Quelques notes sur De campèstre, damor e de guèrra de Félix Castan

Marie-jeanne Verny

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Marie-jeanne Verny, « Quelques notes sur De campèstre, damor e de guèrra de Félix Castan », Plumas [Online], 1 | 2021, Online since 11 August 2021, connection on 07 October 2024. URL : https://plumas.occitanica.eu/153

Le recueil poétique de Félix Castan, De campèstre, d’amor e de guèrra » paru en 1951, alors que son auteur occupait de grandes responsabilités dans le cadre de l’édition occitane d’après-guerre, présente 24 poèmes dont la date d’écriture est systématiquement mentionnée. Il s’agit ici de mettre en perspective ce recueil par rapport aux circonstances intimes aussi bien que politiques qui en ont inspiré le contenu, puis d’étudier la place des trois termes du triptyque campèstre – amor – guèrra au fil des poèmes qui composent le recueil.

Lo recuelh poetic de Felix Castan, De campèstre, d’amor e de guèrra » paregut en 1951, mentre que son autor ocupava de responsabilitats grandas dins lo quadre de l’edicion occitana d’aprèp-guèrra, presenta 24 poèmas que la data d’escritura n’es sistematicament mencionada. S’agís aicí de metre en perspectiva aquel recuelh rapòrt a las circonstàncias intimas tan coma politicas qu’inspirèron son contengut, puèi d’estudiar la plaça dels tres tèrmes del triptic campèstre – amor – guèrra al fial dels poèmas que compausan lo recuelh.

Felix Castan’s first poetic collection, De campèstre, d’amor e de guèrra (Land, Love and War), published in 1951 while the author held important positions within the framework of post-war Occitan publishing, offers 24 poems whose date of composition is systematically mentioned. We seek to put this collection in perspective with the private and political circumstances which inspired its contents and then to study the place of the triptych « campèstre – amor – guèrra » (land, love, war) in the poems which make up the collection.

Ce onzième volume de la collection Messatges, dédicacé à Ismaël Girard, un des principaux responsables de lIEO1, paraît en 1951. Castan est alors rédacteur en chef de la revue Oc, depuis la renaissance de celle-ci sous la forme dun gros numéro manifeste daté 1946-1947-1948. Le livret est illustré en regard de la page de garde dun dessin de Marcelle Dulaut, qui était alors la compagne de Félix Castan2.

Page de garde de l’édition de 1951

Page de garde de l’édition de 1951

Dessin de Marcelle Dulaut

Les trois mots du titre que Castan traduit en français par « Devant la nature, lamour et la guerre » résument bien le contenu du recueil dont une des caractéristiques est que tous les poèmes quil contient – numérotés en chiffres romains – sont soigneusement datés sous la forme : jour – mois en chiffres romains – deux derniers chiffres de lannée3, révélant ainsi leur caractère de lien avec le vécu4. Deux exceptions à cette forme – qui ne démentent pas lintention – :

- Le premier poème est simplement daté « VII-1943 »
- Le poème XVII s’intitule « 21 DECEMBRE 1949 ». C’est donc le titre lui-même qui lui assure ce statut de poème de circonstance.

Plusieurs des poèmes du recueil font allusion à des événements historiques que Castan a traversés, liés à la guerre et à laprès-guerre, où se lisent ses engagements politiques. La datation des poèmes sinscrit dans lintervalle entre juillet 1943 et mai 1951. Au début des années 40, Castan avait découvert le marxisme auprès d’un enseignant, André Barrès, demeurant près de Bagnères-de-Bigorre, membre du PCF, qui professait un marxisme chrétien. En 1943, Castan est ouvrier agricole à Léribosc, commune de LHonor de Cos, dans le Tarn-et-Garonne. Auprès de son patron il participe à quelques actions de résistance. En 1944, il sengage dans la lutte armée et adhère au Parti Communiste. Son bataillon participe, en avril 1945, aux combats de la Pointe de Grave puis remonte vers Strasbourg où Castan est immobilisé pendant plusieurs mois par une grave maladie. La paix revenue, il est lun des cadres de loccitanisme naissant et le maître d’œuvre de la revue Oc, notamment du grand numéro triannuel, analysé dans ce même numéro de Plumas par Yan Lespoux. Cest en 1943 également que débute la correspondance de Castan avec Robert Lafont, conservée au CIRDOC.

Lensemble du volume est bilingue, et nous donnons ici les versions françaises originales.

Une première remarque, qui vaut certainement pour limmense majorité des brochures de la collection Messatges, du moins à ses débuts5 : le projet initial de Castan était infiniment plus volumineux que ce qui a été conservé dans l’édition. En effet, Anne Castan, fille du poète, nous a communiqué un « plan de publication », reproduit en annexe, dactylographié au début des années 90 par Betty Daël, compagne de Félix, sous le contrôle de celui-ci qui envisageait alors une édition de lensemble de son œuvre poétique. Ce document porte des marques manuscrites de la main de Félix Castan, notamment en dernière page la mention « 24 [qui renvoie au nombre de textes publiés] de Messatges ». Les titres des textes déjà édités sont marqués dune croix. Lensemble envisagé est ainsi présenté : « DE CAMPESTRE, DAMOR E DE GUERRA / Pensadas al còr / 124 tròbas / 160 pages ». On mesure l’écart considérable entre le projet tel quil est présenté (reconstitué ?) au début des années 1990 et les quelques 40 pages bilingues publiées sous le même titre en 1951. La découverte et l’étude des pièces manquantes apporterait un élément déterminant pour comprendre la genèse de l’œuvre et en analyser le contenu avant les choix impitoyables de l’édition, quelles quen soient les raisons, dont on devine quelles sont celles de tout éditeur, à la fois matérielles et esthétiques. Pour lheure, nous nous en tiendrons donc à ces quelques notes sur l’édition de 1951, à travers les trois éléments du triptyque annoncé par le titre, qui sont, bien évidemment, très souvent corrélés.

Un préambule-manifeste

Ce préambule fait allusion aux propos tenus par Enric Espieut, directeur de la collection Messatges6, dans la revue Oc (p. 29 – 33). Espieut exposait sa conception de la collection et posait des questions aux poètes quant à leurs choix d’écriture, dans un paragraphe intitulé « Natura de la poesia de Messatges » qui débutait ainsi :

Aquí se tracta den saber mai, e de ques aquela poesia que nos bandís Messatges, e sa natura. Crese ques als poètas de respondre. E vese volontiers durbir cada fascicle per unas regas que donaràn au legeire la clau – o una clau –daqueu trobar.

[Il s’agit là d’en savoir plus et de savoir ce qu’est cette poésie que nous propose Messatges, et la nature de celle-ci. Je crois que c’est aux poètes de répondre. Et je vois volontiers chaque fascicule ouvert par quelques lignes qui donneront au lecteur la clé – ou une clé – de ce trobar.]

Voici donc la réponse apportée par Castan :

Segon lo convit del director de la colleccion MESSATGES, dins sa cronica del n° d'OC de genièr de 1951 benleu serà pus clar se disi per de qué publiqui aquels poèmas encura de per de qué los ai escriches, qu'aquò o sabi pas tan plan.
La primièra rason es que m'agradariá pas de demorar mut e d'abarrejar pas ma votz tala coma es a la consciéncia cantaira dels pòbles arborats per lor drech de viure. L'imperatiu es escrich dins la còr d'un òme : metre de bon grat las sorgas de nòstra vida en societat amb totas las vidas qu'espelisson sus la tèrra, demèst las nacions e los continents.
Me sabi pas recantonar a despart.
Çò que ai, ai pas de jutjar de çò que val : es pas meu, e çò que balhi poeticament al public es per onestetat.
Aquò depend pas de la valor, çò que es escrich es per èsser publicat !
Una autra rason interferís sus aquela e l'orienta cap a una motivacion pus immediata.
Poèmas d'oc, aquestes tòmban jos la lèi d'una tradicion qu'es pas la parièra de las tradicions nacionalas.
La literatura d'Oc es la realitat concreta de la consci
éncia d'Oc. S'es constituïda en un organisme que contraròtla son endevenidor. Aquels poèmas son entre las mans de l'Institut d'Estudis Occitans qu'a l'iniciativa de lor publicacion en plaça de lor autor.
Ieu me senti un còr leugièr, liure d'un pessament d'autor, tot adobant en reculh l'expression d'una experiéncia viscuda suls tres tèmas etèrns de la natura, de l'amor e de la politica ! Las letras d'òc an besonh de trobar lor camin dins las piadas del progrès uman, d'actualizar lor messatge que ditz que tot es mesclat e se ten.
Nòstre pòble a pas de cara istorica, mas una cara de natura, arbora la votz de sa lenga per far clantir lo somi fort de la raça dels òmes, lo somi d'armonia terrenala.
Coneis qu'aviá rason dins los uèIhs de l'umanitat en combor.
Aquelas rasons son, me fisi, las que me butèron per escriure las regas poeticas que son aicí acampadas !

À la suite de l'invitation du directeur de la collection MESSATGES, dans sa chronique du n° d'Oc de janvier 1951, peut-être sera-t-il plus clair que je dise pourquoi je publie ces poèmes au lieu de dire pourquoi je les ai écrits, car, cela, je le sais moins bien.
La première raison est qu'il me déplairait de rester silencieux et de ne point mêler ma voix telle qu'elle est à la grande conscience chantante des peuples dressés pour leur droit à la vie. L'impératif est inscrit dans un cœur d’homme : mettre de bon gré les sources de sa vie en société avec toutes les vies qui naissent sur la terre, parmi les nations et les continents.
Je ne sais pas me rencogner à l'écart. Ce que j'ai, je n'ai pas à juger de ce que cela vaut : cela ne m'appartient pas, et ce que je donne poétiquement au public, c'est par honnêteté que je le donne.
La valeur importe peu, ce qui est écrit est fait pour être publié !
Une autre raison interfère sur celle-ci et l'oriente vers une motivation plus immédiate.
Poèmes d'Oc, ces poèmes tombent sous la loi d'une tradition qui diffère des traditions nationales.
La littérature d'Oc est la réalité concrète de la conscience d'Oc. Elle s'est constituée en un organisme qui contrôle son devenir. Ces poèmes sont entre les mains de l'Institut d'Études Occitanes qui a l'initiative de leur publication à la place de leur auteur.
Quant à moi, je me sens le cœur léger, libre de tout souci d'auteur tandis que s'ordonne en recueil l'expression d'une expérience vécue sur les trois thèmes éternels de la nature, de l'amour et de la politique !
Les lettres d'Oc se doivent de trouver leur voie sur les traces du progrès humain, d'actualiser leur message qui dit que tout est mêlé et se tient.
Notre peuple n'a pas de visage historique, mais un visage de nature, il élève la voix de sa langue pour faire entendre le rêve profond de la race des hommes, le rêve d'harmonie terrestre.
Il se convainc qu'il avait raison dans les yeux de l'humanité en effervescence.
Je m'assure que ces raisons sont celles qui m'ont poussé écrire les lignes poétiques qui sont ici rassemblées !

Ce texte expose des idées que Castan ne cessa de développer tout au long de sa vie :
- L’occitanisme tel qu’il le conçoit repose sur la tradition littéraire
- La voix occitane est spécifique.
- Il importe de relier cette voix aux voix des autres peuples dans un rêve commun et polyphonique « d’harmonie terrestre ».

Ces idées révèlent à la fois le Castan communiste, et pour cela forcément lié au Mouvement de la Paix7 et le penseur occitaniste qui défendit toute sa vie lautonomie de la réflexion culturelle occitane par rapport au politique et à l’économique, revendiquant par ailleurs le dialogue des expressions poétiques (française et occitane notamment). Il faut noter aussi que le triptyque « nature / amour / guerre » est légèrement transformé en « nature / amour / politique », ce qui apparaît évident à la lecture du recueil, où la guerre prend des formes diverses, depuis son sens le plus commun jusquau sens de lengagement politique lié à dautres formes de lutte.

Les propos du manifeste initial trouvent une incarnation dans le premier poème (9), daté « VII-1943 », intitulé « Viatjaire » / « Voyageur ». La voix poétique y interpelle un voyageur mystérieux :

O viatjaire, dins laire grand
Que caminòlas a bèl compàs

Ô voyageur de plein vent
Qui chemines d’un bon pas

et fait offrande à ce « landraire inconescut del brave clarum » / « errant inconnu de la grande lumière » de « lostal del mond per quita casèla ! » / « la maison de lunivers qui sera ta cabane ! ». La forme exclamative marque cette offrande lyrique qui associe lespace intimiste de la « casèla »8 à limmensité de lunivers.

À la fin du poème la voix poétique se fond dans une première personne du pluriel tour à tour désignée par « Òmes dOccitania » et « cantaires de la Patz »

Omes dOccitania e filhs de la natura,
aquí-nos desliurats del mal per lumilitat ;
vire la rò
da sempre de nòstra astrada escura !
Sèm los cantaires de la Patz !

Hommes d’Occitanie et fils de la nature,
nous voilà délivrés du mal par l’humilité :
que tourne sans fin la roue de notre obscure destinée !
Nous sommes les chanteurs de la paix9.

Faute daccès aux manuscrits, il est difficile de savoir les transformations subies par les textes entre la date de conception qui leur est assignée dans l’édition et la date où celle-ci a été préparée. Il est évident cependant que les derniers mots du poème ont une autre résonance selon quon les lit en relation avec la première date, au cœur de la guerre, ou bien avec celle de 1951, période où se structure le Mouvement de la paix.

Un triptyque

De campèstre…

On sait que Castan, dont les études supérieures de lettres furent interrompues pour des questions de santé, choisit ensuite le statut douvrier agricole qui devait lui permettre laccès à loccitan « lenga de plena carn » [langue de pleine chair], selon une expression employée par Robert Lafont au début de ses Camins de la saba.

On sait aussi ladmiration que Castan ne cessa de vouer à Antonin Perbosc, dont Lo libre del campèstre – Le livre de la nature est une des œuvres majeures. Ce « campèstre » prend parfois figure de terre cultivée, même si ces évocations ont souvent valeur métaphorique. On y rencontre, par exemple, dans le poème II (11) « Sòmi clar » (traduit par « Clairvoyance »), des « rastolhs » / « éteules » et des « garbas » / « gerbes ». Dans le poème V (13) intitulé « Eternitat », daté « 29-VII-1944 », cest de vendanges quil est question, avec « Lo rasim de la vinha » / « Le raisin de la vigne » (v. 1) et « la doça pèl duna gaspa bufèca » / « la douce peau dune grappe vide » (v. 10).

Le contraste apparaît parfois entre ce « campèstre » travaillé par lhomme et la perception qui en est prêtée à la voix poétique qui structure souvent les poèmes. Ainsi, dans le poème X « Silenci » (17), daté « 4-VIII-1945 », alors que Castan est au cœur des combats, cest par le manque quapparaissent ces notations :

E ça que la ai pas encara tastat
la gaspa dautomne
nimai lo blat de julh

Et cependant je n’ai pas encore goûté
la grappe d’automne
ni le blé de juillet

d’amor…

Depuis le poème V (13) daté « 29-VII-1944 » jusqu’à lavant-dernier (XXIII, 39, 6-XII-1950), le lyrisme amoureux occupe une place fondamentale dans le recueil. Le poème V, significativement intitulé « Eternitat », présente de la femme une image totalisante, qui dépasse les frontières temporelles, étant à la fois printemps et automne :

i mirar tostemps
a còr dautomne
stra meteissa color de prima.

… y regarder en tout temps
au cœur de l’automne
notre même couleur de printemps.

Cette femme est aussi « mascle » [littéralement « mâle » (v. 4)], adjectif traduit en français par « forte ». Lamour est désir (« desirièr ») dans ce premier poème, et donc, corrélativement, absence, ou plutôt mutisme, ce que suggère linterpellation suivie dun point dexclamation qui achève le poème VI (13) intitulé « Fonts » / « Sources » :

Tu que mausisses, ieu que te parli,
qual que siás, autre ieu, confonduts
dins la terrenca vida, respond 
!

Toi qui m’entends, moi qui te parle,
qui que tu sois, autre moi, confondus que nous sommes
dans la vie de la terre, réponds !

Autres images totalisantes dans le poème VIII (21-I-1945), p. 15, intitulé « Pescaires » :

espèra alprèp de iò la nuechada estivenca
que sol e desaviat
tal un guit dins lespandi ivernenc,
mermarai l
espandison
de mon orizont,
per lenclaure en ton uèlh,
amb tot çò de la vida vidanta,
e pescaràs mon còr.

attends auprès de moi la nuit estivale
où, égaré et seul
sur des ailes d’espace hivernal,
je resserrerai l’étendue
de l’horizon de mon regard,
pour l’enclore en ton œil,
avec toutes les choses de la vie,
et tu prendras mon cœur.

Va-et-vient de lintimité (« alprèp de iò », / « ton uelh » / « mon còr ») à limmensité sous les deux espèces du temps (« estivenc » / « ivernenca ») et de lespace.

Le poème XI, daté du 4-VIII-1945, alors que Castan, après les combats de la pointe de Grave en avril 1945, a poursuivi son engagement militaire jusquen Alsace, est intitulé « Pretzfach », terme traduit par « Louvrage ». Lexpression « la fin de la nuèch » doit sans doute être lue aussi au sens métaphorique. Le premier vers « Languissi » rendu en français par la périphrase « Jai hâte, hélas ! » introduit les désirs du combattant qui ne se résument pas à lattente du retour au travail. Avant d’évoquer son désir de participer au devenir du monde, le poète imagine le déroulement dune journée de paix et de joie, après une nuit de plaisirs des sens suggérés par limage du corps aimé :

Languissi
[] de daissar lo còs aimat
dins las cortinas de la cambra, entredormit dins lo lèch damor

J’ai hâte, hélas !
[…] dans les draperies de la chambre de laisser
le corps aimé, somnolant dans le lit de l’amour

Autre image amoureuse dans le poème XIII, intitulé « Relòtge » / « Lhorloge » daté « 29-III-1946 » ; lintimité érotique suggérée par lallusion au regard de laimée, à ses cheveux et à ses hanches, suscite des images baudelairiennes de nuages et de mer infinie :

tu sabes pas la mar de ton uèlh blau,
aquela mar que magacha viure !
La caiguda de lonzada
encanta la plaja londana
que ma segrèta durada porgís a lor bais…
Nivol, silenci de la mar,
cabeladura de ton cap,
ande pur de lanca !
Es miègjorn
cada còp que miri
lo miralh de ton uèlh.

la mer bleue de ton œil, tu l’ignores,
cette mer qui me regarde vivre !
La chute de la vague
enchante au loin la plage
que ma secrète durée offre à son baiser…
Nuages, silence de la mer,
ô chevelure de ton front,
pur mouvement de tes hanches !
C’est midi chaque fois que je regarde
dans le miroir de ton œil.

Les poèmes XIV et XV de la page 25, disent lun labsence « Abséncia », lautre le remords, terme qui traduit loccitan « dòl », plutôt associé, dordinaire, à la douleur ou au deuil…

On ne peut qu’être frappé par le paradoxe, dans le poème XIV (daté du 15-IV-1946), entre son titre « Abséncia » et les impressions sensuelles que traduit le texte. Tout semble y suggérer la présence incarnée. Le « je » contemple le corps de la femme aimée dont il distingue « chaque pore », version française de loriginal « ton mendre pel ». Paradoxe confirmé par laffirmation « sabi que te pòdi tocar », mais qui se dénoue, en quelque sorte, quand larbre, à la fin du poème, devient lautre protagoniste de la scène dont le caractère fantasmatique simpose alors. Le poète se contente de sexclamer « Taimi ! », ce que la version française traduit par « Je vis pour taimer ! ». Nous sommes bien, là encore, dans le simple désir.

Ce paradoxe se lit encore dans le poème XV (daté du 14-I-1947), où il est dabord question des « bras », des « cils », de la « tête ». Cependant les formes verbales traduisent, là aussi, la non-réalité : le texte commence par un impératif « demòra », se poursuit par un futur de lindicatif : « clinarai » / « je pencherai », avant le passé composé qui accompagne lexpression de la mort, déjà suggérée par le titre « Dòl » : « quai fach de ta cara mòrta » / « quai-je fait de ton visage mort ». Au cœur du poème, l’« aicí » / « ici » du désir :

Aicí que te desiri
entremesclada amb mon sang

Voici que je te désire
entremêlée à mon sang

Trois ans se passent dans les datations, jusquau poème suivant, XXI, daté du 3-III-1950. Poème de lexaltation heureuse encadré, au premier vers, par l’évocation de « laimada » / « mon aimée » et par « lo combat universal… » [le combat universel] au dernier vers. Double aspiration du lyrisme amoureux et du lyrisme politique. Le poème entrelace les images dintimité duelle, portée par une première personne du pluriel fusionnelle, complétée, à la fin du poème, par lexpression des deux premières personnes du singulier :

Meuna,
t
aimi
dins lo combat universal

Mienne,
je t’aime
dans le combat universel…

Là aussi, lexpression de lintimité, à travers l’évocation des yeux et du corps de laimée, sentrelace avec des images de multitudes « las molonadas umanas », de « combat universal » et dinfini spatial « la mar » et temporel : « la rajada dels sègles », « las primas viscudas ».

La fusion du couple amoureux dans la foule des hommes, au-delà de lici et maintenant, se retrouve dans le poème XXIII « A còr de silenci » / « Au cœur du silence » /

Sèm coma sèm,
un òme
e una femna
que son mesclats a l
umanitat passadissa
e que son parièrs que totes
son, son estats
o seràn.

Nous sommes ce que nous sommes,
un homme
et une femme
qui sont mêlés à l’humanité transitoire
et qui sont semblables à ce que tous les hommes
sont, ont été
ou seront.

La fin du poème redit cette fusion et, avec elle, le resurgissement de la crainte de la perte qui hantait les poèmes XIV et XV :

Sarri dins mos braces
limatge de ton còs e del mond
e ai paur de te pè
rdre !

Je serre dans mes bras
l’image de ton corps et du monde
et j’ai peur de te perdre !

Lemploi du terme « image » dit déjà cette perte, puisquil renvoie à une représentation mentale, en totale opposition avec le sens suggéré par lexpression « sarri dins mos braces ».

… e de guèrra

Nous avons eu loccasion de l’écrire : le troisième élément du triptyque, cest bien sûr la guerre, notamment celle de 1939-1945, où Castan eut un double rôle dans la Résistance et dans les combats militaires organisés, mais ce sont aussi dautres guerres, ou plutôt dautres luttes, dautres engagements auxquels participa le militant Castan.

Nous avons déjà évoqué le premier poème intitulé « Viatjaire », daté de VII-1943, qui sachève par lexpression « Sèm los cantaires de la Patz » [Nous sommes les chanteurs de la Paix]. Y lire une allusion, purement circonstancielle, aux événements du temps nous semble réducteur, au moment même où Castan fait acte de résistance, ne serait-ce que par la transmission de messages, et quelques mois seulement avant quil ne sengage dans un bataillon combattant. Il nous semble que cette « paix » évoquée dans un recueil dont le titre contient le mot « Guèrra » a un sens beaucoup plus général dans un poème marqué par lexpression de la totalité de lespace « lostal del mond » / « la maison de lunivers » et de la temporalité humaine « Vire la ròda sempre de nòstra astrada escura » / « que tourne sans fin la roue de notre obscure destinée ».

Le premier texte ouvertement engagé est le poème VII, daté du 23-II-1944, « Liminari politic » / « Liminaire politique » (15). À mots couverts, il sagit dun appel à la vigilance, sous la forme dune interpellation des « amics » :

Cresetz lostal segur
quand tròna linquietud
demèst los teules de la citat,
francament,
mos amics,
que me venètz dire : men chauti !
sul còp de mièjanuèch
de listòria ?

Croyez-vous la maison sûre
quand l’inquiétude tonne
parmi les tuiles de la cité,
franchement,
amis,
qui venez me dire : je m’en moque !
sur le coup de minuit
de l’histoire ?

À linverse de ces « amis », le poète, lui, prend « le chemin » de lengagement : « preni lo camin », dit-il dans une fin du poème résolument opposée à lindifférence, et qui sachève par cette simple exclamation « Oc ! » / « Oui ! ».

La guerre proprement dite apparaît avec le poème IX « Pausa » / « Pause » (17). Pause dans des combats, en un jour de « Pascas de 1945 » / « Pâques 1945 », qui cependant se mènent toujours ailleurs :

Las andanas ont se guerreja
menan al païs de lombra
Berchtesgaden !

Les avenues où l’on fait la guerre
mènent au pays de l’ombre
Berchtesgaden !

Double évocation, par le toponyme et par la métaphore, du refuge dHitler, qui devait être conquis à la fin de ce même mois davril.

Le poème XII « Sosc militar » / « Pensée militaire » (21) traduit un rêve de paix alors même que la voix poétique affirme la nécessité de continuer les combats, et le souhait de chanter de nouveau la nature à lissue de ceux-ci :

Cantarem quand aurem canviat dadreça
las corsas de las auras jos las fuèlhas.
Ai-las !
mon adreiça demòra dins un regiment de las glòrias inutilas
sul territòri extrangièr dAlsàcia !
Lo fum dels combats mònta encara
e remolina dins nòstre cèl pacific,
e sus tèrra
limpa la viè
lha sèrp matrassada que vòl pas morir.

Nous chanterons quand nous aurons changé d’adresse
les courses des brises parmi les feuilles,
Hélas !
mon adresse demeure dans un régiment aux gloires inutiles
sur le territoire étranger de l’Alsace !
La fumée des combats monte encore
et tournoie dans notre ciel pacifique,
et sur la terre
rampe le vieux serpent blessé qui ne veut pas mourir.

Prise de Strasbourg

Prise de Strasbourg

Prise de Strasbourg et de sa région par la 2e DB

Agence d’images de la défense, http://archives.ecpad.fr/prise-de-strasbourg-et-sa-region-par-la-2e-db-division-blindee/

Les luttes sociales seront évoquées plus loin dans le recueil, après que le poème XVI « Hic et nunc » (27) dit lengagement de la voix poétique au sein de la « race humaine ». Ainsi, le poème XVII « 21 de decembre de 1949 » (29) évoque-t-il dans une sorte dexaltation lyrique les 70 ans de Staline qui donnèrent lieu à dextraordinaires manifestations de ferveur populaire chez les militants communistes. Notons limage cosmique qui ouvre cette évocation, corrélée à laffirmation de lusage de la langue dOc [la majuscule est dans le texte].

Dans « un jour de paix et de lutte », le poème alterne les évocations dimages bucoliques avec lexpression de la guerre. La Guerre froide, à présent. Les protagonistes ont changé, dun côté « Wall Street », de lautre, « les peuples » ou encore « lhumanité », et aussi – cela sera reproché à Castan qui pourtant était ainsi en phase avec une bonne partie de l’opinion de l’époque, et même au-delà des militants communistes – Staline. La fin du poème le dit clairement, avec le mot « ennemi(s) » à la rime, et lopposition claire du « ils » au « nous » qui saffirme en « je » au dernier vers.

21 de decembre de 1949

Lo solelh qu
abraçada lorizont a punta dalba
parla Oc.
Stalin, fa un moment que ses desrevelhat
al matin de sos setanta ans !
Lora del colquièr a picat.
Un jorn de lucha e de patz
suls jornals sespelís
del campèstre e de milanta ciutats.
Los òmes e las bèstias
bevon a la font del bòsc.
Iò, que serai dins la lutz clara
d
aquela fin de decembre
e de livèrn quara sencamina ?
Los pòbles son pas encara uroses !
Disi lo mot de Wall-Street
amb òdi :
o vosautres que fas
ètz de dotze òmes
dotze condamnats 
!
Aicí totes cresián d’èsser fruch de lor bòrda,
mas i a tanben la bòrda frairenala…
S
èm lumanitat
e son nò
stres enemics !
Ne soi enemic.

21 décembre 1949

Le soleil dont les bras étreignent l’horizon à la pointe de l’aube
parle en langue d’Oc.
Staline est debout depuis un long moment
au matin de ses soixante-dix ans !
L’heure au clocher a sonné.
Un jour de paix et de lutte
éclôt sur les travaux
des champs et d’innombrables cités.
Bêtes et gens
boivent à la source des bois.
Et moi, que serai-je
dans la claire lumière
de cette fin de décembre
et de l’hiver qui maintenant se met en marche ?
Je dis le mot de Wall Street
avec haine :
ô vous qui faites de douze hommes
douze condamnés !
Ici tout le monde se croyait fruit de sa demeure,
mais il y a aussi une demeure fraternelle…
Nous sommes l’humanité,
ils sont nos ennemis !
Je suis leur ennemi.

Le ton engagé se poursuit dans les poèmes XVIII « Militant » (31) et XIX « Suberna » (31), dont les dates sont très proches : 16-II-1950 et 20-II-1950. Exaltation de la révolution dans le premier, images cosmiques symboles davenir radieux, unanimisme « dins lorizont / de totas las generacions » exclamation finale : « Ils ont conquis laction »10. Le poème « Suberna » / « Marée » (33) évoque la répression dune lutte ouvrière. Les circonstances nen sont pas établies, mais lHistoire nous apprend que plusieurs mobilisations eurent lieu entre 1947 et 1950, dont les plus violentes furent les grèves minières de 1948, qui firent plusieurs morts chez les grévistes, 1950 correspondant plutôt à des grèves de dockers. Castan donne au texte un caractère généralisant grâce à lemploi des termes : « lo pòble » / « le peuple », « las bandièras / de la revolucion ! » / « les drapeaux / de la révolution ». De même, par le titre et la fin de celui-ci « Lo grand cèl sus la vila / es un abric melhor ! » / « Le grand ciel sur la ville / est un meilleur abri ! », il situe ses évocations dans un environnement cosmique.

Autre exaltation du mouvement ouvrier dans le poème XX « La mena » / « La mine » (33), daté 2-III-1950, où lon peut voir sans grand risque de se tromper l’évocation des grandes grèves minières de la fin 1948, très durement réprimées. L’échec de ces grèves est traduit par lexpression « la classa sonsida » / « la classe piétinée ». Cependant cet échec nest quapparent, comme lexprime la forte affirmation de la fin du poème qui dit paradoxalement que la loi est aux mains de la classe ouvrière et évoque la victoire future de cette classe contre les « vessies » (allusion à la rancœur du communiste Castan contre le ministre socialiste Jules Moch instigateur de la répression ?) :

Ara mestreja
la l
èi
de la classa sonsida
e pura.
Lespasa es fargada
e las petair
òlas sespotiràn contra lagach dels òmes quan vist lo fons de la tèrra !

Aujourd’hui l’emporte
la loi
de la classe piétinée
et pure.
L’épée est forgée
et les vessies se crèveront contre le regard des hommes qui ont vu le fond de la terre !

Ce poème, comme les précédents, est marqué par lexaltation lyrique, traduite par lemploi de la forme exclamative, celle du futur au début du poème « Faràn fòc » / « Ils donneront le feu » et par les images cosmiques, qui associent cette image du feu à celle des profondeurs de la terre. Il ny a bien évidemment pas là uniquement la fonction pratique du charbon…

Nous avons déjà évoqué le caractère international de lengagement de Castan dont la cible évidente est représentée par les États-Unis. Le dernier poème (XXIV, p. 41), intitulé « Mac Gee », daté du 10-V-1951, en est un exemple. Il sagit dun hommage au noir américain Willie Mac Gee, exécuté sur la chaise électrique le 8 mai 1951, trois fois condamné à mort depuis son arrestation en 1945, après avoir été accusé du viol dune femme blanche, et ce malgré une mobilisation du Congrès des droits civiques11 et du soutien de William Faulkner. Cette exécution suivit de près celle de sept noirs, habitants de Martinsville, contre laquelle se mobilisa le Parti communiste. Le poème de Castan est écrit dans lurgence, deux jours après lexécution de Mac Gee. Le caractère raciste de lexécution est clairement mis en évidence à la fin des deux premiers vers :

Un òme negre
es estat traït per d’òmes blancs

Un homme noir
a été trahi par des hommes blancs

Puis le poème dénonce la violence de lexécution qui fait de Mac Gee « un taur dins las arenas » / « un taureau dans les arènes » et sindigne de la complaisance de ceux qui assistèrent à cette exécution publique. Comme le fit Aragon avec la dernière lettre de Manouchian à son épouse Mélinée, Castan évoque la dernière lettre de Mac Gee à son épouse Rosetta Saffold (alias Rosalee McGee). Le texte, comme souvent chez Castan, est balisé par des points dexclamation qui traduisent son émotion, et sachève par la proclamation de linnocence de Mac Gee :

mas aviá quitat una plaga dinnocéncia
dins totes los c
òrs del mond, a part los de sos enemics

mais il avait laissé une plaie d’innocence
dans tous les cœurs du monde, excepté dans celui de ses ennemis

Manifestation Chicago

Manifestation Chicago

Manifestation contre l’exécution de Willie Mc Gee, Chicago, avril 1951

https://mcgeebook.wordpress.com/2010/08/27/chapter-one-the-hot-seat/

Quelques mots de conclusion

En attendant la découverte du manuscrit intégral préparé par Castan, les 24 poèmes retenus dans le volume de la collection Messatges ont une belle cohérence et révèlent plusieurs faces de linspiration poétique castanienne et, au-delà, de la pensée de celui-ci12. Comme le montre aussi la surabondante correspondance de Castan avec Lafont, conservée au CIRDOC, qui mériterait une édition critique, tous les éléments de cette pensée sont déjà là :

- le lien étroit entre littérature et langue d’oc
- la volonté d’ancrer la création occitane dans une dimension large, loin de tout enfermement régionaliste
- la dimension politique évidemment présente, d’un homme engagé dans les combats du temps, mais présentée en totale autonomie du champ culturel occitaniste.

Pour autant, l’article de Claire Torreilles sur la correspondance Espieux / Castan et la réception difficile du recueil met en évidence l’isolement progressif de ce dernier parmi les occitanistes de sa génération. Des difficultés que déjà, en 1996, la magnifique thèse d’Yves Toti, avait exposées à partir de sa lecture de la revue OC13.

Reste l’œuvre et la nécessité, comme pour les autres volumes de la collection, d’étudier plus finement la genèse de celui-ci, ce que faciliterait l’accès à l’ensemble initialement conçu par Castan, dont nous reproduisons les titres en annexe.

Félix Castan vers 1955

Félix Castan vers 1955

 Don Anne Castan, © CIRDOC-Institut occitan de cultura 

1 On pourra consulter la biographie de celui-ci sur le site Vidas. Los actors de la renaissença d’òc à l’adresse : https://vidas.occitanica.eu/items/

2 À la mort de celle-ci, en 1978, Castan se donna le double prénom de Félix-Marcel. J’ai souvenir d’un vers d’un poème proposé peu de temps après à la

3 Remarquons que l’exemplaire en notre possession, contient une dédicace « A Simone Siscard » datée de la même manière que les poèmes : 2-11-51

4 Dans notre article, nous indiquerons seulement entre parenthèses le numéro des pages de chaque poème cité.

5 Nous avons montré qu’il en était de même pour les Cants de la tibla de Robert Allan. Voir notre article « Lei Cants de la tibla de Robert Allan : de

6 On lira dans ce numéro de Plumas l’analyse par Claire Torreilles d’un extrait de la correspondance entre Espieux et Castan qui éclaire

7 https://www.mvtpaix.org/wordpress/lemouvementdelapaix/ : Le Mouvement de la Paix est une Organisation non-gouvernementale créée en 1948 et agréée « 

8 La traduction par « maison » rend mal compte de la réalité matérielle que désigne le mot « casèla » qui, comme ses équivalents « capitèla » en

9 La majuscule qui figure en occitan n’a pas été retenue dans la version française.

10 L’original occitan nous paraît étrangement construit : « An conquistat de l’accion ». Un recours au manuscrit révèlerait peut-être une coquille de

11 https://www.lemonde.fr/archives/article/1951/05/03/l-affaire-mac-gee-illustre-la-persistance-des-prejuges-de-couleur-dans-le-sud-des-etats-unis_

12 Nos remerciements à Sylvan Chabaud qui nous a suggéré plusieurs éléments de cette conclusion.

13 Yves TOTI, OC, « Pèlerin de l’absolu ». Un bout de chemin (1924-1964). Thèse de doctorat en Études régionales. Sous la direction de Paul Castela.

15 Le mot « campestre » est noté sans accent dans le tapuscrit, alors que l’accent est présent dans le recueil imprimé.

14 Ce plan a été établi par Félix Castan dans les années 1990, dactylographié par Betty Daël et porte des marques manuscrites de Félix Castan décrites

Compléments bibliographiques et sitographiques

NB : l’œuvre et la pensée de Félix Castan sont encore insuffisamment étudiées. Il faudrait recenser les quelques comptes rendus critiques qui ont accompagné la parution de ses œuvres.

L’œuvre poétique éditée :

Castan, Félix, 1951, De Campèstre d’amor et de guèrra, Dessins de Marcèle Dulaut, IEO, « Messatges »

Castan, Félix, 1972, Jorn. Òdas satiras profecias occitanas, La Couvertoirade (12230), Mòstra del Larzac.

Castan, Félix, 2010, Epòs/Ethòs, Montauban, Cocagne

Sur Félix CASTAN

Félix Castan ou L'équilibre parfait de l'identité, 2010, Actes des Journées Félix Castan (2008, Larrazet, Tarn-et-Garonne), Larrazet : Maison de la culture de Larrazet

En ligne

Biographie de Castan sur le site « Vidas. Los actors de la renaissença occitana » : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2067

Autre biographie sur le site du Maitron (Dictionnaire du mouvement ouvrier) : https://maitron.fr/spip.php?article18926

Une intéressante présentation critique du poète et du penseur sur le site https://www.espritsnomades.net/litterature/felix-castan-le-monde-ouvert-de-felix-castan-ou-la-nation-comme-un-amphitheatre/. Cette présentation intègre le « Manifeste de Nérac » cosigné en 1956 par Manciet et Castan, qui leur valut un éloignement de l’IEO

De nombreux textes, dont une bonne part théoriques, sont publiés par les éditions « Cocagne » : https://www.cocagne-editions.fr/categorie-produit/edition-cocagne/felix-marcel-castan/

Annexe : plan de publication14

DE CAMPESTRE, DAMOR E DE GUERRA

Pensadas al còr

124 tròbas

160 pages

TAULA SINTETICA

Pensadas astradas...
A LA CROTZ DEL TEMPS
MORALA
1. canta renadiva...
Boscassier
Sonet-
MONTALBAN
- Duna nivol...
- A mieg-cambal...
Vailet
2. L
aiga barbara
- Viatjaire
- Solòmi
- Sem gandits...
Curbidas
- L’annada a perlongat...
- Masca dels temps trebols
- Avem biscat pro...
- Lo vent de Dieu
- Un cant...
- Estela que me sabes...
Urbs
- Flume emmimarelant...
- Torçut escapitat...
camador
- Devers ma cara...
- « To be or not to be »
L
Honor-de-Cos
- Defòra…
- Dins los cloquiers de mon país...
Flumes
- Lo cel d’aur...
- Lo solelh alumina...
Pretzfachier
- Daissa passar drolleta...
Patria cosmica
a. En Xurriguera
- La venguda de la prima...
- Umorós l’estiu...
- Mai verturós...
- En landrant tot còp...
- Coma una femna sus un costal...
-Lo rasin de la vinha...
Fonts

3. una parten
ça eterna
Liminari politic
Pescaires
De campestre damor e de guerra (suite!)

- Pren-te garda encara…
- Una puta...
Pausa
- Escriure...
Sciéncia
Esplech
Pretzfach
Sosc militar
- Las femnas quaimi...
Polsada
- T’adreci aquel bordon...
- Jamai an pas ausat...
EPÒCA
- Osca !
- Tolosa camina...
- La vertat comença...
dessin 1

DIEU-EROS
Lo relòtge
Ciutat
- Dins la nuèch...
- abséncia
- La filha la velha de Pascas...
enfenestrat
Dòl
- Ieu de ton còs vertadiér...
- Grevança
- Ah Sempre prima miraclosa...
- Se l’amor es pas possible...
- Còr eiriçat de sang...
- Te cerqui viventa...
- coma l’arcana sus ton còs...
- Per se tenir dins la vertat...
- Ton còs misteriós...
- Las cigalas cantan...
- Ès blonda…

LA REVOLUTION/LA SERENITAT
Terraire
L
arada
Sens frontiera
Hic e nunc
21 de decembre de 1949
Militant
Espiga
Suberna
lnconeguda
La mena
Sorga
Un rai sus la mar

dessin 2
De campestre15 damor e de guerra (suite 2)


FOLCLORE NOU
La votz
A còr de silenci
Bòrda
Ferida
Mac Gee
Pòrge de patz
A Maò
Sinaï nòu
Sant Silvestre
- Lo solelh divern...
Dòl de lorizont
La càrcer
LA SORGA DE LAS PIADAS

« le pays vous jugera... »

Dins Atenas
MEDITERRANEA
Lalba
Lo rescontre
CARCIN
Lo parelh de Sing-Sing
Lo castel dEsclarmonda
PARIS
Pròsa nobiala
abans jorn...
Los nanets
- dessin 3
NI PER UEI NI PER DEMAN – pròsas
- Ah Sabi perqué...
Pueggalhard-Montclar
IN MEMORIAM
Será
s vailet...
Actualitat
Mandadis
per Marcela
- Abaissarai pas Io cap...
per dunes companhs
Mohammed Ben Saddock
Materialisme
Per claure me cal...
Lo temps dun existencialisme

1 On pourra consulter la biographie de celui-ci sur le site Vidas. Los actors de la renaissença d’òc à l’adresse : https://vidas.occitanica.eu/items/show/12

2 À la mort de celle-ci, en 1978, Castan se donna le double prénom de Félix-Marcel. J’ai souvenir d’un vers d’un poème proposé peu de temps après à la revue Jorn : « Pòrti una viventa en travèrs de mon còrs » [Je porte une vivante au travers de mon corps], qui avait touché le comité de la rédaction de la revue, malgré son refus de publier le poème.

3 Remarquons que l’exemplaire en notre possession, contient une dédicace « A Simone Siscard » datée de la même manière que les poèmes : 2-11-51

4 Dans notre article, nous indiquerons seulement entre parenthèses le numéro des pages de chaque poème cité.

5 Nous avons montré qu’il en était de même pour les Cants de la tibla de Robert Allan. Voir notre article « Lei Cants de la tibla de Robert Allan : de l’histoire d’une édition impossible au projet de réédition » en ligne à l’adresse : https://occitanica.eu/items/show/17061, à paraître prochainement dans une seconde livraison de Plumas consacrée à la suite de la collection Messatges.

6 On lira dans ce numéro de Plumas l’analyse par Claire Torreilles d’un extrait de la correspondance entre Espieux et Castan qui éclaire judicieusement nos propos.

7 https://www.mvtpaix.org/wordpress/lemouvementdelapaix/ : Le Mouvement de la Paix est une Organisation non-gouvernementale créée en 1948 et agréée « Association nationale de jeunesse et d’éducation populaire ». Association loi 1901 à but non lucratif, le Mouvement de la Paix agit pour le désarmement, en particulier nucléaire, mais aussi contre la production et les transferts d’armements, pour la réduction des budgets militaires.

8 La traduction par « maison » rend mal compte de la réalité matérielle que désigne le mot « casèla » qui, comme ses équivalents « capitèla » en Sud-Languedoc ou « bòria » en Provence, désigne un abri sommaire de pierres sèches.

9 La majuscule qui figure en occitan n’a pas été retenue dans la version française.

10 L’original occitan nous paraît étrangement construit : « An conquistat de l’accion ». Un recours au manuscrit révèlerait peut-être une coquille de l’édition…

11 https://www.lemonde.fr/archives/article/1951/05/03/l-affaire-mac-gee-illustre-la-persistance-des-prejuges-de-couleur-dans-le-sud-des-etats-unis_2080186_1819218.html

12 Nos remerciements à Sylvan Chabaud qui nous a suggéré plusieurs éléments de cette conclusion.

13 Yves TOTI, OC, « Pèlerin de l’absolu ». Un bout de chemin (1924-1964). Thèse de doctorat en Études régionales. Sous la direction de Paul Castela. Reproduite au format A5 par les « Éditions de la revue OC », SD, Mouans-Sarthoux, cet ouvrage est hélas difficilement accessible. Les pages 186-225 consacrées à Castan directeur de la revue apportent un éclairage précieux sur les débats qu’il soulevait, entre autres sur la notion de littérature engagée. La réception de De campèstre, d’amor e de guèrra est étudiée p. 215-216.

15 Le mot « campestre » est noté sans accent dans le tapuscrit, alors que l’accent est présent dans le recueil imprimé.

14 Ce plan a été établi par Félix Castan dans les années 1990, dactylographié par Betty Daël et porte des marques manuscrites de Félix Castan décrites au début de notre article. Nous le reproduisons ici en respectant la présentation de ce tapuscrit. Nous remercions Anne Castan, fille du poète, de nous avoir aimablement communiqué ce précieux document.

Page de garde de l’édition de 1951

Page de garde de l’édition de 1951

Dessin de Marcelle Dulaut

Prise de Strasbourg

Prise de Strasbourg

Prise de Strasbourg et de sa région par la 2e DB

Manifestation Chicago

Manifestation Chicago

Manifestation contre l’exécution de Willie Mc Gee, Chicago, avril 1951

Félix Castan vers 1955

Félix Castan vers 1955

Marie-jeanne Verny

Univ Paul Valéry Montpellier 3, ReSO UR 4582, F34000, Montpellier, France

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