politique

Tous ces mérites – bien concrets, incontestables et admirables – étaient liés à une vision politique du mouvement occitan incarnée dans l’immédiat après-guerre par l’IEO, que Lesfargues rejoignit, à la suite de ses échanges épistolaires avec Lafont, en 1947.

Dans des entretiens et des textes autobiographiques, il se définissait comme un « militant engagé »11 depuis cette période-là. « La mère de ma mère disait deux choses quand j’étais à Paris et que je revenais de temps à autre au pays : vous ne réussirez jamais à remplacer la langue officielle et tu ne reviendras jamais »12, confiait-il à la revue Oc.

J’aurais voulu foutre le bazar partout et dire adieu à la France. […] J’ai toujours rêvé d’une politique occitane, il est sûr que c’est en premier lieu un problème politique. […] La tâche finale, c’était de créer la République occitane. Comme le disait Max Rouquette, nous rêvions en sachant qu’on ne pouvait plus rêver. Nous attendions la première bombe, elle n’a pas pété. Nous avons été tout près de l’insurrection avec la création du COEA [Comité Occitan d’Etudes et d’Action] à Nîmes. Nous faisions du très bon travail 13,

précise-t-il.

C’est justement son engagement occitaniste qui s’est traduit plus tard dans la création de la maison d’édition Fédérop (« Je voulais créer une maison qui publierait des livres en occitan »14), qui a constitué pendant des décennies une plateforme pour les auteurs occitans15.

Dans les interviews, Bernard Lesfargues se déclare partisan d’une politique linguistique efficace ainsi que d’une attitude pragmatique et pratique vis-à-vis de la langue occitane16, tout en se distanciant des tendances félibréennes17 et en citant comme un modèle à suivre la Catalogne.1819 Il soutient la vision de l’unité de la langue, apprécie les efforts normalisateurs et plaide pour une communication interdialectale20.

Dans cette perspective, Lesfargues invite à un enseignement de l’occitan21, mission qu’il avait lui-même endossée, ainsi qu’à la transmission de la langue au sein des familles. Son rêve serait d’entendre un jour l’occitan de nouveau dans les rues, tout comme le catalan en Catalogne.22

On pourrait logiquement en déduire que, en dépit des limitations imposées par la situation sociolinguistique actuelle, Bernard Lesfargues utilisait toujours l’occitan quand il le pouvait ou, au moins, qu’il essayait de privilégier cette langue maltraitée et marginalisée. En était-il vraiment ainsi ?

Les pratiques linguistiques

Concentrons-nous maintenant sur la deuxième question : quelle relation Lesfargues avait-il avec l’occitan ? Avant d’aller plus en détail, il faut savoir comment, dans quel contexte, à quel âge et dans quelle mesure il l’avait appris. Parfois, Bernard Lesfargues disait : « On pourrait dire que l’occitan est ma langue maternelle et le français ma langue paternelle »23. Mais en comparant ses formulations diverses, nous nous rendons compte que cette vision s’avère un peu simplificatrice : parfois entre les lignes et parfois d’une manière explicite, Bernard Lesfargues avoue avoir été « élevé en français »24. Cela constituait un motif de regrets de sa mère à la fin de ses jours25. Mais à cette époque-là, elle avait changé de point de vue : elle avait refondé le groupe folklorique des ‘Abeilles bergeracoises’, elle était devenue une « militante occitane très décidée »26 et, avec son fils, ils s’écrivaient en occitan. S’il y a effectivement eu une transmission de mère en fils, elle s’est faite plutôt en langue écrite : Madame Lesfargues aurait enseigné à Bernard à lire l’occitan « dans la graphie dite phonétique, ou mistralienne, celle du félibrige »27.

Le contact avec la langue parlée était plus intense chez les grands-parents du côté maternel, qui « préféraient parler l’occitan que le français », cependant qu’entre eux ou avec les voisins, à la maison familiale d’Église-Neuve-d’Issac, « on parlait occitan mais on s’adressait à moi en français »28, parce que « es recomanava que, als nens, només se’ls parlés en francès ; perquè es deia que, practicar allò que anomenaven ‘patuès’, els seria per sempre un desavantatge »29 30.

Alors, si le petit Bernard a effectivement appris l’occitan, il l’a appris dans ce contexte de marginalisation et de stigmatisation du début du XXe siècle. Il ne pouvait en être autrement,31 puisque tout le monde parlait occitan32 et « il était normal que l’occitan surgisse à chaque instant […] ».33 Le petit Bernard a connu « de vieilles personnes qui ne parlaient que l’occitan »,34 et en outre, quand il avait autour de vingt ans, il a passé des semaines entières à Église-Neuve-d’Issac sans presque entendre parler français.35

Bernard Lesfargues a bel et bien appris la langue occitane de telle manière qu’il a pu certifier plus tard, d’une manière métaphorique, avoir deux langues maternelles36, avoir baigné dans la culture occitane et avoir été bercé de ses histoires37. Dans l’expression écrite, il s’exprimait en languedocien, alors qu’il disait pratiquer plutôt le limousin en parlant38.

Nous pouvons donc le considérer locuteur natif qui avait, grâce à une pratique quotidienne dans son enfance et sa jeunesse, une maîtrise complète au moins passive de la langue parlée. Au-delà, une formation rigoureuse postérieure lui a permis d’acquérir également une très riche connaissance de la langue écrite ainsi que de la culture et civilisation occitanes.

C’est d’ailleurs la vision de Lesfargues que formulent ses amis intellectuels, qui le décrivent comme un ami et un hôte parfait, attentif et généreux, ouvert, toujours à l’écoute et prêt à apporter son soutien. Les amis évoquent aussi fréquemment la volonté de Lesfargues d’initier les autres à la problématique occitane et de les encourager dans cette aventure. Fait probablement encore plus intéressant, leurs témoignages confirment que Lesfargues communiquait relativement beaucoup en occitan avec eux.

Citons encore une fois Jaume Cabré, l’un des plus grands écrivains catalans de notre époque :

Au cours de nos douces promenades dans les alentours merveilleux de sa maison, il parlait en occitan, donnant des explications sur tel arbuste et jusqu’où allait le bois et sur les mouvements des abeilles et, de temps en temps, avec une question sur l’usage exact d’un mot de mon texte qu’il était en train de traduire39.

Certains amis occitanistes ont une expérience semblable. « Les réunions occitanes auxquelles j’ai le plus participé furent les réunions de la revue Jorn. […] La langue quasi exclusive de nos rencontres sur deux jours était l’occitan », atteste Joan-Pau Creissac.40 Jean-Yves Casanova – lui-aussi membre de cette équipe – le confirme :

[…] la première communication fut en occitan. Bernard […] était un grand « passeur » et accordait beaucoup de son temps aux ‘jeunes’. On utilisait aussi le français quand on parlait de littérature, surtout des pays hispaniques et plus largement. L’occitan était moins présent. Quand il est parti à Eglise-Neuve, et que je suis allé le voir, l’occitan est revenu avec force et simplicité, chose naturelle dans cet espace si particulier.41

Pourtant, d’autres occitanistes (Danièle Estèbe-Hoursiangou et Philippe Martel), avec qui les relations ont été peut-être moins proches ou fréquentes, attestent que la communication avec eux s’est établie exclusivement en français42.

Si nous avions supposé que la préférence pour l’occitan ou l’oscillation entre le français et l’occitan était la règle dans la communication familiale, nous aurions été surpris. Bruno Lesfargues, le fils aîné du poète, n’a aucun souvenir d’avoir entendu son père échanger quelques mots en occitan avec sa mère, et s’il a appris « le peu d’occitan » qu’il sait lire, c’est grâce à l’hebdomadaire La Setmana (1995-2018), auquel son père, alors à la retraite, était abonné et qu’il lui donnait43. D’après le témoignage de Bruno Lesfargues, l’occitan n’a été transmis à aucun des enfants de Bernard Lesfargues, et son épouse Geneviève affirme que Bernard Lesfargues « [parlait occitan] très très rarement avec les enfants ». « Je crois qu’il aimait profondément l’occitan et le catalan et qu’il prenait plaisir à le parler, mais rarement en famille », ajoute-t-elle.

Comment ou pourquoi est-ce possible ? « Il faut bien comprendre que mon père vivait dans ‘son monde littéraire’ et que nous n’en faisions pas partie. Y compris ma belle-mère, Michèle, qui est décédée sans savoir un mot d’occitan », précise Bruno Lesfargues44.

Cette attitude était valable non seulement pour les enfants, mais aussi pour Geneviève, qui vient du pays gascon, et pour sa famille. « Quand mon père allait chez mes beaux-parents, petits paysans de la Chalosse, qui s’exprimaient entre eux en gascon mêlé de mots français, il ne leur parlait qu’en français », souligne Bruno Lesfargues. « Il en va de même avec Geneviève qui comprend le gascon et est en mesure de s’exprimer dans cette langue, certes de manière basique. Mon père ne lui a jamais parlé occitan »45.

Comment comprendre les paradoxes ?

Ainsi donc, nous avons affaire à un locuteur natif, militant hardi, poète doué, éditeur zélé et enseignant enthousiaste qui investit une partie importante de son temps46 et de ses revenus47 dans la cause occitane, qui entretient un contact avec le monde hispanique et catalan ainsi qu’avec le mouvement fédéraliste en Italie, mais dont l’usage pratique de l’occitan se limite à un cercle étroit d’amis intellectuels. Pourquoi ? Essayons de formuler quelques hypothèses d’ordre sociolinguistique ou psycholinguistique :

- a) Bernard Lesfargues pouvait être influencé par le mépris de l’occitan et la stigmatisation de ses locuteurs, qu’il a vécus dans son enfance, et par les habitudes de ses parents, qui ne lui ont pas, eux-mêmes, transmis la langue ;

- b) L’occitanisme de Bernard Lesfargues est le fruit de son exil à Paris, puis à Lyon, d’où il n’est revenu qu’à sa retraite. Il a donc vécu pendant toute sa vie professionnelle hors du territoire occitan, d’où une très faible utilité et ‘utilisabilité’ de l’occitan dans sa vie quotidienne ;

- c) Aucune des trois épouses de Bernard Lesfargues n’était ni occitaniste, ni locutrice native de l’occitan. Une communication en occitan aurait alors supposé un effort supplémentaire de la part de la partenaire ;

- d) Une partie du mouvement occitan considérait à l’époque l’occitan plutôt comme un objet d’études ou d’admiration, et non pas comme un outil de communication pratique. Même si la langue restait vivante à la vigne ou dans des fermes, les intellectuels, qui vénéraient les troubadours et Frédéric Mistral, avaient très peu de sujets, d’intérêts et d’objectifs en commun avec cette communauté de locuteurs natifs (ce qui s’est révélé comme une faiblesse politique et sociale du mouvement occitaniste). Dans cette optique, la communication en occitan pouvait servir comme une forme de distinction ou un trait d’appartenance pour des amis intellectuels ;

- e) Comme tous les occitanistes ont reçu leur formation en français et parce que la terminologie occitane manquait ou manque dans beaucoup de domaines, la langue de réflexion était pour beaucoup d’entre eux le français, tandis que l’occitan était plutôt réservé à l’expression littéraire.

En tout cas, bien que Bernard Lesfargues ait critiqué la non-transmission dans la génération de ses parents ainsi que chez ses contemporains, cela ne veut pas dire qu’il n’ait pas agi de la même manière. Cette appréciation est-elle dure ou injuste, étant donné que Bernard Lesfargues répétait assidûment dans ses interventions médiatiques qu’il considérait comme une condition sine qua non de la survivance de l’occitan qu’il soit effectivement pratiqué et transmis ?48 En même temps, il faut interpréter son approche dans le cadre d’un processus général qui a également touché aussi bien la ville natale du poète que le village de ses grands-parents maternels et sa propre famille49.

Sur le plan politique ou sociopolitique, certaines formulations de Bernard Lesfargues font penser qu’il était sceptique en ce qui concerne la sauvegarde de l’occitan50, et on peut se demander si le ton révolutionnaire de certaines de ses déclarations et de certains de ses poèmes ne constituait pas qu’une façade : une radicalité verbale ou théorique ne cachait-elle un manque de programme ? À savoir, si les objectifs restent non-formulés ou trop idéalistes pour être atteints, la radicalité ne peut-elle servir d’excuse ? En ce qui concerne la politique et des solutions politiques éventuelles, ne rêvait-on pas (« saunejàvam en saber que ne se podeva pas saunejar mei »)51 au lieu de faire des propositions concrètes et de prioriser des mesures efficaces ? Et la dénonciation du soi-disant jacobinisme français ne suggère-t-elle pas au bout du compte l’idée que l’enfer, ce sont les autres ?

Mais abandonnons le terrain des hypothèses et des interrogations. L’unique chose que nous pouvons dire avec sûreté, c’est que Bernard Lesfargues distinguait entre « son monde littéraire » et la réalité quotidienne, et qu’il n’a pas réussi à sortir de certains stéréotypes ou de mauvaises habitudes qu’il critiquait fermement par ailleurs.

Pourtant, ces contradictions ne changent rien au fait qu’il a apporté un soutien immense à la langue. Et si son approche nous semble un peu paradoxale, elle n’est pas isolée dans sa génération : parmi les élites intellectuelles occitanes, elle était probablement beaucoup plus symptomatique que l’on ne l’aurait pensé…

Et, au-delà du cas personnel de Bernard Lesfargues, c’est peut-être cette omission des petits pas, des choix de tous les jours qui ne coûtent rien, du dialogue avec la communauté des locuteurs natifs « non-intellectuels » et de la volonté de proposer un programme concret, précis et réalisable, qui a contribué à l’affaiblissement du mouvement occitan et à la perte de son dynamisme tel que l’on peut les constater depuis les années 1980.

1 Pokorný 2023.

2 Lettre privée, datée du 15 octobre 2013.

3 « Lesfargues aurait-il écrit beaucoup plus de poèmes si sa poésie avait été reconnue par les siens ? Je le crois. Les ’occitanistes’ n’ont guère de

4 Lesfargues 2014, p. 45.

5 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 10.

6 Pokorný 2023.

7 « J’ai créé deux heures d’occitan par semaine à Lyon. Les cours étaient ouverts à tout le monde : des gens de tous âges et qui venaient de partout

8 Pic & Pokorný 2023; Lesfargues & Pic & Pokorný 2023.

9 Paoletti 2018.

10 Lesfargues & Dugros & Delpérier 2018, p. 14.

11 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 17. À comparer avec : Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 29. À cet égard, les éditeurs ont souhaité qu

12 Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 35.

13 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 17. À comparer avec : Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 29.

14 Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 34

15 Lesfargues 2008.

16 « […] pour exister, une langue doit être vivante, moderne, capable de parler de tout et principalement des problèmes actuels ». Delpérier 1994, p.

17 « Ma conception […] n’a guère de rapport avec celle des mouvements félibréens. Je respecte certes leur raison d’être, mais ils ont le défaut de

18 « Regardez les Catalans vivre dans leur culture au quotidien. Voilà la référence […] ». Ibid.

19 « Je me rappelle qu’en Catalogne, j’ai souvent entendu le catalan dans les rues. Je me souviens d’un homme qui exigeait qu’une jeune fille catalane

20 « […] l’occitan est une langue comme l'italien ou le roumain […]. Ce qui est un problème important, c’est que les locuteurs de différents dialectes

21 « Une chose importante, c’est l’enseignement de l’occitan ». Ibid.

22 « Je me rappelle qu’en Catalogne, j’ai souvent entendu le catalan dans les rues. Je me souviens d’un homme qui exigeait qu’une jeune fille catalane

23 Gellini 2001, p. 55.

24 Delpérier 1994, p. 14.

25 Gellini 2001, p. 55.

26 Pokorný 2023.

27 Gellini 2001, p. 55.

28 Id.

29 Lesfargues 2008.

30 Par rapport aux préjugés linguistiques, Bernard Lesfargues remarque aussi : « Nos voisins de la rue Vidal ne s’étonnaient pas de nous entendre

31 « Com que encara hi havia moltes persones que ignoraven el francès, de quina manera, nosaltres els nens, hauríem pogut deixar d’aprendre, si més no

32 Delpérier 1994, p. 15.

33 Lesfargues 2022.

34 Gellini 2001, p. 55.

35 Pokorný 2023.

36 Lesfargues 2008.

37 Delpérier 1994, p. 15.

38 « Quand j'écris, c'est en languedocien, et je parle plutôt le limousin […] », Gellini 2001, p. 55.

39 Estèbe-Hoursiangou & Gardy & Lesfargues & Susanna & Cabré 2019, p. 198-199.

40 Témoignage fourni par correspondance.

41 Témoignage fourni par correspondance.

42 Témoignage fourni par correspondance.

43 Témoignage fourni par correspondance.

44 En fait, nous ne disposons que d’un seul témoignage direct sur l’utilisation de l’occitan dans la vie quotidienne de Bernard Lesfargues. « […] je

45 Témoignage fourni par correspondance.

46 « […] j’ai consacré ma vie, comme beaucoup d’autres, à l’enseignement en occitan, à l’écriture de l’occitan, à la poésie et à la prose en occitan »

47 « Portèi hèra de sòus dens aqueth ahar, avèvi engatjat tot çò qu’avèvi », avoue Bernard Lesfargues en parlant de sa maison d’édition.

48 « Il y a toujours eu un problème de sociabilité. Cela signifie que les parents dont la langue maternelle est l'occitan ne parlent, en général, à

49 « Lorsque j’allais chez mes grands-parents à Bergerac, et chez mes arrière-grands-parents à Église-Neuve-d’Issac tout le monde ne parlait que le

50 « Enseigner l’occitan, quelle excellente idée, mais aujourd’hui il est presque inutile d’en parler. On ne forme plus les professeurs, on ne sait

51 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 17.

Cabré, Jaume, Lesfargues, Bernard Paringaux, Bernadeta & Susanna, Àlex, Omenatge Oc, març de 2018, 124, 5-19. (« Lo beth eretatge de Bernat Lesfargas » (7) ; « Recordo la mirada d’un home savi i bo », Jaume Cabré (8-10) ; « Autre Epitafi » [B. Lesfargues] (10) ; « L’omenatge de Fédérop », Bernadeta Paringaux (11) ; « Mor Bernat Lesfargas, un dels grans traductors del català al francés », Àlex Susanna (13) ; « Enlà de l’engatjament », Àlex Susanna (14) ; « La paraulas deu poèta : La poesia en occita. Naissença. Viure qui. L’occitanisme. Los purmèrs rencontres » [B. Lesfargues] (15-19). Avec 5 photographies : Georges Souche, Colleccion privada, Institut Ramin Llull, F. Fijac).

Delpérier, Annie, « Conversation dans un jardin avec Bernard Lesfargues », La Toison d’or : Annales de l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord, revue poétique et littéraire trimestrielle, hiver 1994, 31, 14-19.

Estèbe-Hoursiangou, Danièle, Gardy, Philippe, Lesfargues, Susanna, Àlex & Cabré, Jaume, Bernard Lesfargues. Europe. Septembre-octobre 2019, 1085-1086, 182-204. (Estèbe-Hoursiangou, Danièle, « Les horizons du poète » (183-184) ; Gardy, Philippe, « Dans l’espace du doute » (185-188) ; Lesfargues, Bernard, « Poèmes : Le maire, Point final, Les amants de Monbos, Coquelicots. Traduit de l’espagnol (Mexique) par Bernard Lesfargues : Coral Bracho, Que tombe cette pluie fine, Il est des endroits » (189-193) ; Susanna, Àlex, « Le dégeleur de mots » (194-197) ; Cabré, Jaume, « En souvenir d’un ami » (198-202) ; « Éléments biographiques et bibliographiques » (203-204)).

Estèbe-Hoursiangou, Danièle, Bernat Lesfargas. Oc. Septembre 2015, 114-115, 18-37.

Gellini, Denise, « Entretien avec Bernard Lesfargues », Le jardin d’essai. Automne-hiver 2001, (23-24 : La poésie occitane), 55-57.

Lesfargues, Bernard, Dugros, Jean-Claude & Delpérier, Annie, Lo Bornat. Octòbre, novembre e decembre de 2018, 4, 3-23. (Lesfargues, Bernard, « Poesia » (3-6) ; Dugros, Jean-Claude, « Ostal Bernard Lesfargues » (7-10) ; Delpérier, Annie, « Cailloux blancs d’un itinéraire » (11-16) ; « Bernard Lesfargues traducteur » (17-20) ; « Bibliographie de Bernard Lesfargues » (21-23)).

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Paoletti, Catherine, « Éloge funèbre », 26 février 2018.

Pic, François & Pokorny, Vít, « Essai de bibliographie de Bernard Lesfargues », in Plumas [en ligne]. Disponible sur : https://plumas.occitanica.eu/1037

Pokorny, Vít, « C’est toujours une question : l’occitan va-t-il finalement l’emporter dans son pays naturel ? », in Plumas [en ligne]. Disponible sur : https://plumas.occitanica.eu/1035. Témoignages fournis par correspondance.

1 Pokorný 2023.

2 Lettre privée, datée du 15 octobre 2013.

3 « Lesfargues aurait-il écrit beaucoup plus de poèmes si sa poésie avait été reconnue par les siens ? Je le crois. Les ’occitanistes’ n’ont guère de goût que pour les articles de Paris « peinturlurés » de cette langue d’oc qu’ils prétendent défendre sans le moins du monde l’aimer, sans même la transmettre à leurs enfants, n’attendant d’elle qu’une piètre gloriole localiste ou régionale. Ils sont donc passés à côté de cette œuvre […] ». Lesfargues & Rouquette 1999, p. 5.

4 Lesfargues 2014, p. 45.

5 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 10.

6 Pokorný 2023.

7 « J’ai créé deux heures d’occitan par semaine à Lyon. Les cours étaient ouverts à tout le monde : des gens de tous âges et qui venaient de partout suivaient mes cours. J’avais des lycéens de 15 ans ou 16 ans qui venaient parce qu’ils voulaient passer le baccalauréat en occitan, j’avais de vieilles personnes de plus de quatre-vingts ans qui ne venaient pas pour apprendre l’occitan, mais pour apprendre à lire et écrire en occitan. […] Pourtant, ce n’est pas l’occitan qu’il faut enseigner. Ce sont les mathématiques ou l’histoire qu’il faut enseigner en occitan ». Ibid.

8 Pic & Pokorný 2023; Lesfargues & Pic & Pokorný 2023.

9 Paoletti 2018.

10 Lesfargues & Dugros & Delpérier 2018, p. 14.

11 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 17. À comparer avec : Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 29. À cet égard, les éditeurs ont souhaité que les propos de Bernard Lesfargues initialement recueillis en français par Danielle Estèbe-Hoursiangou – traduits dans son gascon à elle conformément à la ligne éditoriale de la revue Oc où ils furent publiés – soient présentés ici, avec l’accord de la traductrice, dans la langue originale.

12 Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 35.

13 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 17. À comparer avec : Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 29.

14 Estèbe-Hoursiangou 2015, p. 34

15 Lesfargues 2008.

16 « […] pour exister, une langue doit être vivante, moderne, capable de parler de tout et principalement des problèmes actuels ». Delpérier 1994, p. 15.

17 « Ma conception […] n’a guère de rapport avec celle des mouvements félibréens. Je respecte certes leur raison d’être, mais ils ont le défaut de figer la culture occitane dans une époque révolue, celle de Mistral, sur bien des plans très contestable, puisque de grandes transformations secouaient déjà les campagnes ». Delpérier 1994, p. 15.

18 « Regardez les Catalans vivre dans leur culture au quotidien. Voilà la référence […] ». Ibid.

19 « Je me rappelle qu’en Catalogne, j’ai souvent entendu le catalan dans les rues. Je me souviens d’un homme qui exigeait qu’une jeune fille catalane lui réponde en catalan, pas en espagnol. En France, il est absolument impossible que j’aille chez mes voisins et exige qu’on ne parle pas français, mais occitan, notre propre langue ». Pokorný 2023.

20 « […] l’occitan est une langue comme l'italien ou le roumain […]. Ce qui est un problème important, c’est que les locuteurs de différents dialectes de l'occitan se comprennent. Autour de nous, il y a toujours, Dieu merci, des gens qui parlent occitan naturellement. Ils savent le parler local, mais ils ne savent pas que ce parler local, avec quelques variantes seulement, est parlé dans le Sud de la France et un petit peu même en Espagne et en Italie. Pourtant, passer de l’occitan parlé en Périgord à l’occitan normal, universel, l’intercompréhension est très facile. Ma mère est un bon exemple : elle parlait l'occitan local et, après avoir suivi quelques cours, elle a échangé avec des amis qui parlaient en dialecte gascon ou en dialecte provençal ». Ibid.

21 « Une chose importante, c’est l’enseignement de l’occitan ». Ibid.

22 « Je me rappelle qu’en Catalogne, j’ai souvent entendu le catalan dans les rues. Je me souviens d’un homme qui exigeait qu’une jeune fille catalane lui réponde en catalan, pas en espagnol. En France, il est absolument impossible que j’aille chez mes voisins et exige qu’on ne parle pas français, mais occitan, notre propre langue ». Ibid.

23 Gellini 2001, p. 55.

24 Delpérier 1994, p. 14.

25 Gellini 2001, p. 55.

26 Pokorný 2023.

27 Gellini 2001, p. 55.

28 Id.

29 Lesfargues 2008.

30 Par rapport aux préjugés linguistiques, Bernard Lesfargues remarque aussi : « Nos voisins de la rue Vidal ne s’étonnaient pas de nous entendre parler occitan puisque eux aussi, presque tous s’exprimaient pareillement. Beaucoup vous auraient dit qu’ils parlaient patois, et s’en excusaient même, ce qui dépendait de la personne à laquelle ils s’adressaient ». Lesfargues 2022.

31 « Com que encara hi havia moltes persones que ignoraven el francès, de quina manera, nosaltres els nens, hauríem pogut deixar d’aprendre, si més no, els rudiments de la llengua d’oc? » Lesfargues 2008.

32 Delpérier 1994, p. 15.

33 Lesfargues 2022.

34 Gellini 2001, p. 55.

35 Pokorný 2023.

36 Lesfargues 2008.

37 Delpérier 1994, p. 15.

38 « Quand j'écris, c'est en languedocien, et je parle plutôt le limousin […] », Gellini 2001, p. 55.

39 Estèbe-Hoursiangou & Gardy & Lesfargues & Susanna & Cabré 2019, p. 198-199.

40 Témoignage fourni par correspondance.

41 Témoignage fourni par correspondance.

42 Témoignage fourni par correspondance.

43 Témoignage fourni par correspondance.

44 En fait, nous ne disposons que d’un seul témoignage direct sur l’utilisation de l’occitan dans la vie quotidienne de Bernard Lesfargues. « […] je me souviens surtout de son retour dans le Périgord, à Eglise Neuve d’Issac où il fut maire, il conversait le plus souvent en occitan avec les chasseurs (par exemple lors de leur repas), les agriculteurs, ses voisins et sa parenté. Par contre dans sa fonction de maire il employait le français », dit Joan-Pau Creissac. Témoignage fourni par correspondance.

45 Témoignage fourni par correspondance.

46 « […] j’ai consacré ma vie, comme beaucoup d’autres, à l’enseignement en occitan, à l’écriture de l’occitan, à la poésie et à la prose en occitan ». Pokorný 2023.

47 « Portèi hèra de sòus dens aqueth ahar, avèvi engatjat tot çò qu’avèvi », avoue Bernard Lesfargues en parlant de sa maison d’édition. Estèbe-Hoursiangou 2019, p. 34.

48 « Il y a toujours eu un problème de sociabilité. Cela signifie que les parents dont la langue maternelle est l'occitan ne parlent, en général, à leurs enfants qu'en français parce qu'on croit que seulement le français est important. Donc on parle français aux enfants pour leur rendre service, ce qui est une contrevérité absolue parce que cela ne rendra jamais service à personne d’abandonner sa propre langue. […] Je suis persuadé que l’occitan, malgré les efforts qui ont été faits et malgré les succès qu’il a connu, se porte très mal. Si les parents qui savent parler occitan ne parlent pas occitan à leurs enfants, l’occitan est foutu. » Pokorný 2023.

49 « Lorsque j’allais chez mes grands-parents à Bergerac, et chez mes arrière-grands-parents à Église-Neuve-d’Issac tout le monde ne parlait que le français. Y compris ma tante et son mari, sœur de mon père », atteste Bruno Lesfargues. Témoignage fourni par correspondance.

50 « Enseigner l’occitan, quelle excellente idée, mais aujourd’hui il est presque inutile d’en parler. On ne forme plus les professeurs, on ne sait même plus s’il y a encore des capéssiens en occitan ». Lesfargues 2022.

51 Cabré & Lesfargues & Paringaux & Susanna 2018, p. 17.

Bernard Lesfargues dans son bureau à Église-Neuve-d’Issac, archives familiales