Lettres de Castan à Espieux sur la poésie et la collection Messatges

Claire Torreilles

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Claire Torreilles, « Lettres de Castan à Espieux sur la poésie et la collection Messatges », Plumas [En ligne], 1 | 2021, mis en ligne le 06 septembre 2021, consulté le 21 décembre 2024. URL : https://plumas.occitanica.eu/260

Espieux, qui a adhéré en 1949 au CNE (comité national des écrivains), n’est qu’un lointain « compagnon de route » de Félix Castan sur le plan politique, mais les deux hommes entretiennent des relations de complicité militante et littéraire dans les années de fondation de l’occitanisme. Ils ont le même âge, le même enthousiasme à échanger et polémiquer sur des questions de création poétique, d’édition et plus généralement d’orientation du mouvement, notamment à travers la revue Oc et la collection Messatges qui en dépend. Nous verrons en présentant un épisode de leur correspondance de juillet à septembre 1950 comment Castan entreprend de former et guider le poète exalté devenu directeur de collection.

Espieux, qu’aderiguèt en 1949 al CNE (comitat nacional dels escrivans), es pas qu’un « companh de luènh » de Félix Castan sul plan politic, mas los dos òmes entretenon de relacions de complicitat militanta e literària dins las annadas de fondacion de l’occitanisme. Son d’atge e un coma l’autre se chalan d’escambiar e polemicar sus de questions de creacion poetica, d’edicion e mai generalament d’orientacion del moviment a travèrs la revista Òc e la colleccion Messatges que ne depend. Veirem en presentant un episòdi de lor correspondéncia de julh a setembre de 1950 cossí Castan se maina de formar e guidar lo poèta afogat vengut director de colleccion.

Espieux, who joined the Comité national des écrivains (CNE) in 1949, was a distant “traveling companion” of Félix Castan in political terms, but the two men maintained a militant and literary complicity during the founding years of Occitanism. They were the same age and shared the same enthusiasm for exchanges and heated discussions on matters of poetic creativity, publication, and more generally the direction of the movement, notably via the periodical Oc and its Messatges collection. Thanks to an excerpt from their correspondence, from July to September 1950, we see how Castan sought to train and guide the acclaimed poet become director of Messatges.

Cet article est le texte d’une communication présentée dans le cadre de la journée d’étude « Autour de Félix Castan » organisée par l’équipe de recherches RED’OC de l’Université Paul Valéry, le 5 mai 2017 au CIRDOC à Béziers.

Dans le fonds Espieux acquis par le CIRDOC en 2004 il y a un ensemble précieux de trois cahiers appelés Libre de memorias. Ce livre de mémoires est un journal d’écrivain pour l’année 1950. Henri Espieux, qui vit alors à Paris, y note ses lectures, ses réflexions, les poèmes qu’il écrit, ceux de ses amis qu’il recopie et commente, et également les lettres qu’il envoie et reçoit, de Robert Lafont, de Max Rouquette, de Bachelard à l’occasion, de divers correspondants parisiens et de Félix Castan. Quelques lettres sont glissées entre les pages des cahiers, dont deux de Castan, mais l’essentiel de ce dont nous allons traiter représente une correspondance complète de 10 longues lettres recopiées1 dans le troisième cahier coté ESP01/3/8, échangées de juillet à décembre 1950 entre Castan et Espieux.

Le contexte

Espieux a été chargé en 1949 par Ismaël Girard2 de la « direction littéraire3 » de la collection Messatges. Dans le numéro 176 d’avril 1950, en troisième de couverture, on trouve, pour la première fois, l’encart « Oc publica la colleccion poetica Messatges, jos la direccion d’Enric Espieux » [Oc publie la collection poétique Messatges, sous la direction d’Henri Espieux] qui sera ainsi formulé dans la revue jusqu’en 19584. Il ne fait pas de doute que Félix Castan, directeur en chef de la dixième série d’Oc depuis 1948, a approuvé sinon suscité le choix de Girard, qui est directeur-gérant de la revue, propriétaire légal du titre. Espieux s’est signalé non seulement comme poète – il vient de publier Telaranha, son premier recueil, n° 7 de Messatges – mais surtout comme critique de la nouvelle génération, en particulier par un long article sur l’Anthologie de Lesfargues et Lafont au Triton Bleu5 (Oc 171, genièr 1949, p. 32-40). Cet article marque un nouveau souffle, donne à sentir l’élan impulsé par Nelli et Rouquette sur « lo sang, la carn e li cants dau jovent » [Le sang, la chair et les chants de la jeunesse] : Manciet, Allier, Lesfargues, Delavouët, Xurigera, Lagarde, Mouzat, Delfin Dario, Camproux, Lafont, Castan... Espieux souligne la nouveauté et l’ancienneté de la poésie de résistance en se référant aussi bien à « La ronda dels morts » de Louisa Paulin, qu’à Guernica de Picasso et à toute une tradition depuis la « Canson del Lavador6 » de Marcabru. Il donne une vision à la fois enthousiaste, historique et maîtrisée du paysage poétique qui ne pouvait qu’agréer à Castan, lequel a d’ailleurs fait toute sa place dans Oc à Espieux poète et critique, y compris dans ce qu’il a appelé le « numéro de la paix » : Oc 174, octobre 1949. Espieux qui a adhéré au CNE (comité national des écrivains7) n’est ni communiste ni ‘compagnon de route’. Il développe dans « Lo veu dau temple » p. 13-19 la fresque historico-poétique d’une Occitanie idéale, sur laquelle sont passées « li barbarias e mai li civilisacions » [Les barbaries et les civilisations], une Occitanie faite de la chair des hommes et non des institutions, qui a connu une évolution cyclique à laquelle ne s’applique aucune doctrine, ni le nationalisme romantique ni le marxisme. Sa vision de la paix est un vitalisme ardent8 qui va nourrir toute sa poésie à venir (Sirventès, Jòi e Jovent, La nuech lònga…).

La correspondance que Castan entretient avec Espieux prolonge sur un plan privé les débats d’idées et les discussions sur l’orientation littéraire de Messatges et de la renaissance d’oc.

Lectures croisées

Ce moment de la correspondance entre Castan et Espieux se situe dans un réseau de correspondance intense dont nous n’avons pas toutes les données, mais dont nous commençons à apprécier l’importance. Correspondance militante et littéraire. Lettres et poèmes circulent entre Castan, Lafont, Rouquette9, Lesfargues, Espieux, Mouzat, Girard, Nelli, et les lectures croisées des œuvres en gestation font le soubassement des publications à venir.

Dans Lo libre de memorias, entre les lettres copiées s’intercalent des poèmes, dont le thème est souvent en relation avec le contenu de la discussion, comme si pour Espieux la fébrilité de la lettre débordait sur le poème, ou encore par mimétisme. Ainsi de « Poble » dont je me suis demandé s’il était d’Espieux ou de Castan, tant il est d’inspiration castanienne10 avant de le voir publié dans Oc 180 d’avril 1951, p.13-14, avec « Ligam » et « Corona ». Ainsi que « Gramatica occitana » dans Oc 182 d’octobre 1951 p. 10-11. Il semble que ces poèmes, et plusieurs autres11, n’aient pas été associés à l’envoi des lettres sans quelque arrière-pensée opportuniste, comme par exemple pour « Patz » Oc 178, d’octobre 1950, p. 5, dont Espieux se vantera plus tard (24 août 1962) à Robert Lafont :

Dans le temps du « Mouvement pour la paix », j’envoie un poème à Castan. Titre ? J’hésite. Je souris. Je choisis « Patz ». J’ai gagné mon pari. Publication sur l’heure.

Plus sérieusement, Espieux répond aux questions sur « lo biais d’escriure » ou sur les dictionnaires qui sont posées par Castan dans Oc12 :

Soventes cops, dins ma poesia, parte d’un image iniciau, d’un image de ma Provença aguda e dolenta… Autres cops, lo poèma es concebut coma somi a partir d’un mot.

[Souvent, dans ma poésie, je pars d’une image initiale, d’une image de ma Provence déchirante et douloureuse… D’autres fois, le poème est conçu comme un songe à partir d’un mot.]

Et ce sont de belles analyses d’une poétique en construction.

Castan écrivait à Lafont en 194713 que la poésie d’Espieux lui semblait un peu légère et mal structurée et il ne manque pas de le corriger à l’occasion. À propos d’une prose poétique qu’il appelle « Costiera14 » et qui ne lui plaît pas, il veut bien la publier, dit-il, dans la lettre du 22 juillet 1950, mais en supprimant les deux premiers paragraphes, inutiles parce que trop abstraits. Et voici l’occasion d’une leçon sur ce que doit être une écriture « occitaniste » :

Ai remarcat, i pos anar veire, que jamai dins las òbras dels autors occitanistas una pensada abstracha s’exprimis per ela-meteissa […] mas que tot es acte e que tot s’ajoata a un imperatiu concret en acte, que ço exprimit es un complexe de vida « en situacion ».

[J’ai remarqué, tu peux aller y voir, que jamais dans les œuvres des auteurs occitanistes une pensée abstraite ne s’exprime par elle-même […] mais que tout est acte et que tout est attaché à un impératif concret en acte, que ce qui est exprimé est un complexe de vie « en situation ».]

Castan lui-même a réuni des poèmes écrits depuis 1943 en un recueil15 sur le titre duquel il hésite encore, et la publication en est dorénavant soumise à Espieux. Le 10 avril 1950, il dit travailler à la traduction et annonce l’envoi du manuscrit pour juin, après relecture par Girard. La réponse d’Espieux, dans l’été, n’est pas claire. Castan lui demande : « Ai pas compres a travers ta letra enigmatica s’eras finalament per publicar mos poèmas coma son o non. » [Je n’ai pas compris à travers ta lettre énigmatique si tu étais finalement d’accord pour publier mes poèmes tels qu’ils sont ou non.]

Espieux s’exécute donc, le 4 septembre, sans complaisance : « Tos poèmas son beus » [Tes poèmes sont beaux], dit-il, et il loue « la puresa dels tieus images » [la pureté de tes images] mais le poème sur l’anniversaire de Staline ne passe pas. Il manque de souffle : « En ton pitre i a pas qu’un respir e res mai. Veiràs quauque jorn lo flume dau vent s’engolir dins ta garganta » [Dans ta poitrine il n'y a qu'une respiration et rien d'autre. Tu verras quelque jour le fleuve du vent s'engouffrer dans ta gorge]. Et dans une lettre suivante, il va plus loin :

Ara se vols d’explicas mai precisas, vese pas coma un comunista pou escriure « disi lo mot d’America amb odi » e parlar puei de « sens de l’umanitat » e exclure « aqueles pobles que son pas encara uroses » Tala proposicion es anticomunista, antioccitanista, antiumana. Siai clar ?

[Maintenant si tu veux des explications plus précises, je ne vois pas comment un communiste peut écrire « je prononce avec haine le mot d’Amérique » et ensuite parler de « sens de l’humanité » et exclure « ces peuples qui ne sont pas encore heureux ». Une telle proposition est anticommuniste, antioccitaniste, antihumaine. Suis-je clair ?]

Castan répond avec agacement :

Vols de tota força discutir politicament. Pensavi que caliá pas èsser plan fin en legissent mon poema per veire que fasiai una diferença entre los comunistas americans e lo poble pacific dels USA d’una part, e de l’autra lors jutges e lors governants, los uns part de l’unitat umana e los autres diviseires e enemics de l’umanitat e que comprendrián sens mai de doctrina qu’aquela sentida de l’unitat justificava la conclusion « ne soi enemic ». Pr’aquò daissa me se vols lo suenh de jutjar de ço qu’es comunista e anticomunista.

[Tu veux à toute force discuter politiquement. Je pensais qu’il ne fallait pas être bien malin en lisant mon poème pour voir que je faisais une différence entre les communistes américains et le peuple pacifique des USA d’une part, et de l’autre leurs juges et leurs gouvernants, les uns faisant partie de l’unité humaine et les autres diviseurs et ennemis de l’humanité et qu’on comprendrait sans faire de doctrine que ce sentiment de l’unité justifiait la conclusion : « j’en suis ennemi ». Mais laisse-moi, si tu veux bien, le soin de juger ce qui est communiste et anticommuniste.]

L’échange aura tout de même servi à préciser l’ordre chronologique des poèmes et à fixer le titre du recueil :

Una remarca tia sus mos poemas « que son totes de campestre » fa que tornarai a la primièra forma de mon titol : De campestre, d’amor e de guerra, que donarà la bona perspectiva.

[Une remarque que tu as faite sur mes poèmes « qui sont tous sur la nature » m’incite à revenir à la première forme de mon titre : De nature, d’amour et de guerre, ce qui donnera la bonne perspective.]

Espieux enregistre :

Note lo novel titol deu tieu reculh. Aponde a ton manuscrit : Militant e La mina. Espere tas traduccions. E mai lo poema promes dins ta letra mas que i era pas.

[Je note le nouveau titre de ton recueil. J’ajoute à ton manuscrit : Militant et La mine. J’attends tes traductions. Et puis le poème promis dans ta lettre mais qui n’y était pas.]

Argumentaires

C’est un point commun à Castan et à Espieux, d’aimer le débat d’idées, sa rhétorique, voire sa phraséologie, ses références savantes, ses ouvertures philosophiques. Penser le monde, l’écrire, orienter l’action. Idéalisme d’Espieux que Castan traite de « fantasierós », matérialisme dialectique de Castan.

L’un et l’autre recherchent des appuis théoriques à l’écriture comme à la critique. Tous deux puisent de nombreuses réflexions dans la lecture de Nelli qui vient de publier : « Poésie ouverte et fermée ». Espieux se nourrit de Bachelard, Nietzche et la psychanalyse. Castan de la pensée marxiste, Marx, Lukacs, Croce mais aussi des théoriciens de l’art comme Focillon ou Eugèni d’Ors, auteurs qu’il a découverts dans l’été 1950. On voit à l’œuvre dans la lettre écrite en réponse à celle d’Espieux du 29 septembre l’inclination de Castan pour la synthèse en matière d’esthétique :

Me sembla que i a aqui un monde en formación d’esteticians, un monde esparpalhat qu’a pas encara trobat son unitat de metode, ni mai clarament definit son domeni. Arriban d’orizonts diverses, istoria de l’art (Focillon), fisica cresi amb Bachelard, politica etc… e son caracterizats per una volontat d’arrancar a la filosofia un sector que n’era pas estat encara destacat e que pr’aquò a una materia concreta d’analisi que li pot assegurar una autonomia.

[Il me semble qu’il y a là un monde en formation d’esthéticiens, un monde éparpillé qui n’a pas encore trouvé son unité de méthode, ni bien clairement défini son domaine. Ils arrivent d’horizons divers, de l’histoire de l’art (Focillon), de la physique, je crois, avec Bachelard, politique etc… et ils sont caractérisés par une volonté d’arracher à la philosophie un secteur qui n’en était pas encore détaché et qui pourtant aune matière concrète d’analyse qui peut lui assurer une autonomie.]

S’il refuse la discussion proprement politique avec Espieux à qui il dit : « ai pas la cresença de te far dintrar al partit » [Je n’ai pas la conviction de te faire entrer au parti], Castan a toutefois l’ambition de lui remettre les pieds sur terre :

Sem totjorn amb un pe dins l’eternal o dos. Nos cal aprene de partir de la realitat relativa, d’aver los uelhs clar pausats sus las causas que son e passan, de viure dins lo rodal del solelh de cada jorn. […] Occitanisme portaire d’un mond, mas que se destosca a travers los eveniments non pas en fòra d’eles, a travers la materia del mond.

[Nous sommes toujours avec un pied dans l’éternel ou deux. Il nous fait apprendre à partir de la réalité relative, à avoir les yeux clairement posés sur les choses comme elles sont et comme elles passent, à vivre dans le chemin du soleil de chaque jour […] Occitanisme porteur d’un monde, mais qui se découvre à travers les événements et non pas en dehors d’eux, à travers la matière du monde.]

Il faut appréhender les événements à la lumière de la raison : « penetrar los eveniments d’una lutz que ne fa veire lo sens e la finalitat16» [pénétrer les événements d’une lumière qui en fait voir le sens et la finalité]. L’humanisme c’est d’abord, dit-il, se saisir concrètement du monde concret : « Devem agantar dins son fons nostre mond amb una arpa poderosa. » [Nous devons saisir en profondeur notre monde d’une puissante griffe].

Espieux n’est pas convaincu par ce réalisme et ce rationalisme. Il a une faiblesse avouée pour l’abstraction, étant donné que « Tota nocion abstracha a per apeon un monde d’images, un monde affectiu, un monde de carn… » [Toute notion abstraite a pour fondement un monde d’images, un monde affectif, un monde de chair].

Et il revendique la puissance de l’utopie – dans laquelle d’ailleurs il range le communisme –. À la phrase de Castan : « Vivem pas dins un monde d’ensomis » [Nous ne vivons pas dans un monde de songes], il répond :

Vivem dins un monde de somis, dins lo monde de nostres somis particulars, e dins lo monde de nostres somis collectius […] L’acción es causida e mesa en actes d’un somi poderós e somiat poderosament17.

[Nous vivons dans un monde de songes, dans le monde de nos songes particuliers et dans le monde de nos songes collectifs […] L’action est choix et mise en acte d’un songe puissant et puissamment pensé.]

Principes d’action

Castan n’entend pas laisser son correspondant s’enliser dans l’affrontement d’humeur ni dans le débat d’idées. Il l’oriente de la manière pédagogique et avec la force de conviction qu’on lui a connues vers les exigences de l’occitanisme en formation.

Le désaccord particulier qu’ils ont sur la poésie ? Il faut y voir un problème plus large de direction, et définir ce qu’est une direction littéraire :

Fas una critica de contengut d’un recuelh poetic e declaras : es pas publicador dins ma colleccion, ieu n’essent director. As rasón de far una critica de contengut e pas solament de forma. Mas cal tenir compte pr’aquò qu’un recuelh apartén a son autor e que se la linha d’una collección va contra la consciència d’aquel autor, la linha de la colleccion es marrida. As rasón de la bandir. Cossi donc definir una linha condrecha ?
Torni als problemas qu’aviai ensajat d’enairar al moment que fogueres designat per dirigir la colleccion. Es un problema comun d’Oc e de Messatges, es lo problema de l’orientación literària
18.

[Tu fais une critique de contenu d’un recueil poétique et tu déclares : il n’est pas publiable dans ma collection, si j’en suis directeur. Tu as raison de faire une critique de contenu et pas seulement de forme. Mais il faut tenir compte cependant qu’un recueil appartient à son auteur et que si la ligne d’une collection va contre la conscience de cet auteur, la ligne de la collection est mauvaise. Tu as raison de la bannir. Comment donc définir une bonne ligne ?
Je reviens aux problèmes que j’avais essayé de soulever au moment où tu as été désigné directeur de la collection. C’est un problème commun à Oc et à Messatges, c’est le problème de l’orientation littéraire.]

Castan est l’homme de « l’orientation ». Ses articles de tête dans Oc s’appellent « Orientacions » (Girard et Lafont font de même), mais ce sont souvent, avec sa patte, des rapports d’assemblées générales. Orienter, donner à penser, mais pas donner la ligne. Il sait provoquer le débat à l’intérieur de la revue, comme celui né de l’article de Roger Barthe « La branca dels aucèls19 » qui a fait polémique et suscité une réflexion collective approfondie au cours de laquelle s’est profilée une politique de la langue de l’IEO.

Bref, il rappelle à Espieux que sa direction ne doit pas être individuelle mais que des règles de travail en commun sont à définir. Messatges ne peut être un simple bureau administratif, mais il doit avoir une ligne esthétique, non pas certes une « harmonie préétablie » qui serait stérile, dit Castan, mais un accord sur des principes. Il avance deux grands principes :

- Le principe de modernité. Prendre en compte l’état des recherches dans tous les domaines, en sciences humaines, en pédagogie, en littérature, en linguistique. C’est la mission assignée à l’IEO pour une vraie renaissance de l’occitanisme.

- Le principe de diversité :

Cada initiativa d’Oc, de Messatges, de Prosa leva d’interrogacions dins la diversitat. La diversitat es la lei ; es una condicion de l’interés de nostra vida literaria, e mai de l’interacción d’Oc e de las colleccions.

Chaque initiative d’Oc, de Messatges, de Prosa soulève des interrogations dans la diversité. La diversité est la loi ; c’est une condition de l’intérêt de notre vie littéraire, et aussi de l’interaction d’Oc et des collections.

Déjà, dans Oc 170 d’octobre 1948, p. 30-32, Lafont abordait la question à propos de la prose d’oc. Il avait remarqué que dans L’Ase Negre, il y avait autant de proses d’oc que de collaborateurs, mais avait fait l’expérience d’un enrichissement conscient ou inconscient des uns par les autres finissant par créer un langage moyen, un moule dans lequel chacun verse son propre métal.

Castan veut partir de la diversité pour élaborer les principes d’une esthétique commune :

Pr’aquò al dela de l’estetica de cadun e de totes se pot, ço me sembla, pausar en principi qu’existis, se mou e se pou definir a cada estapa de la creación comuna una estetica occitanista que deu aparéisser a la lutz conscienta.

[Pourtant au-delà de l’esthétique de tous et de chacun, on peut, me semble-t-il, poser le principe qu’existe, que se meut et que se peut définir à chaque étape de la création commune une esthétique occitaniste qui doit apparaître à la lumière consciente.]

Il fait remarquer que la nouvelle poésie d’oc diffère de la poésie contemporaine sur un point au moins, mais essentiel, qui fait sa cohésion :

una cohesion que ven de sa foncion renaissentista, de son indiferencia per la creación gratuita. Representa sempre una consciència en camin cap a un avenidor uman.

[Une cohésion qui vient de sa fonction renaissantiste, de son indifférence pour la création gratuite. Elle représente toujours une conscience en route vers un avenir humain.]

Espieux approuve, même s’il trouve que Castan ne met pas assez en avant la réalité même de la langue, « lo poder explosiu de nostra lenga » [Le pouvoir explosif de notre langue] et le fait que la clé de la langue et donc de la conscience d’oc se trouve dans le poème, que c’est le poème qui exprime « l’immens inconscient collectiu del poble d’oc » [l’immense inconscient collectif du peuple d’oc].

Dans une autre lettre (octobre 1950) Castan établit à nouveau comme principes « la diversitat fondamentala irreductibla » [la diversité fondamentale irréductible], ainsi que « la vertut organisatritz de la pensada, del moviment de las idèas » [la vertu organisatrice de la pensée, du mouvement des idées]. Et il avance des formules propres à séduire l’ombrageux Espieux : « Considerarem tota pensada dins una perspectiva concreta e tot fach dins una perspectiva teorica » [Nous considérerons toute pensée dans une perspective concrète et tout fait dans une perspective théorique]. Soit le B A BA du matérialisme dialectique. Ou formulé autrement :

Elaborar una estetica, aquò’s dirigir Messatges. Messatges de la realitat occitanista non pas Messatges de personalitats.

[Élaborer une esthétique, c’est diriger Messatges. Messatges de la réalité occitaniste et non Messatges de personnalités.]

Il a recours à la métaphore du foyer :

Messatges, una mena de fuoc central, de brasas que las belugas ne devon gisclar e que devon testimoniar d’una vida multipla que vol nàisser e escandilhar.

[Messatges, une sorte de feu central, de braises d’où les étincelles doivent jaillir et témoigner d’une vie multiple qui veut naître et rayonner.]

Dès lors, Espieux est convaincu : « Ara i vesem mai clar e nostras idèas son en trin de confluir » [Maintenant nous y voyons plus clair et nos idées sont en train de confluer]. Dans le rapport qu’il prépare, les idées de Castan sont présentes, à peine reformulées parfois20. Le 26 novembre 1950, Castan le félicite :

Lo text que nos as mandat es la conclusion perfiecha de nostre escambi d’idèas e lo perfiech portissón de la cronica prevista. Pareis aqueste trimestre. Sem del tot d’acordi.

[Le texte que tu nous as envoyé est la parfaite conclusion de notre échange d’idées et le parfait portail de la chronique prévue. Il paraît ce trimestre. Nous sommes entièrement d’accord.]

La suite de la correspondance sera publique, dit Castan : « Nostra conversa se tornarà amodar segon las endevenenças de la cronica ». [Notre conversation reprendra son cours selon l’évolution de la chronique].

La chronique c’est celle qu’Espieux a accepté de tenir dans Oc et qui aura pour titre « Messatges », chronique de la vie de la collection. Il y en aura huit, de 1951 à 1955 21de thèmes et de styles très différents.

La première est très consensuelle, un peu exaltée (Oc 179, janvier 1951, p. 29-33). C’est le rapport que Castan a approuvé, dont il est l’inspirateur. Espieux annonce la publication d’une plaquette par trimestre22 et la création d’une collection annexe pour les « obras mestras » appelée Obras.

L’idée maîtresse est le sérieux avec lequel il faut considérer la poésie occitane qui, plus que toute autre, doit s’éloigner du dilettantisme, rechercher la lumière dans la forêt obscure du monde et affirmer : « la plaça dau poëta dins la ciutat, pels camps, dins nostres temps » [la place du poète dans la cité, aux champs, dans les temps que nous vivons].

La seconde, sur la critique – sur la nullité de la critique occitane – sera au contraire d’une virulence telle que Castan devra répondre en modérateur. Mais cela fera l’objet d’un colloque à venir.

Épilogue

Il y a un épilogue à cette correspondance. Et plutôt déplaisant.

De campèstre, d’amor e de guèrra a donc été publié dans Messatges au début de 1951. Castan a ajouté une page d’avant-propos, sans titre, qui commence ainsi :

Segon lo convit del director de la colleccion Messatges, dins sa cronica del n° d’Oc de genièr de 1951, benleu serà pus clar se disi per de qué publiqui aqueles poèmas encura de per de qué los ai escriches, qu’aquò o sabi pas tan plan.

[Répondant à l’invitation du directeur de la collection Messatges dans sa chronique du n° d’Oc de janvier 1951, il sera peut-être plus clair que je dise pourquoi je publie ces poèmes parce que je ne sais pas vraiment dire pourquoi je les ai écrits.]

Le coup de chapeau au directeur n’est pas une pratique courante, mais c’est une façon de l’adouber. Il explique ensuite qu’il livre ses poèmes au public non par ambition d’auteur mais « per onestetat » [par honnêteté], mettant l’accent sur la conception du monde que cette poésie veut exprimer.

Premier impératif, ne pas se taire, mais mêler sa voix aux voix du monde : « abarrejar ma votz tala coma es a la consciéncia cantaira dels pòbles arborats per lor drech de viure » [mêler ma voix telle qu’elle est à la conscience et au chant des peuples qui se lèvent pour avoir le droit de vivre.]

Second impératif : porter sa pierre à la littérature d’oc « realitat concreta de la consciéncia d’oc » [réalité concrète de la conscience d’oc] qui doit trouver son chemin dans les voies du progrès humain.

Castan conclut avec une certaine emphase – mais avec clarté – par ce qui est sa conception profonde de l’occitanisme :

Nòstre pòble a pas de cara istorica mas una cara de natura, arbora la votz de sa lenga per far clantir lo sòmi fons de la raça dels òmes, lo sòmi d’armonia terrenala.

[Notre peuple n’a pas de visage historique mais un visage de nature, il élève la voix de sa langue pour exprimer le rêve profond de la race des hommes, le rêve d’harmonie terrienne.]

On entend bien dans ces phrases l’éloquence d’une époque – une époque brève, mais intense pour la création – particulièrement des intellectuels marxistes du « Mouvement de la Paix », et ici elle exprime l’espoir que nourrit Castan depuis la Libération de faire entendre la voix de l’occitan dans le concert des voix qui s’élèvent. Moins un peuple qu’une langue.

Et la réception de cette préface vient deux ans après, mais avec violence. C’est Bernard Lesfargues qui fait la recension du recueil dans Oc 190, d’octobre 1953. Il attaque d’emblée la préface et accuse Castan de tromperie, voire de malhonnêteté, pour prétendre ne s’intéresser qu’à la portée sociale de ses poèmes et non à leur valeur proprement poétique. Castan n’est pas en trop mauvaise compagnie puisque Lesfargues assimile son recueil aux Poèmes politiques d’Eluard. C’est la poésie engagée qu’il attaque, visant indistinctement :

los poètas de la revolucion comunista, los poètas del nacional-socialisme, los poètas d’un pauc pertot e d’un pauc totas las revolucions23.

[les poètes de la révolution communiste, les poètes du national-socialisme, les poètes d’un peu partout et d’un peu toutes les révolutions.]

Le message occitan, écrit encore Lesfargues, ne doit pas être confondu avec quelque doctrine politique d’aujourd’hui ou de demain :

Los poèmas de Castan nos mòstran que Castan fai la confusion e vòl qu’òm la faga amb el. Son de poèmas que cantan pas.

[Les poèmes de Castan nous montrent que Castan fait la confusion et veut qu’on la fasse avec lui. Ce sont des poèmes qui ne chantent pas.]

Une note de Lafont (p. 36) suit ce compte rendu. Les problèmes posés par Lesfargues, dit-il, sont d’une importance capitale pour l’avenir de la poésie d’oc. Il ouvre une tribune de discussion dans le numéro suivant, en invitant ceux qui avaient abordé la question à l’AG de Montpellier de 1952 à se manifester.

Que penser de cette attaque en règle, concertée et qui sera prolongée24 ? Est-ce déjà une réaction au pouvoir de Castan à l’intérieur de l’IEO ? Le numéro 190 d’Oc fait suite aux deux numéros d’avril et de juillet 1953 qui publient le grand article de Castan sur « La grande génération de 1900 ».

On peut s’étonner, pour le moins, du délai qui sépare la parution de l’ouvrage et sa critique. Yves Toti, qui s’est posé la question, donne une réponse… piquante :

Le temps de latence de la critique occitane est quelquefois assez long mais tout se passe comme si la mort de Staline avait stimulé le goût de l’aggiornamento25.

Après la mort de Staline, Oc se fait l’écho de la polémique suscitée dans toute la presse par les œuvres de circonstances qu’il avait inspirées, comme l’Ode à Staline d’Éluard en 1950, l’hommage de Neruda, le portrait de Staline par Picasso dans Les Lettres Françaises du 12 mars 1953.

Nous nous éloignons des lettres à Espieux, mais pas tellement. En les relisant on peut dire que Castan a répondu par avance à ses détracteurs, animé d’une conviction solide et d’un désir d’associer l’action et la poésie, la foi et l’œuvre. Idéalisme castanien ?

1 Ces lettres étant recopiées par Henri Espieux, la graphie évolutive des lettres n’est pas vraiment celle que Castan utilisait à l’époque mais plutôt

2 Espieux écrit à Robert Lafont (s.d. 1950) : « Girard ven de me fisar la direccion literaria de Messatges. Aquela promocion amb ta nominacion au

3 Cette fonction est créée pour l’occasion. C’est le rédacteur en chef de Oc qui dirige la collection Messatges, en l’occurrence Félix Castan.

4 En 1959, l’encart sera remplacé par « sous la direction d’Henri Espieux et Bernard Manciet ». Il ne paraîtra plus en 1960, date de la rupture d’

5 La jeune poésie occitane B. A. Lesfargues e R. Lafont (Le Triton Bleu, Paris 1946).

6 Espieux reprendra le titre.

7 Cf. Colloque : Le manuscrit du poème, Claire Torreilles : « Telaranha d’Enric Espieux (1923 - 1971). L’espèra de l’alba », en ligne sur Campus -

8 « La determinacciôn d’aquela doctrina que fins ara “n’i a pas cap sul papier” e que n’es pasmens viva e vertadiera, dins la vida dau mond, dins la

9 Sur les lettres échangées entre Max Rouquette et Henri Espieux dans la même période, voir : Claire Torreilles, « Max Rouquette à Henri Espieux.

10 Espieux admire en particulier, et à juste titre : « Lo biais del poble » publié dans Oc 175, janvier 1950, p. 14-18.

11 « Còr », « Prega », « Auba », « Corona », « Esconjur », « Ondadas », « Vèspre nòstre »…

12 Oc n° 178, octobre 1950.

13 Lettre du 22 novembre 1947 « Los poemas d’Espieux son fort prometeires : ço que lor mancariá es un bocin mai de construcción, d’arquitectura e d’

14 Espieux l’appelle : « Codon », datée du 25 mars 1950.

15 Quelques notes sur De campèstre, damor e de guèrra de Félix CASTAN, (Texte publié dans ce numéro : http://pre.edinum.org/plumas/153).

16 Lettre du 9 août 1950.

17 Lettre du 29 septembre 1950.

18 Lettre du 9 août 1950.

19 Oc n°172, avril de 1949. R. Barthe. « La branca dels aucèls », p. 37-50.

20 Il termine d’ailleurs sa première présentation de Messatges dans Oc 179 (genièr de 1951, p. 34) en citant explicitement Castan : « Al delà de l’

21 Les huit articles de la rubrique « Messatges » dans Oc traitent respectivement de la poésie de Messatges (n°179, genièr de 1951), des traités d’

22 Annonce intenable. Sur les quatre titres annoncés en 1951, il n’en publie que trois : Max Allier, A la raja dau temps ; Pierre Rouquette, Secret

23 Réponse de Castan in Oc 191, janvier 1954, p. 34.

24 Lafont, Oc 191, janvier 1954, p. 36.

25 Yves Toti, Oc, « Pèlerin de l’absolu », Éditions de la Revue Oc, 1996, p. 216.

1 Ces lettres étant recopiées par Henri Espieux, la graphie évolutive des lettres n’est pas vraiment celle que Castan utilisait à l’époque mais plutôt celle d’Espieux.

2 Espieux écrit à Robert Lafont (s.d. 1950) : « Girard ven de me fisar la direccion literaria de Messatges. Aquela promocion amb ta nominacion au secretariat generau fa dintrar de Provençaus dins l’IEO » [Girard vient de me confier la direction littéraire de Messatges. Cette promotion et ta nomination au secrétariat général font entrer des Provençaux dans l’IEO]. Lafont est élu secrétaire général à l’assemblée générale de l’IEO du 2 avril 1950 à Montpellier.

3 Cette fonction est créée pour l’occasion. C’est le rédacteur en chef de Oc qui dirige la collection Messatges, en l’occurrence Félix Castan.

4 En 1959, l’encart sera remplacé par « sous la direction d’Henri Espieux et Bernard Manciet ». Il ne paraîtra plus en 1960, date de la rupture d’Espieux avec Messatges. Les « ours » des numéros 8 à 25 de la série Quasèrns, ainsi que les « acabats d’imprimir » de la série Òbras (n° 1 à 4) portent également le nom d’Espieux comme « directeur littéraire ». Voir : Claire Torreilles, « Henri Espieux, directeur littéraire de Messatges de 1950 à 1960 », Journée d’études Messatges du 27 janvier 2018. (Texte également publié dans ce numéro :  http://pre.edinum.org/plumas/248).

5 La jeune poésie occitane B. A. Lesfargues e R. Lafont (Le Triton Bleu, Paris 1946).

6 Espieux reprendra le titre.

7 Cf. Colloque : Le manuscrit du poème, Claire Torreilles : « Telaranha d’Enric Espieux (1923 - 1971). L’espèra de l’alba », en ligne sur Campus - Occitanica du CIRDOC : http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/17060. (Texte également repris et publié dans ce numéro : https://pre.edinum.org/plumas/302).

8 « La determinacciôn d’aquela doctrina que fins ara “n’i a pas cap sul papier” e que n’es pasmens viva e vertadiera, dins la vida dau mond, dins la vida d’Occitania, dins nosta vida. » [La détermination de cette doctrine dont jusqu’à présent il n’y a aucune trace sur le papier et qui n’en est pas moins vivante et vraie, dans la vie du monde, dans la vie de l’Occitanie, dans notre vie.] Oc 174, oct. 1949, p.19.

9 Sur les lettres échangées entre Max Rouquette et Henri Espieux dans la même période, voir : Claire Torreilles, « Max Rouquette à Henri Espieux. Lettres à un jeune poète, 1947-1950 », Les Cahiers Max Rouquette n° 13, 2019 p. 57-65. (note 2021).

10 Espieux admire en particulier, et à juste titre : « Lo biais del poble » publié dans Oc 175, janvier 1950, p. 14-18.

11 « Còr », « Prega », « Auba », « Corona », « Esconjur », « Ondadas », « Vèspre nòstre »…

12 Oc n° 178, octobre 1950.

13 Lettre du 22 novembre 1947 « Los poemas d’Espieux son fort prometeires : ço que lor mancariá es un bocin mai de construcción, d’arquitectura e d’atmosfer. Trop de polits detalhs, me sembla. » [Les poèmes d’Espieux sont fort prometteurs : ce qui leur manquerait c’est un peu plus de construction, d’architecture et d’atmosphère. Trop de jolis détails, me semble-t-il].

14 Espieux l’appelle : « Codon », datée du 25 mars 1950.

15 Quelques notes sur De campèstre, damor e de guèrra de Félix CASTAN, (Texte publié dans ce numéro : http://pre.edinum.org/plumas/153).

16 Lettre du 9 août 1950.

17 Lettre du 29 septembre 1950.

18 Lettre du 9 août 1950.

19 Oc n°172, avril de 1949. R. Barthe. « La branca dels aucèls », p. 37-50.

20 Il termine d’ailleurs sa première présentation de Messatges dans Oc 179 (genièr de 1951, p. 34) en citant explicitement Castan : « Al delà de l’estetica de cadun, e de totes, se pòt, çò me sembla, pausar en principi qu’existis, se mòu e se pòt definir a cada estapa de la creacion comuna una estetica occitanista que deu aparéisser a la lutz conscienta. » [Au-delà de l’esthétique de chacun et de tous, on peut, me semble-t-il, poser en principe qu’il existe, évolue et peut se définir à chaque étape de la création commune une esthétique occitaniste qui doit apparaître consciemment à la lumière.]

21 Les huit articles de la rubrique « Messatges » dans Oc traitent respectivement de la poésie de Messatges (n°179, genièr de 1951), des traités d’esthétique (n° 181, julh de 1951), de l’inconscient dans la poésie (n°182, octobre de 1951), des séries de la collection Messatges (n°184, avril de 1952), de la critique (n° 186, octòbre de 1952), de René Nelli (n°189, julh de 1953). Les deux derniers sont des poèmes en prose : « Dins la nuech » (n°194 d’octòbre de 1954) et « La sau dau desèrt » (n°196, prima de 1955).

22 Annonce intenable. Sur les quatre titres annoncés en 1951, il n’en publie que trois : Max Allier, A la raja dau temps ; Pierre Rouquette, Secret del temps ; Felix Castan, De campèstre, d’amor e de guèrra. Cap de l’aiga de Bernard Lesfargues est publié en 1952.

23 Réponse de Castan in Oc 191, janvier 1954, p. 34.

24 Lafont, Oc 191, janvier 1954, p. 36.

25 Yves Toti, Oc, « Pèlerin de l’absolu », Éditions de la Revue Oc, 1996, p. 216.

Claire Torreilles

Chercheuse associée, Univ Paul Valéry Montpellier 3, ReSO EA 4582, F34000, Montpellier, France

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