Les derniers feux du Théâtre de Béziers (1657)

Bénédicte Louvat

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Bénédicte Louvat, « Les derniers feux du Théâtre de Béziers (1657) », Plumas [Online], 5 | 2024, Online since 13 June 2024, connection on 15 November 2024. URL : https://plumas.occitanica.eu/1292

L’année 1657 voit paraître à Béziers, chez l’imprimeur-libraire Jean Martel, tout à la fois le dernier recueil collectif de pièces jouées le jour de l’Ascension, à l’occasion des Caritats, et Las Amours de Damon et Lucresso, Pastouralo. Le premier ouvrage est une anthologie constituée de quatre pièces déjà publiées et attribuées pour trois d’entre elles à François Bonnet et la pastorale inédite et anonyme ne fait que reprendre des situations, des procédés et des personnages omniprésents dans les textes du corpus. L’exténuation d’une tradition qui semble avoir été pourtant bien vivante semble pouvoir s’expliquer par un faisceau d’éléments, parmi lesquels la mainmise du prince de Conti sur la province, le déplacement des États du Languedoc puis la mort de Jean Martel.

The year 1657 saw the publication in Béziers, by the printer and bookseller Jean Martel, of both the last collective collection of plays performed on Ascension Day, on the occasion of the Caritats, and Las Amours de Damon et Lucresso, Pastouralo. The former is an anthology of four previously published plays, three of which are attributed to François Bonnet, while the latter, unpublished and anonymous, simply repeats situations, devices and characters that are omnipresent in the texts of the corpus. The extinction of what appears to have been a lively tradition can be explained by a number of factors, including the Prince de Conti’s control of the province, the relocation of the Estates of Languedoc and the death of Jean Martel.

En 1657, l’imprimeur-libraire biterrois Jean Martel publie ce qui sera le dernier recueil collectif du Théâtre de Béziers et qui porte le titre suivant : Le Theatre de Béziers ou recueil des plus belles Pastorales & autres Pieces historiées, qui ont esté representées au jour de l’Assension en ladite ville. Composées par divers Autheurs en langue vulgaire1. La même année, et sans qu’on puisse déterminer l’ordre dans lequel ces deux ouvrages sortent de ses presses, Jean Martel fait également paraître une pièce isolée : Las Amours de Damon et Lucresso, Pastouralo2.

Aucune pièce ne sera publiée après cette date, dont on peut se demander à quoi elle met précisément fin. Au programme éditorial initié par Jean Martel ? À la tradition théâtrale établie depuis au moins quatre décennies ? Ou aux deux, si l’on fait l’hypothèse que l’édition des pièces suit sans doute d’assez près leur représentation, qu’elle prolonge et dont elle conserve la mémoire – sans qu’on puisse exclure que l’édition serve à des reprises, ce qui est la fonction habituelle de l’imprimé théâtral.

Heurs et malheurs d’un théâtre dans la fête

Le programme éditorial de Jean Martel couvre un empan chronologique de 30 petites années et se laisse diviser d’une part en recueils collectifs (en 1628, 1644 et 1657) et d’autre part en publications séparées, concentrées essentiellement dans les années 1630 (cinq pièces) et pendant une décennie, entre 1647 et 1657 (trois pièces)3. L’ensemble représente 24 pièces très diverses par leur longueur (d’une centaine à un millier de vers), leurs personnages (êtres humains, dieux de l’Olympe, figures tutélaires de la ville comme Pepesuc ou le Chameau, animaux – outre le Chameau, un perroquet…), leurs sujets et les genres dramatiques auxquels on peut les rattacher (pastorale, comédie, pièce d’actualité, « boutade »…). Huit de ces pièces font l’objet de deux éditions4, le recueil de 1657 ne contenant aucune pièce nouvelle. À l’exception de deux5, toutes les pièces sortent des presses de Jean Martel, à qui l’édition du Théâtre de Béziers offre l’occasion, dès 1628, de célébrer la ville dans laquelle il s’est installé peu auparavant comme imprimeur-libraire. Ce sont, par ailleurs, les textes imprimés qui fournissent les seules informations relatives au cadre dans lequel les pièces furent jouées, informations disséminées dans les paratextes des recueils collectifs de 1628 et 1644, les prologues qui ouvrent la plupart des pièces et, localement dans les textes eux-mêmes, notamment dans la pièce métathéâtrale que constitue l’Historio de las Caritats.

C’est ainsi que la fin de l’avis aux lecteurs du premier recueil, qui contient un abrégé de l’histoire de Béziers, de ses traditions et de l’origine de ses fêtes, comporte la première description des représentations théâtrales qui les ponctuaient :

l’on y voit aussi divers chariots de triomphe en forme de theatre que l’on faict trainer par des chevaux, sur lesquels la jeunesse va representant quelques gentilesses historiées & fort recreatives, desquelles j’ay fait chois des plus belles6

Les prologues renseignent également sur le fait qu’on joue une pièce de théâtre (et peut-être deux) pour les Caritats le jeudi de l’Ascension, jour de fête pour tous les habitants de Béziers et ceux des alentours :

Tous les ans une fois nostre Muse folastre,
Pour vous entretenir monte sur le Theatre
(Histoire de la réjouissance des chambrières de Béziers7)

La Ville m’a dounat expresse Coumessieu
De fa saupre per tout lou jour de l’Ascensieu.
Au reste non vol pas qu’on passe aqueste annade
Sans faïre Charitats comm’à l’acoustumade,
Brave Dijoux de May, Trompettes & Aubois
Farou retenti l’air à l’accent de leur vois…
(Historio de las Caritats
8)

[La Ville m’a donné commission expresse
De faire connaître partout le jour de l’Ascension.
Au reste, elle ne veut pas qu’on passe cette année
Sans célébrer les Caritats, comme à l’accoutumée.
Beau jeudi de mai, trompettes et aubois
Feront résonner l’air à l’accent de leur voix]

Ces informations sont complétées par celles que fournit le texte même de l’Historio de las Caritats (1635), pièce qui met en scène deux habitantes d’un village proche de Béziers découvrant les Caritats, ce qui donne l’occasion à son auteur de les présenter. Les jeunes femmes veulent, en effet, voir les éléments les plus typiques de la fête (« Mettan nous indacon per pla veïre la festo, / L’histoire, lou Camel, la Galero, lou resto9 »), parmi lesquels donc « l’histoire », c’est-à-dire la pièce de théâtre, qui prend la forme, dans la pièce enchâssée, d’une pastorale, comme l’indique l’un de ses personnages : « Mais peys que tous lous ans d’uno hurouse mémoire / L’amour des pastourels vous fournis cauque histoire10 ». Ces textes nous apprennent aussi que les fêtes furent régulièrement annulées, comme semble l’indiquer le prologue de cette dernière pièce, mais aussi, et très explicitement, celui de l’Histoire du Mauvais traitement fait par ceux de Villeneuve a la ville de Beziers pendant la contagion :

Desja penden trés ans, lou Teatre ordinari
A vous representa sas actieus en bulgari
Que vous agradou tant, non avio paregut :
Las Muses dormissiou : Apollon ero mut :
Mays aro que del mal, la Ville es de tout quitte
So qu’ero ensevelit del tombeau rescussite
11.

[Depuis trois ans déjà, le Théâtre habitué
À vous représenter ses pièces en langage vulgaire
Qui vous plaisent tant, n’avait pas paru ;
Les Muses dormaient ; Apollon était muet ;
Mais à présent que la Ville est entièrement quitte du mal,
Ce qui était enseveli ressuscite du tombeau.]

La « discontinuation des anciennes coutumes » forme même une partie du titre de la première pièce du recueil de 1644, le Discours funebre fait par l’Ambassadeur de Pepesuc sur la discontinuation des anciennes Coustumes, à Messieurs les Habitans de la Ville de Beziers.

Les raisons ne manquent pas : aux conflits civils et religieux qui reprennent après la mort de Henri IV s’ajoutent les épidémies, et notamment l’épidémie de peste qui fait rage entre 1629 et 1631 dans la région et à laquelle est consacrée l’Histoire du Mauvais traitement. Les dissensions au sein des autorités de la ville jouent un rôle au moins aussi déterminant dans ces annulations et, partant, dans ce que Philippe Gardy appelle la « dialectique du passé et du présent, du disparu et du réapparu, qui traverse les prologues12 ». Certains édiles, en effet, voient d’un mauvais œil ces fêtes païennes, qui ont lieu de surcroît un jour qui devrait être entièrement consacré à la spiritualité chrétienne et occasionnent des « debauches et insolances », selon les termes d’une délibération à la maison consulaire de 161213. Est particulièrement visé le combat de la galère, qui rejoue un épisode de la légende biterroise en mettant aux prises une vingtaine d’hommes combattant à l’aide de bâtons, et est régulièrement interdit, comme l’indiquent les archives de la ville14.

Quelle était, ou quelle pouvait être la situation de Béziers et de ses traditions festives au milieu des années 1650 et que sait-on de l’attitude des consuls à l’égard de ces fêtes et des représentations théâtrales à cette période ? Aucune pièce d’archive relative aux Caritats ne concerne les années 1650. Mais deux sont datées du tout début des années 1660 et font état non seulement d’une nouvelle interdiction du combat de la galère, mais de la décision délibérée d’asphyxier les fêtes. Voici le texte de l’une d’entre elles, l’« Ordonnance de S.A.S. Monseigneur le prince de Conti deffendant le combat de la galere », datée du 10 mai 1662 :

Veu par nous l’arrest de la cour de parlement de Tholose du cinq may 1662, donné a la requeste du procureur general du roy de ladite cour confirmatif des arrests de ladite cour et de celluy du conseil d’estat des vingt deuxiesme may et vingt deuxiesme juin 1661 portant deffances aux habitans de la ville de Beziers de faire faire le combat de la gualere et aux consuls de les souffrir ny fournir argent pour cest effort a peine de radiation et de tenir la main a ce que les tavernes et boutiques soient fermées le jour de feste de l’assantion prochaine, et que il n’y soict poinct faict de masques, farces et autres desbauches, et que les exercisses de piette et de devotion quy ont acoustumé d’estre faits ledit jour seronct continuées avec injonction au juge mage, substitut du procureur general et autres officiers de justice et la seneschaussée et consuls de ladite ville de tenir la main a l’execution des susdits arrests, ce que ladite cour a ordonné de nouveau par sondict arrest15.

Derrière cette décision se trouve un homme : Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, devenu gouverneur du Languedoc un an et demi plus tôt, en janvier 1660. Un homme qui a aimé passionnément le théâtre, a patronné la troupe de Molière, a pris au début de l’année 1656 5000 livres sur le « fonds de l’étape » de l’armée de Catalogne pour l’offrir à la troupe16 avant de se « convertir » au sens où on l’entend au XVIIe siècle, c’est-à-dire de se tourner résolument vers Dieu et de renoncer aux plaisirs profanes. En mai 1656, il écrit ainsi à un correspondant, depuis la ville de Lyon : « Il y a des comédiens ici qui portaient mon nom autrefois : je leur ai fait dire de le quitter, et vous croyez bien que je n’ai eu garde de les aller voir17. »

L’anthologie de 1657

C’est dans ce cadre que paraissent, chez Jean Martel et toutes deux en 1657, une anthologie et une pièce séparée. Le titre de la première diffère très nettement de ceux des recueils précédents, qui étaient « L’Antiquité du Triomphe de Besiers, au jour de l’Ascencion. Contenant les plus rares histoires qui ont esté représentées au susdit jour ses dernieres Années » puis, dans l’exact prolongement du premier, la « Seconde Partie du Triomphe de Beziers Au Jour de l’Ascension. Contenant la Colere ou Furieuse Indignation de PEPESUC, & le Discours Funebre de son Ambassadeur, sur la Discontinuation des Ancienes Coustumes. OU sont adjoustées les plus rares Pieces qui ont esté représentées au susdit jour jusques à présent ».

La page liminaire du troisième recueil (Le Theatre de Béziers ou recueil des plus belles Pastorales & autres Pieces historiées, qui ont esté representées au jour de l’Assension en ladite ville. Composées par divers Autheurs en langue vulgaire) fait place, pour la première fois, à la formule de « Théâtre de Béziers » et indique surtout une relative autonomisation du corpus théâtral par rapport au contexte des représentations. Elle mentionne également des noms de genre, en l’occurrence « pastorales » et « pièces historiées ». Le premier terme entre dans la composition de cinq titres des œuvres du corpus ; le second fait référence aux pièces intitulées « histoires », au nombre de neuf, une pièce combinant les deux indications (l’Histoire pastoriale)18.

La page de titre fournit encore deux informations essentielles autant que nouvelles : ce théâtre a des auteurs ; il est écrit en « langue vulgaire », c’est-à-dire en occitan, le syntagme ou, le plus souvent, l’adjectif substantivé apparaissant dans deux prologues antérieurs19. Qu’en est-il des « divers auteurs » ? Avant la parution du volume collectif de 1657, seules trois pièces du corpus étaient attribuées à un auteur : l’une parue en 1628, Le Jugement de Pâris, attribuée à « M. Bonnet Avocat » et deux pièces plus récentes, Les mariages rabillez. Pastorale. Representée dans Beziers sur le Theatre des Caritadiers Mages de ladite Ville, le jour de l’Ascension de la presente année 1647. Composée par Michaille et la Pastorale del bergé Silvestre Embé la Bergeyro Esquibo Compousado per Michalhe et representado dins Bezies lou jour de l’Assencieou lan 1650. Si l’on ne sait rien du second, le premier est, comme l’a montré Jean-François Courouau20, non seulement un avocat, mais sans doute le même que le poète François Bonnet qui remporte en 1628 le concours des Jeux floraux à Toulouse et fait paraître à Pézenas en 1655 un recueil de poèmes, les Pouesios diversos del sieur Bounet de Beziers dans lequel on trouve un remerciement aux Jeux floraux de 1632, un poème sur les troubles du Bas-Languedoc ainsi qu’un poème de tonalité carnavalesque.

Or le volume de 1657 fait place à une information inédite, un véritable « scoop » : l’attribution rétroactive de deux autres pièces à François Bonnet. De fait, si le recueil se donne comme une anthologie (littéralement, un « recueil des plus belles… ») et affiche l’existence de « divers Autheurs », il ne comporte que quatre pièces, qui ont toutes déjà été publiées dans le recueil de 1628 : les trois premières, l’Histoire de Pepesuc faite sur les mouvements des guerres, l’Histoire des chambrières et le Jugement de Pâris sont dues à François Bonnet ; la dernière, intitulée Pastorale de Coridon et Clérice, demeure anonyme.

L’Histoire de Pepesuc met en scène cinq personnages (d’un côté Mégère, la Paix, le soldat français, tous trois francophones, de l’autre le soldat gascon et Pepesuc, occitanophones) et repose sur une structure à la fois oscillatoire et répétitive : Mégère annonce la guerre, les soldats se mobilisent, avec plus ou moins d’ardeur, avant que le géant Pepesuc ne les rejoigne et ne les commande, puis la Paix entre en scène et met fin aux préparatifs militaires, avant que Mégère ne revienne… et ainsi de suite… jusqu’à la victoire finale de la Paix. La seconde, l’Histoire de la réjouissance des chambrières de Béziers sur le nouveau rejaillissement d’eau des tuyaux de la fontaine est fondée sur le même type de dialogue entre des personnages allégoriques s’exprimant en français (la Ville et la Nymphe de la fontaine) et trois chambrières qui parlent un languedocien particulièrement animé, régulièrement très vert, et subissent de plein fouet le dysfonctionnement de la fontaine de l’hôtel de ville, qui se remet à couler au second tiers de la pièce. La troisième, Le Jugement de Pâris est, comme son titre l’indique, l’adaptation d’un sujet bien connu emprunté à la mythologie, mais dans laquelle les dieux et déesses, qui s’expriment en français, voisinent avec (et cèdent le terrain à) trois personnages de condition modeste : deux personnages francophones, le berger Pâris et la nymphe Enone, que Pâris abandonne pour accompagner Vénus, et le petit Colin, dont le verbe occitan occupe la scène et l’espace. Colin tire régulièrement la pièce vers le comique, voire le grivois ou ancre les éléments pastoraux dans la réalité économique, tandis que la parole des deux autres personnages relève d’un registre plus grave. Notons que c’est la seule pièce du corpus qui possède un dénouement funeste : Enone se suicide en effet sur scène. Quant à la Pastorale de Coridon & Clerice, elle est la seule vraie « pastorale » du recueil. On y trouve un couple de bergers qui s’aiment d’un amour réciproque, mais sont, au début de la pièce, séparés par la guerre. Coridon a été enrôlé comme soldat et Clérice et l’aide-berger Pilhart attendent son retour. Apprenant que la Paix doit s’installer dans la région, ils la capturent. Tandis que Coridon est sur la route du retour, le satyre cherche à séduire Clérice en se déguisant. La pièce se termine par l’élimination de tous les obstacles et l’annonce de l’union des deux bergers.

On peut se demander d’abord pourquoi Jean Martel a fait le choix de ces quatre pièces pour l’anthologie de 1657. La première réponse que l’on peut apporter est que les quatre autres qui composaient avec elles le recueil de 1628 ont déjà été publiées, en 1644… Avec cette différence, notable, que le recueil de 1644 comportait, en plus des quatre pièces anciennes, cinq nouvelles pièces ainsi que deux discours inédits. Rien de tel en 1657, où Jean Martel se contente de reprendre des pièces anciennes, tout en habillant (ou en maquillant) cette reprise d’une forme de nouveauté dans le titre. Le recueil de 1657 diffère, cependant, de celui de 1628, au sein duquel, donc, se trouvent prélevés quatre textes. Négativement d’abord : il est moins riche (il ne comporte que quatre pièces et n’est pas précédé des très riches paratextes du recueil de 1628) ; positivement ensuite, parce qu’il attribue rétroactivement à Bonnet, désormais doté d’un prénom (François), deux nouvelles pièces.

Et c’est peut-être aussi une explication, tout à la fois de l’insistance sur le fait que le Théâtre de Béziers est écrit par des auteurs, et du choix d’au moins trois de ces quatre pièces. On peut en effet être frappé par la proximité chronologique entre deux faits : la parution en 1655 à Pézenas d’un recueil de poèmes de François Bonnet et celle, en 1657 et à Béziers, de trois pièces de théâtre de sa composition. Or en 1657, le poète est mort : « Cette pièce est de feu M. Bonnet » lit-on entre l’argument et la liste des acteurs dans l’Histoire de Pepesuc. Doit-on interpréter le choix de ces pièces comme une manière d’hommage à un poète biterrois parti chercher la fortune (ou la gloire, voire les deux…) à Toulouse et avec lequel Martel avait peut-être, sans doute même, tissé des liens ?

Si l’on ne peut répondre à cette question, il apparaît tout du moins que l’attribution de deux nouvelles pièces à François Bonnet sur les pages de titres conduit Jean Martel à devoir recomposer les pages liminaires des pièces concernées. L’édition n’est d’ailleurs pas une simple republication des pièces de 1628 : on observe un nombre significatif d’interventions sur le texte, sous la forme notamment de coquilles corrigées ou de vers redressés, conformément aux règles de la versification, ou encore de vers réécrits. Ces corrections concernent tout autant les parties en français que les parties en occitan. Ainsi, dans l’Histoire de Pepesuc, « Dont pour vous massacree vous composez le foudre » devient « Dont pour vous massacrer vous composez la foudre » et dans les vers « Alors yeu marmaray des pez jusques à la cimo » et « Lous qu’amassou de cagaraules / Sou pus hurous qu’un souldat », « jusques à » est corrigé en « jusqu’à » et « hurous » en « hurousés » pour la régularité de l’alexandrin. Dans cette même pièce, certains vers sont entièrement réécrits et « Yeu vous fa mestre de mas armes » est remplacé par « Tenes yeou vous donni mas armes »21.

Il reste qu’on peut se demander dans quelle mesure ces quatre pièces répondent à l’annonce du titre (« recueil des plus belles pastorales et autres pièces historiées »). La première réponse est peut-être à chercher du côté de la diversité : il s’agit en effet de quatre pièces de facture très différente, qui pouvaient donner à voir la variété générique, thématique et tonale du corpus, mais qui avaient aussi en commun de ne pas être écrites seulement en « langue vulgaire », mais de faire entendre un dialogue entre français et occitan, ce dont Bonnet s’était fait une spécialité. On peut néanmoins s’étonner du choix de publier, près de trente ans après, trois pièces qui sont, à des titres et selon des modalités divers, des pièces d’actualité. L’Histoire de Pepesuc, publiée en 1628, mais jouée en 1616 si l’on en croit la page de titre, renvoie en effet aux troubles qui suivirent l’assassinat d’Henri IV et très probablement à la paix de Loudun, signée en 1616, qui met fin à un conflit politico-religieux dont le prétexte était la préparation du mariage du jeune Louis avec une infante espagnole22. La Pastorale de Coridon & Clerice se réfère sans doute à des événements plus récents, paix de Montpellier signée en 1622 ou traité de Paris signé en 1626, mais qui sera vite remis en question avec le siège de La Rochelle23. Quant à l’Histoire de la réjouissance des chambrières, elle est inspirée par l’actualité de la ville, mais une actualité qui a alors quarante ans. Si cette pièce permettait, en 1657, de réactiver la mémoire de la ville et de sa micro-histoire, autant que de ses personnages, figures institutionnelles et gens du peuple, en l’occurrence femmes du peuple, les deux premières pouvaient faire alors écho aux troubles plus récents de la Fronde, qui venait de s’achever, la pièce d’actualité devenant ainsi support d’une lecture allégorique, dispositif ouvert à des interprétations neuves, ce que facilite l’absence d’inscriptions trop précises dans le temps et l’espace.

Las Amours de Damon et Lucresso

L’année 1657 voit également sortir des presses de Jean Martel une autre pièce, sans nom d’auteur ni indication de date et de lieu de représentation (informations assez habituelles sur les pages de titre des pièces) intitulée Las Amours de Damon et Lucresso.

Page de titre du recueil de 1657

Page de titre du recueil de 1657

La pièce est classée par Marie-Hélène Arnaud24 dans la catégorie des « pièces pastorales ou tragi-comédies » et dans la sous-catégorie qui met en œuvre le schéma suivant : un berger et une bergère s’aiment d’un amour réciproque ; un fâcheux (généralement francisant), de catégorie sociale supérieure, fait sa cour à la bergère ; la mère de la bergère aide momentanément le fâcheux, jusqu’à ce qu’il soit chassé par le rival à l’aide de serviteurs ou d’autres adjuvants. Comme dans de nombreuses œuvres antérieures, la pièce commence par présenter l’amour partagé entre deux bergers, Damon et Lucresse, avant de faire place à un trouble-fête, à savoir un soldat francophone, qui a réussi à s’assurer le soutien de la mère de Lucresse. La bergère résiste aux avances du soldat, jusqu’à ce que « [l]e soldat l’élève par force, et vingt hommes bien montés25 ». Mais Damon et son aide-berger Cascaret retrouvent rapidement la bergère et la pièce se termine par l’annonce du mariage des bergers. L’ensemble est réparti sur trois actes très brefs, puisque le volume ne compte que 24 pages, soit la longueur des pièces les plus courtes, telles que les boutades. L’édition n’est guère soignée : on note des incohérences dans la division et la numérotation des actes et des scènes – le premier acte compte une seule scène, numérotée, le deuxième trois, mais la première n’est pas numérotée, le troisième acte n’est pas divisé en scènes –, des vers incomplets ou orphelins. Ainsi, « Que m’a fort travaillat » rime avec « Qu’incaro qu’yeou vous parle n’ay lou sens tout troublat », mais laisse orphelin le vers précédent, « Aquesto neyt passado yeou ay fayt certain songe »26. La pièce compte surtout un certain nombre d’incohérences dans l’action et les motivations des personnages, concernant notamment le comportement de la bergère et de sa mère à l’égard du soldat. Non seulement l’auteur semble avoir composé cette pastorale à la hâte, mais il s’est bien souvent contenté de reprendre des situations présentes dans d’autres pièces, certaines étant d’ailleurs évoquées et non montrées (la scène de baiser surprise par le rival, péripétie qui prend ici la forme d’un enlèvement, ailleurs d’une action magique). Bien souvent, le texte ne fait que démarquer les pièces antérieures et notamment la plus récente de celles qui relèvent du schéma déjà évoqué, à savoir la Pastorale del bergé Silvestre ambé la bergeyro Esquibo de Michalhe, parue en 1650, qui présente grosso modo la même intrigue et les mêmes personnages. Ces effets de reprise, sensibles un peu partout, sont particulièrement prégnants dans le prologue et la fin de la pièce. Le prologue rappelle en effet « las reglos de Bezies27 », à savoir l’habitude de jouer une pièce pour les Caritats et la pièce se termine par une référence à un musicien local qui accompagnera la traditionnelle chanson finale – « Yeou auray Moustelou qu’es bou chalaminayre28 » dit le valet Cascaret à la fin de la pièce –, sur le modèle du musicien Langousti présent dans les séquences finales de la Pastorale de Coridon et Clérice et de l’Histoire du valet Guillaume.

Paru la même année que Le Theatre de Béziers ou recueil des plus belles Pastorales & autres Pieces historiées, Las Amours de Damon et Lucresse fonctionne ainsi comme une pièce elle-même anthologique autant qu’un palimpseste, qui joue avec la mémoire que les spectateurs – et les lecteurs – peuvent avoir des pièces antérieures… Elle manifeste aussi peut-être l’épuisement d’une veine. C’est en tout cas l’interprétation que Philippe Gardy en propose :

Coma sabèm pas grand causa sus la « naissença » dau teatre de Caritats, sabèm pas grand causa nimai sus son acabament. La peça mai tardiera qu’avèm, leis Amours de Damon et de Lucresso, es datada de 1657. Cònta una istòria sènsa orginalitat especiala, mantun còp representada sus la scena dei Caritats. Fidèla a la tradicion, ni mens ni mai. E pron agradiva, fin finala. A l’evidéncia, un sorgent s’agota, pauc a cha pauc, dins una mena d’indiferéncia, dins lo sentit mai simplàs de la paraula ; un repapiatge mecanic, escrich sèns conviccion, dins un occitan un pauc vergonhós, a l’escòla dei mots e de la sintaxi dau francés29.

[De la même manière que nous ne savons pas grand-chose sur la « naissance du théâtre de Caritats, nous ne savons pas non plus grand-chose sur sa fin. La pièce la plus tardive que nous avons, Les Amours de Damon et de Lucresso, est datée de 1657. Elle raconte une histoire sans originalité particulière, maintes fois représentée sur la scène des Caritats. Fidèle à la tradition, ni plus ni moins. Et bien agréable, en définitive. A l’évidence, une veine se tarit, peu à peu, dans une sorte d’indifférence, dans le sens le plus simple du mot ; un radotage mécanique, écrit sans conviction, dans un occitan un peu honteux, à l’école des mots et de la syntaxe du français]

Anthologie exclusivement constituée de pièces déjà publiées, pastorale inédite qui ne fait que reprendre, et moins bien, des situations, des procédés et des personnages déjà vus et revus… : les derniers feux du Théâtre de Béziers brillent d’une lumière bien pâle. Une telle exténuation de la veine dramatique biterroise peut néanmoins s’expliquer par un faisceau d’éléments externes : la mainmise du prince de Conti sur la province, mais également le déplacement des États du Languedoc, qui cesseront tout à fait de se tenir à Béziers après 1670, mais qui s’y tiennent déjà de moins en moins souvent30. Il convient cependant de ne pas surinterpréter ces éléments, pas plus que leur conjonction : de fait, les représentations théâtrales ont continué après 1657, comme en témoigne le paiement de 60 livres pour la représentation d’une « histoire le jour de l’Ascension » en 1660, soit trois ans après la parution, coup sur coup, du dernier recueil collectif et de la dernière pièce isolée du corpus. C’est ce qu’indique une précieuse pièce d’archive :

M. Barthelemi Carraton clavaire de la maison consullaire de Beziers l’apuremens des deniers de votre charge (?) paye comptant au sieur Jean Amilhac escuier la somme de soixante livres pour les fraix qu’il conviendra faire pour faire jouer un histoire le jour de l’assantion au nom de la ville et raportant le present mandemant avec acquit dudit sieur Amilhac ladite somme de soixante livres vous sera allouée dans votre compte (?) et desduite de votre recept partout ou il apparaitra. Faict a Beziers ce vingt neufviesme avril mil six cens soixante31.

L’« histoire » représentée était-elle une reprise ? Ce serait tout à fait étonnant, et peu propre à intéresser les spectateurs. Il est donc possible que la tradition théâtrale se soit poursuivie au-delà de 1657, date à laquelle le Théâtre de Béziers aurait peut-être simplement perdu son éditeur, l’activité de Martel cessant, avec sa mort, en 1659. En tout cas, si l’imprimeur-libraire pouvait présenter en 1657 un « recueil des plus belles pièces », on rêve de voir à quoi pouvaient ressembler les autres…

1 Le Theatre de Béziers ou recueil des plus belles Pastorales & autres Pieces historiées, qui ont esté representées au jour de l’Assension en lad

2 Las Amours de Damon et Lucresso, Pastouralo, A Besiers, par Jean Martel, Imprimeur du Roi et de la Ville, 1657.

3 Sur l’histoire de la publication des pièces du Théâtre de Béziers, voir la Présentation du Théâtre de Béziers, 2019, p. 76-82.

4 L’Histoire de Pepesuc (recueils de 1628 et 1657), Le Jugement de Pâris (1628 et 1657), l’Histoire de la rejouissance des chambrieres de Beziers (

5 La Boutade de la Mode, qui sort des presses de Jean Pech en 1633, et la Pastoralo del bergé Silvestre… publiée par Jean Martel et Michel Claverie en

6 Théâtre de Béziers, 2019, 110.

7 Théâtre de Béziers, 2019, 320.

8 Historio de las Caritats, 1635, 3. Trad. David Fabié.

9 Historio de las Caritats, 1635, 19.

10 Historio de las Caritats, 1635, 24.

11 Histoire du mauvais traitement…, 1632, 3. Trad. David Fabié.

12 Gardy, 2014, 300.

13 Théâtre de Béziers, 2019, 745.

14 Théâtre de Béziers, 2019, 745-753.

15 Théâtre de Béziers, 2019, 753.

16 Forestier, 2018, 92.

17 Cité dans Molière, Théâtre complet, 2010, t. I, LXXXI.

18 Voir Louvat, 2014 et Théâtre de Béziers, 2019, 24-25.

19 « … Nonaven aprestat qu’un petit ordinary / D’un mechant archipot confit en lou vulgary » dans le prologue des Amours de la Guimbarde (Théâtre de

20 Courouau, 2015.

21 Il s’agit des vers 490, 153, 938-939 et 852.

22 Voir Théâtre de Béziers, 2019, 118-119.

23 Voir Théâtre de Béziers, 2019, 573-575.

24 Arnaud, 1975, 70-72.

25 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 21.

26 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 21.

27 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 2.

28 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 23.

29 L’Antiquité du Triomphe de Besiers, 1981, n.p.

30 Comme l’écrit Philippe Martel : « entre 1650 et 1700 c’est Montpellier qui l’emporte, y compris contre Pézenas (vingt-deux sessions contre onze

31 Théâtre de Béziers, 2019, 743.

Corpus

Historio de las Caritats de Besies. Representée sur le Theatre des Practiciens le jour de l’Ascension de l’année mil six cens trente-cinq, Béziers, Jean Martel, 1635.

Histoire du Mauvais traitement fait par ceux de Villeneuve a la ville de Beziers pendant la contagion, Béziers, Jean Martel, 1632.

Le Theatre de Béziers ou recueil des plus belles Pastorales & autres Pieces historiées, qui ont esté representées au jour de l’Assension en ladite ville. Composées par divers Autheurs en langue vulgaire, A Besiers, par Jean Martel, Imprimeur du Roi et de la Ville, 1657.

Las Amours de Damon et Lucresso, Pastouralo, A Besiers, par Jean Martel, Imprimeur du Roi et de la Ville, 1657.

L’Antiquité du triomphe de Besiers au jour de l’Ascension, éd. Philippe Gardy, Béziers, CIDO, 1981.

Théâtre de Béziers. Pièces historiées représentées au jour de l’Ascension (1628-1657), dir. Bénédicte Louvat, Paris, Classiques Garnier, t. I, 2019.

Molière, Théâtre complet, dir. Georges Forestier et Claude Bourqui, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2010.

Études

Arnaud, Marie-Hélène, « Le Théâtre de Béziers : les conditions sociales et linguistiques qui accompagnent quarante ans de création », Revue des langues romanes LXXXI/1, 1975, 67-85

Courouau, Jean-François, « Choix et non-choix linguistiques dans l’Histoire de Pepesuc et dans l’œuvre de François Bonnet », Littératures classiques, n°87 (« Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle », dir. Bénédicte Louvat), 245-257.

Forestier Georges, Molière, Paris, Gallimard, « Biographies », 2018.

Gardy Philippe, « Règles et enjeux des prologues dans le "Le Théâtre de Béziers" (1600-1660) », Littératures classiques, n°83 (« Le paratexte théâtral en France, en Italie et en Espagne (XVIe-XVIIe siècles) », dir. Anne Cayuela, Françoise Decroisette, Bénédicte Louvat et Marc Vuillermoz), 2014, 293-311.

Louvat Bénédicte, « Formes, modèles et invariants du corpus pastoral dans le Théâtre de Béziers : quelques hypothèses », in Jean-François Courouau / François Pic / Claire Torreilles (éd.), Amb un fil d’amistat. Mélanges de littérature occitane offerts à Philippe Gardy, Toulouse, CELO, 2014, 679-696.

1 Le Theatre de Béziers ou recueil des plus belles Pastorales & autres Pieces historiées, qui ont esté representées au jour de l’Assension en ladite ville. Composées par divers Autheurs en langue vulgaire, A Besiers, par Jean Martel, Imprimeur du Roi et de la Ville, 1657.

2 Las Amours de Damon et Lucresso, Pastouralo, A Besiers, par Jean Martel, Imprimeur du Roi et de la Ville, 1657.

3 Sur l’histoire de la publication des pièces du Théâtre de Béziers, voir la Présentation du Théâtre de Béziers, 2019, p. 76-82.

4 L’Histoire de Pepesuc (recueils de 1628 et 1657), Le Jugement de Pâris (1628 et 1657), l’Histoire de la rejouissance des chambrieres de Beziers (1628 et 1657), Les Amours de la Guimbarde (1628 et 1644), Histoire de Dono Peiroutouno (1628 et 1644), Plaintes d’un païsan (1628 et 1644), la Pastorale de Coridon & Clerice (1628 et 1657) et l’Histoire du valet Guillaume et de la Chambriere Antoine (1628 et 1644).

5 La Boutade de la Mode, qui sort des presses de Jean Pech en 1633, et la Pastoralo del bergé Silvestre… publiée par Jean Martel et Michel Claverie en 1647.

6 Théâtre de Béziers, 2019, 110.

7 Théâtre de Béziers, 2019, 320.

8 Historio de las Caritats, 1635, 3. Trad. David Fabié.

9 Historio de las Caritats, 1635, 19.

10 Historio de las Caritats, 1635, 24.

11 Histoire du mauvais traitement…, 1632, 3. Trad. David Fabié.

12 Gardy, 2014, 300.

13 Théâtre de Béziers, 2019, 745.

14 Théâtre de Béziers, 2019, 745-753.

15 Théâtre de Béziers, 2019, 753.

16 Forestier, 2018, 92.

17 Cité dans Molière, Théâtre complet, 2010, t. I, LXXXI.

18 Voir Louvat, 2014 et Théâtre de Béziers, 2019, 24-25.

19 « … Nonaven aprestat qu’un petit ordinary / D’un mechant archipot confit en lou vulgary » dans le prologue des Amours de la Guimbarde (Théâtre de Béziers, 2019, 418) et « Desja pendent très ans, lou Teatre ordinari / A vous representa, sas actieus en bulgari… » dans celui de l’Histoire du mauvais traitement (1633, 3).

20 Courouau, 2015.

21 Il s’agit des vers 490, 153, 938-939 et 852.

22 Voir Théâtre de Béziers, 2019, 118-119.

23 Voir Théâtre de Béziers, 2019, 573-575.

24 Arnaud, 1975, 70-72.

25 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 21.

26 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 21.

27 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 2.

28 Las Amours de Damon et Lucresso, 1657, 23.

29 L’Antiquité du Triomphe de Besiers, 1981, n.p.

30 Comme l’écrit Philippe Martel : « entre 1650 et 1700 c’est Montpellier qui l’emporte, y compris contre Pézenas (vingt-deux sessions contre onze pour Pézenas, et cinq pour Béziers) » (Théâtre de Béziers, 2019, 61).

31 Théâtre de Béziers, 2019, 743.

Page de titre du recueil de 1657

Bénédicte Louvat

Sorbonne Université, CELLF