Joan Ganhaire, diversité des genres et unité de l’œuvre

Aqueste apèl foguèt mandat en 2023 per nòstra amiga e collaboratritz Fabienne Garnerin, que moriguèt brutalament en març de la mema annada. Anam donc reprene son trabalh per lo numèro 6 de Plumas en omenatge doble a Fabienne, autora d’una tèsi magistrala sus Joan Ganhaire e al quite Ganhaire, un dels autors occitans contemporanèus mai originals.

Cet appel a été publié en 2023 par notre amie et collaboratrice Fabienne Garnerin, qui nous a quittés brutalement en mars de la même année. Nous allons reprendre son travail pour le numéro 6 de Plumas en hommage double à Fabienne, autrice d’une thèse magistrale sus Jean Ganiayre et bien sûr à Ganiayre, un des plus originaux auteurs occitans contemporains.

Jean Ganiayre [Joan Ganhaire en occitan], écrivain en occitan limousin, s’est essayé dès ses premiers écrits à des genres littéraires multiples. Maître dans l’art de la nouvelle, il compose à ses débuts des textes fantastiques, mais aussi des textes humoristiques, qui paraîtront dans différentes revues avant d’être publiés en volume. Les romans viendront ensuite, roman fantastique avec Lo Darrier daus Lobaterras, puis romans de cape et d’épée avec Dau Vent dins las Plumas et Las Islas jos lo Sang. C’est à partir des années 2000 qu’il se lance dans l’écriture de ce qui deviendra l’une de ses spécialités, le roman policier, avec la création d’un personnage-culte, le commissaire Darnaudguilhem. En parallèle, Joan Ganhaire continue à écrire régulièrement d’autres nouvelles de genres variés, soit en volume, soit dans la revue Paraulas de Novelum. Son dernier recueil, publié fin 2021, est consacré aux Enquestas de pas creire d’un commissaire de police qui n’en est plus un, le Comte Gaëtan Caüsac daus Ombradors.

Cette œuvre multiforme est sous-tendue par des lignes de force constantes qui jusqu’à aujourd’hui n’ont été que partiellement mises en évidence. La revue Plumas se propose d’en faire une étude plus approfondie, dans laquelle divers points de vue sur l’œuvre pourraient être présentés. En indiquant de nouvelles possibilités d’interprétation des textes, cette diversité des approches permettra d’enrichir la connaissance de ce très grand écrivain contemporain.

Nous suggérons ici aux auteurs divers axes d’étude qui bien entendu n’ont rien d’exclusif :

L’environnement, le paysage

Tout d’abord ce qui dans l’œuvre ressort des domaines de l’observation, de l’interprétation, voire de la transfiguration d’un environnement auquel l’auteur est particulièrement sensible, et par exemple : la présence dans l’œuvre de paysages emblématiques ; le rapport spécifique de l’écrivain au vivant, bêtes et plantes ; son rapport à la vie et à la mort, chez lui intimement liées, mais aussi son rapport à l’enfance, ainsi que son rapport au temps et à la mémoire ; les analyses sociologiques que proposent aussi bien les nouvelles que les romans policiers ; mais aussi la possibilité d’apparition, dans la réalité, d’univers oniriques et inquiétants, etc…

La position de l’écrivain

Un second axe structuré autour de la position que l’écrivain décide d’occuper lorsqu’il se met à écrire, notamment le choix récurrent de donner la voix à des laissés pour compte, à des marginaux, ou de les mettre en scène. De même l’exploration des thématiques du secret et de la transgression, suivie ou non de culpabilité, est chez lui constante, à travers les personnages et les histoires qu’il présente, mais aussi à travers les genres littéraires qu’il aborde et bien sûr à travers la langue, « lenga maudicha », dans laquelle il s’exprime. L’humour noir et le goût du paradoxe si caractéristiques de Joan Ganhaire semblent relever, d’une certaine façon, de cette nécessité d’enfreindre les règles. Mais pourquoi ce positionnement, et que permet-il de dire ?

Les genres littéraires

Un troisième axe pourrait concerner des études spécifiques de l’art de l’écrivain dans les différents genres qu’il aborde : la structuration des nouvelles et des récits courts dans lesquels il est passé maître ; la spécificité de ses romans de cape et d’épée, jusqu’ici uniques dans la littérature occitane contemporaine ; mais aussi sa place particulière parmi les auteurs fantastiques et les auteurs de romans policiers, et ce que lui permettent ces genres. Des études peuvent aussi être menées sur la langue/les langues qu’emploie Joan Ganhaire : rythme et construction des phrases, écriture recherchée ou poétique, écriture proche de l’oralité, selon les narrateurs et le genre littéraire choisi, etc… On note également dans son œuvre une évolution progressive de la graphie qui reflète les efforts faits par les auteurs en occitan limousin pour arriver à un résultat satisfaisant : une étude linguistique pourrait s’attacher à la décrire et à l’expliquer.

Autres pistes

D’autres recherches enfin, plus biographiques, pourraient être consacrées aux engagements et aux valeurs de l’écrivain, par ailleurs médecin, mais aussi homme public dont l’action en faveur de la langue occitane est unanimement reconnue.

Responsables du dossier : Marie-Jeanne Verny et Sylvan Chabaud

Les propositions de contributions sont à adresser à : marie-jeanne.verny@univ-montp3.fr et sylvan.chabaud@univ-montp3.fr

Indications bibliographiques

La thèse de Fabienne Garnerin, Jean Ganhaire/Joan Ganhaire : entre rire et désespoir, un regard occitan sur l’humaine condition, propose une bibliographie de l’auteur ainsi qu’une liste de nombreux articles et études consacrés à l’écrivain, p. 610-611. (Thèse réalisée sous la direction de Marie-Jeanne Verny, Université Paul Valéry Montpellier III, décembre 2020, consultable sur https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03325888/document )

L’étude récente de Monica Longobardi à propos de Vautres que m’avetz tuada, roman policier de Joan Ganhaire publié en 2013, Voi che mi avete uccisa / Joan Ganhaire, introduzione, traduzione e note di Monica Longobardi, nota linguistica di Matteo Rivoira, VirtuosaMente, Arenzano, 2021, propose plusieurs autres références de très grand intérêt.

Consignes aux auteurs : Les consignes aux auteurs sont données sur le site de la revue : https://plumas.occitanica.eu/107

Calendrier

  • Réception des articles entre le 1er et le 30 mai 2024

  • Soumission au comité d’évaluation entre le 1er juin et le 30 juin 2024

  • Composition du numéro en juillet et août 2024

  • Relecture des épreuves en septembre-octobre 2024.

  • Parution du numéro : novembre 2024.