Jean Séguy poète en occitan : Joan-Ba(p)tista Seguin, Aiga de Nil (1966) et Poëmas del non (1969). La ferveur d’un ton distancié

Philippe Gardy

Citar aquel article

Referéncia electronica

Philippe Gardy, « Jean Séguy poète en occitan : Joan-Ba(p)tista Seguin, Aiga de Nil (1966) et Poëmas del non (1969). La ferveur d’un ton distancié », Plumas [En linha], 3 | 2023, Mes en linha lo 21 juin 2023, Consultat lo 03 décembre 2024. URL : https://plumas.occitanica.eu/959

Jean Séguy (Duras, 1925 - Liancourt, 2007) fut, au CNRS, un sociologue des religions de renommée internationale. Mais il exerça aussi en parallèle, sous le nom de Joan-Baptista ou Joan-B. Seguin, une activité de défenseur de la langue d’oc et d’écrivain dans cette langue qui se développa pour l’essentiel entre 1960 et 1980. Comme poète d’oc, il collabora à diverses revues (Lo Gai Saber, Oc, Letras d’Oc, Viure) et publia dans la collection Messatges de l’Institut d’études occitanes deux recueils sans traduction française, Aiga de Nil (Eau du Nil, 1966) et Poëmas del non (Poèmes du Non, 1969). De ce poète « de circonstance », dans l’acception la plus prégnante du terme, la voix, à la fois distanciée et nourrie d’immédiateté, s’inscrit dans une vision chrétienne du monde que traverse un sentiment très fort de la fragilité des mots et de l’élan poétique dont il chercha un temps à témoigner.

Jean Séguy (Duras, 1925 - Liancourt, 2007) foguèt, au CNRS, un sociològ de las religions internacionalament renommat. Mas aguèt taben, en parallèl, sota lo nom de de Joan-Baptista o Joan-B. Seguin, una activitat de defensor de la lenga d’òc e d’escriveire dins aquesta lenga, activitat desvolopada essencialament entre 1960 e 1980. Coma poèta d’òc, collaborèt a mantuna revista (Lo Gai Saber, Oc, Letras d’Oc, Viure) e publiquèt dins la colleccion Messatges de l’Institut d’estudis occitans dos recuelhs non revirats en francés, Aiga de Nil (1966) e Poëmas del non (1969). D’aqueste poèta « de circonstància », dins l’accepcion mai pregnanta del tèrme, la votz, a l’encòp distanciada e noirida d’immediatetat, s’inscriu dins una vision crestiana del mond traversada per un sentiment fòrt de la fragilitat dels mots e del vam poetic qu’un moment cerquèt de ne portar testimòni.

Jean Séguy (Duras, 1925 - Liancourt, 2007) was an internationally renowned sociologist of religion at the CNRS. At the same time, under the name Joan-Baptista or Joan-B. Seguin, he was also an advocate of the langue d'oc and a writer in this language, mainly between 1960 and 1980. As a poet d'oc, he contributed to various magazines (Lo Gai Saber, Oc, Letras d'Oc, Viure) and published two collections without French translation, Aiga de Nil (Nile water, 1966) and Poëmas del non (Poems of no, 1969), in the Messatges collection of the Institut d'études occitanes. The voice of this poet "of circumstance", in the most prevalent sense of the term, is at once distanced and nourished by immediacy, in keeping with a christian vision of the world that is permeated by a strong sense of the fragility of words and of the poetic impulse to which he once sought to bear witness.

Cet article forme un triptyque avec deux autres études qui en constituent les compléments : « Sur la poésie religieuse (en occitan) : de Jean-Baptiste Séguy à Robert Lafont (1964) », Revue des langues romanes, CXXII, n° 2, 2018, p. 339-352. « Un sociologue des religions en occitanisme, Jean (-Baptiste) Séguy », Lengas [En ligne], 85 | 2019, mis en ligne le 22 mai 2019, consulté le 16 juin 2019. URL : http://journals.openedition.org/lengas/3041.

Pensatz solament que ma cultura es mai anglesa que non pas francesa, mon experiéncia de vida mai africana que non pas europenca, qu’ai gaireben plus viscut en de païses de multilinguisme que non pas de monolinguisme…
Joan B. Séguy, à Robert Lafont1

Deux cahiers de la collection poétique Messatges furent publiés sous le nom de Joan-Ba(p)tista Seguin2 à seulement quelques années d’intervalle : Aiga de Nil, en 1966 ; Poèmas del non en 1972. L’essentiel, mais non la totalité, des textes poétiques publiés (écrits ?) par leur auteur s’y trouvait rassemblé. À travers leur relecture un petit demi-siècle plus tard, c’est à une écriture originale et souvent méconnue que je voudrais rendre hommage.

Sous le nom de Joan-Ba(p)tista Seguin, il faut comprendre Jean Séguy, qui fut en son temps l’un des chercheurs les plus éminents dans le domaine de la sociologie religieuse. Son œuvre, ouvrages et articles, est considérable et constitue une référence importante aujourd’hui encore3. Né à Duras (Lot-et-Garonne) en 1925, il vécut le plus souvent en dehors des régions occitanes, et, en premier lieu, de celles dont une partie de sa famille, paternelle notamment, était originaire : le Quercy (région de Souillac). À l’âge de sept ans, il alla s’établir en Algérie avec les siens, à Bône, de nos jours Annaba, dans l’Antiquité Hippone, la quatrième ville du pays pour le nombre d’habitants, sur les rives de la Méditerranée, à l’est d’Alger, non loin de la frontière tunisienne et de Tunis. Il y fit toute sa scolarité jusqu’au baccalauréat, avant de gagner Paris où il poursuivit à la Sorbonne des études de lettres et d’histoire des religions. Il entama ensuite une carrière d’enseignant (d’anglais) du second degré à l’étranger, notamment en Égypte (Le Caire), puis en Grande Bretagne et enfin dans le nord de la France.

C’est en septembre 1960, alors qu’il exerçait à l’Institution Sainte-Marie de Caen, qu’il fut recruté comme Attaché de recherche au CNRS (Groupe de sociologie des religions). Et c’est à peu près à la même époque, d’après ce que nous pouvons en connaître, qu’il commença de s’intéresser de façon décisive4 à la langue des siens, en prenant contact avec deux institutions vouées à la défense de l’occitan : d’un côté le Collège d’Occitanie ; d’un autre l’Institut d’études occitanes. Cet intérêt actif fit très vite de Séguy un écrivain et un locuteur de la langue d’oc. On lui doit, entre le milieu des années 1960 et la fin des années 1970, toute une série de travaux sociologiques, en occitan ou en français, sur les usages, religieux en particulier mais pas seulement, de l’occitan ; ainsi qu’un ensemble de textes littéraires ou journalistiques, prose ou poésie, dans cette même langue. Le réseau de ses amitiés et contacts occitanistes resterait à décrire ; mais on peut penser à quelques noms qui ont sans aucun doute compté alors : ceux de Christian Anatole, autre catholique travaillant sur des chantiers voisins des siens propres, Jacques Boisgontier, Jean Rouquette (Jean Larzac), ou encore ceux du chanoine Joseph Salvat, avec lequel il fut en correspondance dès juin 1960 ; et de Robert Lafont, avec lequel les échanges épistolaires furent très suivis et nombreux, à partir de 1961 et de longues années durant (201 lettres de Séguy reçues par Robert Lafont entre cette année et 19785).

Je m’en tiendrai ici aux textes proprement littéraires, et plus précisément aux textes poétiques. C’est d’ailleurs par des poèmes que Jean Séguy fit son apparition comme écrivain d’oc, en 1964. L’un parut dans la revue de l’Escòla occitana, Gai Saber6 : « Aiga de font ». L’autre dans la revue Letras d’Òc, qui venait de prendre abruptement la suite d’une autre revue, Oc, laquelle venait de cesser de paraître par la volonté de son directeur et propriétaire du titre : « “Roro, t’as du cœur7 ?” ». Mais Jean Séguy n’est plus alors exactement Jean Séguy : il devient Joan-B. Seguin ou J.-B. Seguin, pour, expliqua-t-il, des raisons d’homonymie avec le linguiste toulousain Jean Séguy. Mais aussi, peut-être, pour se distinguer… de soi-même, tel qu’il était jusqu’alors nommé et connu, et se revêtir, ainsi, d’une autre marque identitaire, capable de rendre discernable le changement qui s’était opéré en lui8.

Aiga de Nil, poëmas de Joan-Baptista Seguin

Deux ans plus tard, au mois d’août 1966, paraissait dans la collection Messatges, sous le numéro 37 de la série9, un recueil signé cette fois Joan-Baptista Seguin, Aiga de Nil10. Entre-temps, Séguy n’avait pas publié d’autres textes littéraires, poétiques ou de prose : ce recueil, on peut le penser, rassemblait donc tout ou partie de ce qu’il avait pu écrire entre 1964 et les premiers mois de 1966. La direction littéraire de Messatges était alors assurée par René Nelli, dont les écrits, aussi bien littéraires que scientifiques (sur des thèmes religieux ou reliés à la religion), faisaient partie des centres d’intérêt de Séguy. Ce dernier avait publié en 1963 et 1964 deux comptes rendus de son grand ouvrage L’érotique des troubadours11. Il avait aussi rédigé une note sur un autre ouvrage de Nelli, consacré cette fois au catharisme12. Plus tard, il fit paraître une recension de l’œuvre poétique de Nelli13. De cette proximité, intellectuelle d’abord sans doute, entre Séguy et Nelli témoigne peut-être aussi la présence, en 1972, d’un poème tiré d’Aiga de Nil dans l’anthologie de la poésie occitane publiée chez l’éditeur Pierre Seghers14.

Aiga de Nil est un recueil publié seulement en occitan, comme le fut aussi Poèmas del non. S’agit-il d’une volonté de l’auteur, de l’éditeur (pour des raisons qu’on devinerait économiques) ? Le recueil, imprimé chez Reboulin à Apt (Vaucluse) comme l’étaient en 1964 la revue Oc puis le numéro de Letras d’Òc dans lequel Séguy avait publié ses premiers textes en occitan, comporte 40 pages et donne à lire 13 poèmes ou ensembles de poèmes :

« Aiga de Nil » ;
« Traumatisme » ;
« Mercat comun » ;
« La femna de Faiom » ;
« L’estèla del suplici » (dédié à Robert Lafont) ;
« Cafè de rencontre » ;
« Languison » ;
Torisme en Carcin : 1. Pibol ; 2. Ostal ; 3. Gleisas ; 4. Castèls ; 5. Païsatge ; 6. Lo candelièr de Sant-Andrieu ; 7. Ugues Salèl ; 8. Pèire de Casals ; 9. Rocamador ; 10. Sirventès ; Caminament : 1. Metafisica ; 2. Visibilia ; 3. Potz ; 4. A palpas ; 5. Transfiguracion ; 6. Parabòla ; 7. Pascas ; 8. Ascension ;
« Lupta pentru pace » ;
« Que cal saber se governar » ;
« Orly » ;
« “Donnez-lui tout de même à boire” dit mon père »

C’est la première pièce du recueil qui lui donne son titre : « Aiga de Nil » Titre d’ailleurs en partie trompeur, mais qui fournit en cela même, j’y reviendrai, de précieuses indications sur la poétique de Séguy. Ce poème, en effet, n’a pas été écrit sur les bords du Nil (où par ailleurs l’auteur a vécu), mais, réellement ou fictivement, peu importe, à Berlin, où se trouve, dans les collections du Neues Museum, le fameux buste polychrome de Néfertiti.

Poëmas del non, per Joan-Batista Seguin

Ce deuxième et dernier recueil de Séguy parut en juin 196915. Il sortit des presses de l’imprimerie nîmoise Barnier, père et fils, qui, par l’entremise de Robert Lafont, composa en linotypie et fabriqua de nombreux livres en occitan avant et après cette date. Le recueil, unilingue lui aussi, constitue le n° 42 de la collection Messatges16. Il se compose de cinq parties couvrant 34 pages et comportant chacune plusieurs pièces généralement accompagnées d’un titre ou d’une mention en faisant plus ou moins office :

[1] Non-Païs : « Genealogia » ; « Parlar » ; « Fonetica » ; « Passaport » ; « Accent » ; Libertat de desplaçament » ; « Solhac » ; París » ; « Planh parisenc » ;
[2] Estiu ivernal : « Èrbas » ; « Pleurà ? » ; « Miègjorn » ; « Patz e unitat » ;
[3] Non conformitat :« Sacrifici del matin » ; « Setmana santa a Besançon » (« Dimenge de las Palmas » ; « Dimècres » ; Dijòus e divendres dels discípols » ; « Divendres per tot lo mond » ; « Dissabte » ; « Dimenge de Pascas ») ; « Israèl » ; « Sub Pontio Pilato » ; « Salme » ;
[4] « Non resisténcia (París, mai de 1968) » : « Lenhièr latin » ; « Platana » ; « París en mai » ; « C.R.S. = Catar ! » ;
[5] « Viatge sus plaça » : « A vista d’ausèl » ; « Lenguistica filosofica » ; « Capitala » ; « Prudéncia » ; « Religion » ; « Penjum ».

Entre ce recueil et le précédent, comme l’indique explicitement l’intitulé de la quatrième partie, un événement important s’est produit : mai 1968. Cela ne signifie pas, bien sûr, que tous les poèmes recueillis dans Poëmas del non ont été écrit à ce moment-là, ou après. La thématique mise en avant par l’auteur, celle du « non », reprise dans trois des cinq titres de parties et affichée sur la première page de couverture, donne à l’ensemble une tonalité d’apparence plus précise que celle suggérée par Aiga de Nil. Mais peut-être n’est-ce là qu’une apparence.

Joan-Baptista Seguin : les circonstances d’une poésie

Ces deux recueils n’épuisent pas la totalité des textes poétiques publiés par Séguy. Outre les deux poèmes parus avant Aiga de Nil, il faut mentionner en 1968, un court ensemble intitulé London re. visited, dans la revue Viure17, et un autre paru dans la revue Gai Saber en 1977 sous le titre Del riu a l’alba18. Ces textes jamais repris en recueil ne modifient pas l’idée que l’on peut se faire de l’écriture poétique de Séguy. Ils en soulignent plutôt certaines caractéristiques importantes que je vais essayer de dégager maintenant.

La poésie de Séguy a surgi de la volonté affirmée, vers le début des années 1960, d’apprendre et d’illustrer un parler familial dont la transmission avait été interrompue. Sociologue déjà confirmé, Séguy s’interrogeait alors sur le devenir de l’occitan à travers les siècles19 et cherchait parallèlement à prendre place dans la cohorte ininterrompue des écrivains d’oc qui, depuis le XVIe siècle, se retournent vers une langue dont ils éprouvent le manque. Ses premiers poèmes en occitan disaient avec des moyens différents cette quête face au silence en la peuplant de mots capables d’en exprimer le cheminement. Celui publié dans Gai saber évoque avec une grande économie de moyens un Quercy réduit au silence. Celui de Letras d’Òc, bien différent, à la fois plus « moderne » formellement et moins retenu dans son déroulement, fait resurgir dans le présent de son écriture (un café non loin de la gare SNCF de Nancy) un passé déjà lointain : celui des années d’écolier et de lycéen en Algérie20.

On trouve là l’essentiel des caractéristiques de Séguy poète, que les deux recueils publiés illustrent bien et dont les pièces séparées, jamais rassemblées en volumes, témoignent également.

On note d’abord l’importance du paysage des origines, auquel renvoie le choix de l’occitan, et qui plus est de celui, en très gros21, des écrivains quercynois que Séguy lit et admire : Perbosc, Cubaynes, Toulze. Dans Aiga de Nil, ainsi, les dix esquisses réunies sous le titre de Torisme en Carcin22 [Tourisme en Quercy] proposent une vision à la fois sobre et très personnelle de ce paysage des origines. Une vision que l’on retrouve, pour partie seulement, dans la première section de Poëmas del non, Non-païs [Non-pays].

Ces paysages des origines sublimées, cependant, n’existent pas de façon autonome. S’ils émergent à certains moments, c’est dans une sorte de rapport dialectique permanent avec d’autres paysages, et d’autres langues aussi, liées à ces autres paysages. C’est avec Paris, où Séguy réside la majeure partie du temps, que ce rapport existe en premier lieu. Dans Non-païs, ainsi, où est déclinée en douze pièces brèves la négation des origines et d’abord de la langue qui les incarne, le sizain intitulé « Solhac » [Souillac] exprime sèchement cet écartèlement qui, par ricochet, devient l’origine la plus profonde du poème :

La bruma estrifa las pelhas
del solelh subre Dordonha
espasa e verrolh lo camin
lusís cap a París
ont lo solelh s’escond dins los fums
de l’istòria

[La brume déchire les haillons
du soleil sur la Dordogne
épée et verrou le chemin
brille jusqu’à Paris
où le soleil se cache dans les fumées
de l’Histoire]23.

Mais cette dialectique entre « le Sud et le Nord », pour reprendre l’intitulé d’un ouvrage collectif auquel Séguy a participé à la même époque24 s’insère elle-même dans une autre sorte de distribution que l’évocation algérienne du poème publié en 1964 dans Letras d’Òc avait déjà laissé deviner. L’univers poétique de Séguy est tissé de déplacements, de voyages, réels ou imaginaires, qui renvoient aux circonstances de l’existence. On a vu que tel poème, écrit apparemment à Berlin, évoque aussi l’Égypte de Néfertiti, de la même façon qu’une autre pièce d’Aiga de Nil, « La femna de Faiom » [La femme du Fayoum] est une méditation sur l’un de ces portraits funéraires de femmes et d’hommes d’Égypte datant des premiers siècles de notre ère. Celui qui a inspiré Séguy, après et avant d’autres, est conservé au Louvre, et c’est pour le poète l’occasion de se livrer à un voyage dans le temps et dans l’espace, depuis Paris jusqu’à l’oasis du Fayoum, d’où proviennent certains de ces portraits et où lui-même séjourna25.

Portrait de jeune femme dite « L'Européenne », II e siècle, musée du Louvre.

Portrait de jeune femme dite « L'Européenne », II e siècle, musée du Louvre.

Sailko, CC BY 3.0

Dans les lieux du vaste monde qu’il est appelé à fréquenter ou dont il perçoit les échos, le poète fait résonner, entre souvenirs, sens de l’observation et une certaine propension à la rêverie (au sens que Rousseau donnait à ce mot ?), sa propre présence, discrète et originale. Le passage de la Nouvelle histoire de la littérature occitane de Robert Lafont et Christian Anatole retenu par Nelli pour décrire l’attitude poétique de Séguy peut être reproduit ici :

… Séguy poursuit à Paris comme en Allemagne, en Angleterre, au Canada où ses voyages l’amènent une méditation religieuse très critique et moderne, enfermant dans ses poèmes le désarroi d’un monde désarticulé26… Les thèmes occitanistes, incisivement énoncés, sont aussi présents dans ses deux recueils27

On insistera sur la valeur que revêt cet éparpillement géographique dans l’écriture de Séguy : celle-ci est bien, d’abord, une écriture de circonstance(s), que certaines mentions, au bas du poème, précisent et revendiquent. Ainsi, le texte publié dans Letras d’Òc en 1964 s’achève par l’indication suivante : « Nancy, diluns 6 d’abril de 1964. Café Excelsior, en esperant lo tren per Schirmeck, Bas-Rin28 ». On lit de même à la fin d’un poème demeuré inédit (sauf erreur de ma part) :

Al Cafè Le Cluny, mentre esperavi lo Prof. Taubes (Jakob), de la Frei Universität Berlin, per adobar amb el un collòqui francò-alemand. Sus lo miralh davant ieu i aviá una reclama per Pils, la cerveza d’Estrasborg29.

[Au Café « Le Cluny », alors que j’attendais le Professeur Taubes (Jakob), de la Frei Universität Berlin, pour organiser avec lui un colloque franco-allemand. Sur la glace, devant moi, se trouvait une réclame pour Pils, la bière de Strasbourg].

Ces lignes ne sont pas superflues, ou secondaires : elles explicitent le contenu du poème, qui, sans elles perdrait une partie de son sens premier, de son inscription dans une réalité quotidienne dont la poésie de Séguy semble être directement issue et dont elle ne saurait être séparée.

De cette composante géographique enracinée dans un moment précis, on pourrait donner de nombreux exemples que la publication, parfois, a quelque peu dissimulés : dans la copie manuscrite autographe de Torisme en Carcin que j’ai pu consulter, ainsi, chaque pièce est datée. Ces dates ont disparu à la publication, pour des raisons difficiles à connaître30. Mais cette disparition ne change pas grand-chose : les poèmes eux-mêmes sont circonstanciés, liés aux instants qui les ont fait surgir, et cette situation se trouve ainsi placée au cœur même de leur écriture, comme une nécessité profonde.

Des carrefours à la Croix

J’ai parlé plus haut d’écriture de circonstance(s). Cela est vrai, mais il convient d’ajouter : écriture des carrefours. Les lieux de cette poésie sont des lieux de circulation, de croisements, de rencontres : des cafés, on l’a vu, mais aussi des couloirs du métro (parisien), la station de vacances sur les bords de la mer Noire de Mamaia (Roumanie), l’aéroport d’Orly, Paris et plus encore, peut-être, Paris en mai 1968, Besançon lors de la Semaine sainte, le Quercy des enracinements familiaux, Londres quelques jours en août 1967…

Cette courte liste, significative déjà, pourrait être allongée. Mais là n’est pas l’essentiel. Tous ces lieux, au hasard de voyages proposés ou imposés par le métier de Séguy, sociologue des religions internationalement connu et reconnu, tous ces lieux, donc, dessinent dans le temps et dans l’espace, à travers les mots occitans du poète Joan-Baptista Seguin, des croix, et bien sûr d’abord, la Croix par excellence pour ce catholique piéton du monde qu’était Séguy : celle de la Crucifixion.

La Crucifixion et Pâques dominent en effet, tel d’un toit temporel et spirituel, la poésie de Séguy, à la fois comme un aboutissement possible et comme un événement majeur. Plusieurs poèmes ou ensembles de poèmes, dans chaque recueil, font signe à cet égard. Dans Aiga de Nil, il s’agit par exemple de Caminament. Ce cheminement, ou plutôt chemin, que bornent les stations « Métaphysique » et « Ascension », est placé sous le signe de la Croix : Sul camin, i a ta crotz (4. A palpas). [Sur le chemin, il y a ta croix (4. À tâtons)].

On songe bien sûr, par proximité de langue, au Sola Deitas, « chemin de Croix » de Jean Larzac31, paru quelques années plus tôt dans la même collection Messatges, mais aussi au Camin de la Crous du Provençal Mas-Felipe Delavouët32. Mais le Caminament de Séguy est d’apparence (d’apparence seulement, bien sûr) beaucoup plus personnelle, comme d’ailleurs ses autres compositions d’inspiration par ailleurs on ne peut plus religieuse. Ainsi, la dernière pièce d’Aiga de Nil, « ‟Donnez-lui tout de même à boire”, dit mon père », associe des considérations concernant le monde politique du moment à une méditation sur la Passion du Christ.

Dans Poëmas del non, poésie politique et poésie religieuse se rencontrent semblablement. À côté de poèmes occitanistes (la partie initiale, intitulée Non-païs), de poèmes politiques (sur le mode du témoignage : la partie intitulée Non resisténcia, sous-titrée « París, mai de 1968 »), on trouve, sous le titre Non conformitat, des compositions religieuses inspirées par la Passion : Sacrifici del matin, d’abord, puis une Setmana santa a Besançon, en six moments, du dimanche des Rameaux (« Dimenge de las Palmas ») à celui de Pâques (« Dimenge de Pascas »), que viennent compléter trois poèmes détachés de cette chronologie. Parmi d’autres textes de tonalité comparable, je ferai un sort particulier, dans Aiga de Nil, à « L’estèla del suplici » [L’étoile du supplice]. Je retiens de cette belle méditation sur la Passion que traverse la silhouette de Simon de Cyrène les derniers vers :

D’un solelh a un deman,
coma l’Amor
lo mond es redond
dintre l’estèla de ton suplici, ò Crist.

[D’un soleil à un demain,
comme l’Amour
le monde est rond
dans l’étoile de ton supplice, ô Christ].

Ce poème est dédié à Robert Lafont, qui fut, on l’a vu, pendant les années 1960 et dans la décennie suivante l’un de ceux qui échangea, parmi d’autres sans aucun doute, de nombreuses et parfois longues correspondances avec Séguy (Internet n’existait pas encore, et le téléphone, bien qu’utilisé, ne remplaçait pas vraiment le papier pour des intellectuels qui avaient le goût de l’écrit, et qui plus est de l’écrit à la main). Cette dédicace constitue à l’évidence une marque d’hommage adressée à un interlocuteur toujours présent et attentif. Attentif aux capacités intellectuelles de Séguy et à la force raisonnée de son engagement occitan, à coup sûr. Mais cet hommage33 recouvre aussi, sans doute, une forme de reconnaissance plus personnelle dont le poème permet l’expression la plus libre et la plus appuyée. Séguy y fait écho à la revendication d’athéisme de Lafont, dans une sorte de fraternité au-delà des croyances qui m’a semblé faire écho, depuis que j’ai pu lire ce poème, à un ensemble de sonnets en forme de confidence autobiographique de Lafont, L’Ora [L’Heure], publié en 1963 dans la revue Oc34. Dans ces poèmes, Lafont formule son « credo d’ateïsta » (pièce IV, v. 8) et proclame notamment :

La frucha dins la desca sus la taula
parla de Dieu sens ges de Jèsus Crist.

[Le fruit dans la corbeille sur la table
parle de Dieu sans aucun Jésus-Christ]35.

La lecture, au moment où j’écrivais ce texte, d’une lettre de Séguy à Lafont, est venue confirmer cette intuition tenace36. Et surtout, révéler plus encore combien ces deux personnalités avaient su tisser entre elles, pendant une longue période, une complicité exigeante et éclairante.

Un poète de la distance ?

S’il fallait tenter de définir la « couleur » et le ton de la poésie de Séguy, ce qui constitue, en fin de compte, son essence, ou sa marque originelle, je serais enclin à dire que c’est, avant tout, les marques de distance qu’elle prend toujours, ou presque, dans le déroulement du poème.
Que le thème principal du poème, en effet, soit religieux, politique, géographique ou autre, il est toujours accompagné d’une sorte de pas de côté. Ou de décalage, si l’on préfère.
Un bon exemple, parce que poussé assez loin, de cette attitude pourrait être le poème intitulé « Lupta pentru pace37 » (Aiga de Nil), dont le centre géographique est la ville balnéaire roumaine de Mamaia. Ce poème d’une trentaine de vers a tout d’un texte de circonstance, comme la plupart de ceux écrits par Séguy. Il baigne dans une ironie à la fois tendre et féroce, à l’évocation des touristes qui ont envahi, en ce mois de juillet, les rivages de la mer Noire,

trabalhadors de totes los païses
units
en vacanças pagadas
capitalisticament
reialas

[travailleurs de tous les pays
unis
par des congés payés
capitalistiquement
royaux].

Car Séguy poète se situe toujours ici et ailleurs, au cœur de son sujet tout en ne cessant jamais de s’en éloigner. On mesurera les dimensions que peut revêtir cette oscillation jamais arrêtée entre sérieux et non-sérieux à la lecture des lignes que Séguy écrivait à Robert Lafont dans une lettre datée du 8 juin 1965 :

Fa d’annadas que me raivi / d’anar en Romania. Cada mes de junh i tòrni / pensar e preni de reclamas toristicas dins las agéncias. Sabi ben que fin finala me pagarai pas lo/ viatge. Fa pas ren… Alavètz aquel poèma es / un mescladís d’aspiracions rembarradas e de medi- / tacions sus los dépliants toristics e la pròsa / de Contemporanul, lo Lettres fr[an]ç[ai]ses romanesc, que legissi / de còps.

[Il y a des années que je rêve d’aller en Roumanie. Chaque mois de juin, j’y repense et je prends des publicités touristiques dans les agences. Je sais bien qu’en fin de compte je ne me paierai pas ce voyage. Mais cela ne fait rien… Alors ce poème est un mélange d’aspirations refoulées et de méditations sur les dépliants touristiques et la prose de Contemporanul, le Lettres françaises roumain, que je lis parfois].

Dans le même ordre d’idée, cette remarque faite à Robert Lafont à propos de son deuxième recueil attire l’attention. Elle figure en post-scriptum d’une lettre du 22 juillet 1969 où Séguy fait mention de poèmes québéquois qu’il a traduits en occitan lors d’un séjour à Sherbrooke, au Québec : « Teni pas enquèra los Poëmas / del non. Mas acabi de tornar / veire lo manuscrit e… tot / aquò me fa una impression / negativa ! » [Je ne tiens pas encore les Poëmas del non. Mais je finis la révision du manuscrit et tout cela me fait une impression négative]. On peut rapprocher cette remarque de celle-ci, antérieure, à propos du titre de ce recueil, dans une autre lettre à Robert Lafont du 29 décembre 1968 : « Non-poèmas seriá estat un títol mielhs cau- / sit » [Non poèmas aurait été un titre mieux adapté]. Ces deux notations, au-delà de leur caractère factuel indéniable, sont révélatrices d’une disposition d’écriture (comme on pourrait tout aussi bien dire :  « disposition d’esprit ») qui rend le poème possible, guide son élaboration et, finalement, en détermine le ton.

Cette négativité revendiquée fait bien sûr aussitôt songer à celle de non-poème, mise en avant dans un texte fameux de son recueil L’homme rapaillé par le Québéquois Gaston Miron38. Peut-être Séguy avait-il pris connaissance de ce manifeste à Paris, où Miron séjourna en 1959, puis en 1967. Ou encore lors du séjour qu’il avait de son côté effectué à Sherbrooke en décembre 1969. Il faut ajouter, et c’est sans doute là l’essentiel, que Miron avait été mis en exergue du recueil de poésie occitane qui avait immédiatement précédé, dans la collection Messatges, le premier livre de Séguy : les Cançons mauvolentas de Gilabèrt Suberròcas s’ouvrent par « Le non-poème » de Miron, en français d’abord39, puis traduit en gascon par l’auteur du recueil (p. 6 et 7).

Cela dit, les démarches poétiques respectives de Séguy et de Miron, au-delà de nombreuses et incontestables différences, se rejoignent sur cette présence du négatif comme envers et endroit du poème en construction. Et sur ce point, malgré d’autres sortes de différences tout aussi importantes, Suberròcas et Séguy se font quelque part écho.

Séguy, comme Suberròcas, en effet, ne cesse pas de semer le doute chez son lecteur. L’ironie fait chez lui toujours son chemin, en contrepoint de ce que le poème paraît affirmer ou laisser voir. On devine, dans le ton comme dans la substance du propos, une sorte de méfiance, le sentiment que tout cela n’est peut-être qu’apparences trompeuses, ou, à tout le moins, apparences à ne pas prendre pour autre chose que ce qu’elles sont : des manifestations de la fugacité du monde quotidien et des impressions qu’il fait surgir.

                                                                   *

L’écriture littéraire en occitan de Jean Séguy, et donc son écriture poétique, n’a pas connu de prolongements visibles au-delà d’avril 1977, quand la revue Gai Saber publia le court ensemble de poèmes dont j’ai signalé plus haut l’existence. Ces textes brefs et resserrés, non datés, qui se déroulent, comme l’indique leur titre, « du ruisseau (fleuve ?) à l’aube », sont peut-être le signe d’un achèvement déjà entériné par le poète. Ont-ils vraiment marqué la fin d’une aventure intellectuelle dont l’occitan avait été le lieu privilégié ? Oui et non. Non, si l’on considère que Séguy a publié au cours des années suivantes, en occitan ou en français, plusieurs recensions critiques dont la matière d’oc était le thème. Les trois dernières sont en français ; elles datent de 1982, 1983 et 1984 et ont paru dans la Revue des langues romanes (Montpellier) pour les deux premières, dans Amiras. Repères occitans pour la dernière. Celle-ci concerne un texte occitan d’Ancien Régime du Quercy, la comédie Scatabronda. Les deux autres, l’œuvre poétique de René Nelli d’une part, et la réédition de la version béarnaise des Psaumes per Arnaud de Salette40. Oui, en fait, parce que ces trois recensions apparaissent comme les ultimes manifestations d’un élan en voie d’épuisement. Séguy avait-il prévu que le poète Seguin n’aurait qu’un temps ? Peut-être. Dans sa lettre à Robert Lafont du 13 juillet 1964 à laquelle il a été fait allusion au début de cet article, il se référait « a la beluga, al moment favorable » [à l’étincelle, au moment favorable] qui fait jaillir l’écriture du poème. Il prévenait cependant : « Mas sabi pas se contunharai » [mais je ne sais pas si je continuerai]. De cet épuisement pressenti, on croit reconnaître la présence dans les poèmes (ultimes ?) donnés en 1977 à la revue Gai Saber. Son expression la plus facile à deviner pourrait être le refrain, mélancolique, qui ouvre et referme le dernier poème de cet ensemble intitulé Del riu a l’alba :

La nuech marca brun
trobador
e l’alba tant es luònta.

[La nuit marque brun
troubadour
et l’aube est si loin]41.

1 [Songez seulement que ma culture est davantage anglaise que française, mon expérience de la vie davantage africaine qu’européenne, que j’ai pour

2 On lit Baptista sur la première page de couverture du premier recueil, Batista sur celle du second.

3 Sur Jean Séguy, on lira dans le numéro annonçant sa disparition des Archives des sciences sociales des religions (auparavant Archives de sociologie

4 Mais Séguy, dès ses années de lycée à Bône, avait été initié à l’existence de la langue d’oc et de ses poètes (Mistral, Aubanel) par un félibre

5 Les années suivantes n’ont pas été inventoriées au moment où ce texte est écrit. On notera qu’à partir de 1972, le nombre de lettres reçues (et

6 La revue portait alors le titre de Gai Saber ; elle porte aujourd’hui, depuis de nombreuses années déjà, celui de Lo Gai Saber.

7 Citation d’Edmond Brua (1901-1977), journaliste natif d’Algérie connu en particulier pour avoir publié en 1942 à Alger La parodie du Cid. Farce

8 Les écrivains publiés par l’IEO ont pris, pour beaucoup, l’habitude de modifier la graphie de leur patronyme afin de lui donner une apparence plus

9 Le recueil de Séguy est daté du 20 août. Le recueil précédent, portant le numéro 36 (Cançons mauvolentas de Gilabèrt Suberròcas), également imprimé

10 [Eau du Nil] Je donne entre crochets une traduction française des titres d’œuvres et des passages cités.

11 Toulouse, Privat, 1963. Le premier de ces comptes rendus, en français, parut dans les Archives de sociologie des religions, n° 16, juillet-décembre

12 Il s’agissait du livre Le phénomène cathare : perspectives philosophiques, morales et iconographiques, Toulouse et Paris, Privat et PUF, 1964, dont

13 Ce compte rendu de René Nelli, Òbra poëtica occitana (1940-1980), traduction française en regard, Toulouse, Institut d’études occitanes, 1981, fut

14 «  Mercat comun / Marché commun », in René Nelli, La poésie occitane des origines à nos jours. Édition bilingue, Paris, Seghers, 1972, p. 328-331.

15 [Poèmes du non] Certains exemplaires du recueil contiennent une page imprimée d’Errata. D’autres ont été corrigés de la main de l’auteur.

16 Avaient paru dans l’intervalle : n° 38 : Joan Larzac, Contristòria ; n° 39, décembre 1967 : Ives Roqueta, Òda a sant Afrodisi, mars 1968; n° 40 :

17 Viure, n° 11, février 1968, p. 13. Cet ensemble contient les pièces suivantes: « Modern English Usage » ; « Tors » ; « Victoria Station » ; « Brush

18 Gai Saber, n° 386, avril 1977, p. 37-40. Cet ensemble contient dix poèmes brefs, de formes diverses : « Riu de vida » ; « Susari » ; « Vision », « 

19 Citons seulement deux articles particulièrement significatifs: « La Refòrma protestanta del sègle XVI e las “lengas vulgaras” », Annales de l’

20 On peut faire l’hypothèse que Séguy a proposé un poème de facture plus classique à Gai Saber, revue historiquement tournée vers ce genre d’écriture

21 Séguy était ce que l’on peut appeler un grand lecteur, et donc un grand lecteur d’occitan. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’un de ses

22 Une première version de cet ensemble, comportant seulement 8 poèmes, avait paru dans le numéro 2 (été 1965) de la toute nouvelle revue Viure (soit

23 Je mets une majuscule à Histoire, je traduis pelhas par haillons plutôt que chiffons, et fums par fumées, plutôt que par brouillards(le terme, en

24 « Deux comportements religieux », in Robert Lafont (directeur), Le Sud et le Nord. Dialectique de la France, Toulouse, Privat, 1971, p. 155-179.

25 « Jean Séguy comme moi-même nous sommes en effet immergés durant deux ans au Caire, en tant qu'enseignants, dans la même communauté jésuite (

26 Ici, Nelli saute un court passage dans lequel Séguy est rapproché de Manciet à propos de cette vision « désarticulée » du monde.

27 Nelli, La poésie occitane, op. cit., p. 329. Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, Paris, PUF, 1971, p.

28 [Nancy, lundi 6 avril 1964. Café Excelsior, en attendant le train pour Schirmek, Bas-Rhin].

29 Ce poème, daté du 18 décembre 1964, porte un titre en allemand: « Deutsch. französische Zusammenarbeit ». Il figure au bas d’un ensemble manuscrit

30 Sauf si, par exemple, des correspondances aidaient à comprendre les raisons de cette disparition. On y voit que ces poèmes ont été écrits pour l’

31 Sola Deitas, Camin de Crotz de Joan Larzac, version francesa d’Ives Roqueta, IEO, Messatges, n° 31, 1963.

32 Camin de la Crous, avec 14 illustrations en couleurs de Jean Thunin, tirées en sérigraphie par Yves Rigoir, Grans, Le Bayle-Vert, 1966. Ce poème a

33 Les dédicaces sont rares dans les deux recueils de Séguy: outre celle-ci à Robert Lafont, je relève seulement celle à « Dòna Jeanie Ridoux » du

34 N° 227-228, p. 19-23. Lafont fit réaliser une série de tirés-à-part (combien?) de cette suite de douze sonnets « à l’italienne » qu’il distribua à

35 Traduction de Jean-Claude Forêt, in Robert Lafont, Poèmas, 1943-1984, Montpeyroux, Jorn, 2011, p. 204.

36 On trouvera cette lettre partiellement éditée et commentée dans Philippe Gardy, « Sur la poésie religieuse (en occitan) : Jean-Baptiste Séguy à

37 Soit « Lutte pour la paix », slogan largement diffusé par le régime communiste roumain d’alors.

38 « Notes sur le non-poème et le poème. Extraits », dans L’homme rapaillé, les poèmes. Préface d’Édouard Glissant. Édition définitive présentée par

39 La référence donnée est celle de Parti pris (vol. 2, numéros 10-11). Il ne s’agit que d’un fragment du texte repris ultérieurement dans l’Homme

40 Compte rendu de Renat Nelli, Òbra poëtica occitana (1940-1980), traduction française en regard, Toulouse, Institut d’études occitanes, 1981, Revue

41 Il y a bien sûr ici un jeu de mot sur le nom du troubadour Marcabru, et sur les lectures possibles, métaphoriques bien que contestables, de son

1 [Songez seulement que ma culture est davantage anglaise que française, mon expérience de la vie davantage africaine qu’européenne, que j’ai pour ainsi dire davantage vécu dans des pays plurilingues que dans des pays monolingues (lettre à Robert Lafont du 13 juillet 1964 ; la signature est celle figurant sur la lettre)].

2 On lit Baptista sur la première page de couverture du premier recueil, Batista sur celle du second.

3 Sur Jean Séguy, on lira dans le numéro annonçant sa disparition des Archives des sciences sociales des religions (auparavant Archives de sociologie des religions), dont Séguy assura la rédaction en chef entre 1981 et 1988, les deux contributions complémentaires de Danièle Hervieu-Léger et Jacques Maître. Et l’on tirera grand profit du cours donné à son sujet par Sébastien Fath à l’EHESS : Sébastien Fath, « Regard sur Jean Séguy. Un sociologue du non-conformisme religieux chrétien », cours donné à l’EHESS le 19/12/2008. Mis en ligne en janvier 2009 sur http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/.òta Du même auteur, demeurent très précieuses les lignes qu’il écrivit au moment de la disparition de Séguy, http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2007/11/22/deces-de-jean-seguy-1925-2007.html.

4 Mais Séguy, dès ses années de lycée à Bône, avait été initié à l’existence de la langue d’oc et de ses poètes (Mistral, Aubanel) par un félibre toulonnais qui avait été son professeur de français en Algérie. Cette confidence figure dans l’une des lettres qu’il adressa au début des années 1960 à l’abbé Joseph Salvat, animateur à Toulouse de la revue Gai Saber dont Séguy devint très vite un collaborateur. On peut penser que ce félibre était l'écrivain et éditeur provençal (L'Astrado) Louis Bayle (1907-1989), qui enseigna à cette époque en Algérie et au Maroc. Mais, plus sûrement, ce professeur félibre dut être l’écrivain provençal et peintre Louis Giraud (Toulon, 1910-1985), dont ses biographes, Olivier Neige (revue de l’AVEP n° 181, hiver 2022) et, à sa suite, Emmanuel Desiles, nous apprennent qu’il était parti comme professeur de dessin « poursuivre sa carrière en Algérie, à Bône, de 1934 à 1945 » (Louis Giraud, Lou ligame desóublida / Le lien oublié, traduction, note et préface d’E. Desiles, L’Astrado, 2022, p. 3). Giraud avait réalisé une œuvre picturale pour l’église de Bône.

5 Les années suivantes n’ont pas été inventoriées au moment où ce texte est écrit. On notera qu’à partir de 1972, le nombre de lettres reçues (et conservées) diminue sensiblement. Je remercie Aurélien Bertrand (CIRDOC) pour les précieuses informations qu’il m’a fournies à ce sujet, à partir des lettres déposées à Béziers (Fonds Robert Lafont).

6 La revue portait alors le titre de Gai Saber ; elle porte aujourd’hui, depuis de nombreuses années déjà, celui de Lo Gai Saber.

7 Citation d’Edmond Brua (1901-1977), journaliste natif d’Algérie connu en particulier pour avoir publié en 1942 à Alger La parodie du Cid. Farce algérienne en 4 actes et en vers, Collection du Cactus. Cette farce, souvent imprimée, est une réécriture en parler pied noir (ou pataouète) de la pièce de Corneille.

8 Les écrivains publiés par l’IEO ont pris, pour beaucoup, l’habitude de modifier la graphie de leur patronyme afin de lui donner une apparence plus conforme à la langue dans laquelle ils ont choisi d’écrire: Roqueta pour Rouquette, Bodon pour Boudou, etc.

9 Le recueil de Séguy est daté du 20 août. Le recueil précédent, portant le numéro 36 (Cançons mauvolentas de Gilabèrt Suberròcas), également imprimé par Reboulin à Apt, est quant à lui daté du 2 août 1966. Sur ce dernier recueil, voir Jean-Pierre Chambon, Qu'èm los poëtas d'occitania e ac golam! Une contribution à l'exégèse des Cançons mauvolentas de Gilabèrt Suberròcas (1966), Toulouse, Section française de l'Association internationale d'études occitanes, 2014.

10 [Eau du Nil] Je donne entre crochets une traduction française des titres d’œuvres et des passages cités.

11 Toulouse, Privat, 1963. Le premier de ces comptes rendus, en français, parut dans les Archives de sociologie des religions, n° 16, juillet-décembre 1963, p. 188-189; un autre, en occitan, dans Oc (n° 231, mars 1964, p. 50-52, chronique d’« Istòria religiosa »).

12 Il s’agissait du livre Le phénomène cathare : perspectives philosophiques, morales et iconographiques, Toulouse et Paris, Privat et PUF, 1964, dont la recension parut dans les Archives de sociologie des religions, n° 17, janvier-juin 1964, p. 197.

13 Ce compte rendu de René Nelli, Òbra poëtica occitana (1940-1980), traduction française en regard, Toulouse, Institut d’études occitanes, 1981, fut publié dans la Revue des Langues Romanes, 1, LXXXVI, 1982, p. 166-168. Cette recension constituait une sorte d’hommage à Nelli, que Séguy avait écrit à la demande de Robert Lafont.

14 «  Mercat comun / Marché commun », in René Nelli, La poésie occitane des origines à nos jours. Édition bilingue, Paris, Seghers, 1972, p. 328-331. Les quelques lignes de présentation de Séguy sont empruntées au tome second de la Nouvelle histoire de la littérature occitane de Robert Lafont et Christian Anatole, récemment (1970) parue aux PUF. Quelle conclusion tirer de ce fait qui peut surprendre ? On notera aussi que Nelli, comme Lafont et Anatole (assurément une coquille d’imprimerie non corrigée), fait naître Séguy en 1945 et non en 1925. Ce qui explique, en passant, la place que celui-ci occupe dans son anthologie : en fin d’ouvrage, parmi les moins âgés des auteurs retenus. Ajoutons que Nelli, face à certaines critiques faites à son anthologie, expliqua à ses correspondants (Robert Lafont en l’occurrence) qu’il avait, pour résumer sa pensée, travaillé dans l’urgence.

15 [Poèmes du non] Certains exemplaires du recueil contiennent une page imprimée d’Errata. D’autres ont été corrigés de la main de l’auteur.

16 Avaient paru dans l’intervalle : n° 38 : Joan Larzac, Contristòria ; n° 39, décembre 1967 : Ives Roqueta, Òda a sant Afrodisi, mars 1968; n° 40 : Felip Gardy, Cantas rasonablas (per la convida dei papagais), novembre 1968 ; n° 41 : Breiz atao, poëmas d’Enric Espieut, Joan Larzac e Ives Roqueta. Adaptacion bretona de Youenn Gwernig, juin 1969. Parmi ces recueils, sont publiés en occitan seulement ceux de Joan Larzac et Ives Roqueta ; le français n’apparaît pas davantage dans Breiz atao.

17 Viure, n° 11, février 1968, p. 13. Cet ensemble contient les pièces suivantes: « Modern English Usage » ; « Tors » ; « Victoria Station » ; « Brush up your English in Montréal »; Samson Agonistes (A Ye Ye Version) »; ces textes sont datés de « Londras, 7-11 / 8 / 1967 ».

18 Gai Saber, n° 386, avril 1977, p. 37-40. Cet ensemble contient dix poèmes brefs, de formes diverses : « Riu de vida » ; « Susari » ; « Vision », « Amor canadés » ; « Cap de l’an » ; « Per Joan Bodon » ; « Poèma veirina » ; « Autonada » ; « Armonicas » ; « Alba ». Ces poèmes ne sont pas datés. On notera que le titre regroupant ces dix poèmes relie le premier et le dernier d’entre eux, et fait aussi écho à ceux parus en 1964 dans la même revue (et, pourquoi pas, à un autre titre, Aiga de Nil…).

19 Citons seulement deux articles particulièrement significatifs: « La Refòrma protestanta del sègle XVI e las “lengas vulgaras” », Annales de l’Institut d’études occitanes (Colloque sur Pey de Garros et son temps), 4e série, n° 3, printemps 1968, p. 315-327; « Langue, religion, et société : Alain de Solminihac et l’application de la réforme tridentine dans le diocèse de Cahors (1637-1659) », Annals de l’Institut d’estudis occitans, 5e série, n° 1, 1977, p. 79-110.

20 On peut faire l’hypothèse que Séguy a proposé un poème de facture plus classique à Gai Saber, revue historiquement tournée vers ce genre d’écriture; et une pièce à la fois plus « moderne » et d’un ton mêlant ironie et allusions à l’actualité à Letras d’Òc, où toutes les formes d’audace étaient volontiers accueillies.

21 Séguy était ce que l’on peut appeler un grand lecteur, et donc un grand lecteur d’occitan. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’un de ses articles parmi les plus significatifs en ce domaine: « De l'aliénation au fantastique. Problèmes de la prose littéraire d'oc », Esprit, n° 576, p. 669-683. [Ce numéro commence par un article de Jean-Marie Domenach, « Repenser la France » (p. 611-629 ; première phrase : « L'idée de la France est en crise »), suivi d'une réaction de Robert Lafont, « Réponse à J.-M. Domenach » (p. 630-642), puis d'un débat entre Domenach, Lafont, Vincent Monteil, Paul Thibaut, Pierre Fougeyrollas, Darling Brian, Yves Person, p. 643-668].

22 Une première version de cet ensemble, comportant seulement 8 poèmes, avait paru dans le numéro 2 (été 1965) de la toute nouvelle revue Viure (soit, dans l’ordre: « Ròcamador »; « Pèire de Casals »; « Glèisas »; « Castèls »; « Pibol »; « Païsatge »; Sirventés »; Lo candelièr de Sant Andrieu »).

23 Je mets une majuscule à Histoire, je traduis pelhas par haillons plutôt que chiffons, et fums par fumées, plutôt que par brouillards (le terme, en ce sens, est étroitement lié, en écriture, aux œuvres de Jean Boudou, dont Séguy était un lecteur; il a d’ailleurs consacré à l’auteur de La grava sul camin un poème, « Per Joan Bodon », in « Del riu a l’alba », Gai Saber, n° 386, avril 1977, p. 37-40).

24 « Deux comportements religieux », in Robert Lafont (directeur), Le Sud et le Nord. Dialectique de la France, Toulouse, Privat, 1971, p. 155-179.

25 « Jean Séguy comme moi-même nous sommes en effet immergés durant deux ans au Caire, en tant qu'enseignants, dans la même communauté jésuite (Collège de la Sainte Famille). Je me souviens de l'étonnement et du ravissement de Jean Séguy lorsqu’il découvrit ce point de rencontre, croisant maints souvenirs communs (à 40 ans de distance), que ce soit les monastères du Wadi Natrun, les pistes de l’oasis du Fayoum ou la fréquentation du père Martin, merveilleux érudit en charge de la bibliothèque du collège de la Sainte Famille, que nous avions tous deux connu ! » (Sébastien Fath, http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2007/11/22/deces-de-jean-seguy-1925-2007.html).

26 Ici, Nelli saute un court passage dans lequel Séguy est rapproché de Manciet à propos de cette vision « désarticulée » du monde.

27 Nelli, La poésie occitane, op. cit., p. 329. Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, Paris, PUF, 1971, p. 799-800.

28 [Nancy, lundi 6 avril 1964. Café Excelsior, en attendant le train pour Schirmek, Bas-Rhin].

29 Ce poème, daté du 18 décembre 1964, porte un titre en allemand: « Deutsch. französische Zusammenarbeit ». Il figure au bas d’un ensemble manuscrit autographe (dont l’origine n’est pas établie, coll. part.) de trois plus un feuillets constituant une copie de la suite intitulée Torisme en Carcin (telle que publiée, à quelques détails près, dans Aiga de Nil). Jacob Traubes (Vienne, 1923-Berlin, 1987) est un philosophe et sociologue des religions dont plusieurs œuvres ont été traduites en français, notamment aux éditions du Seuil.

30 Sauf si, par exemple, des correspondances aidaient à comprendre les raisons de cette disparition. On y voit que ces poèmes ont été écrits pour l’essentiel le 23 avril 1964 (6 pièces), puis le 25 (3 pièces), et enfin le 18 décembre de la même année. Certains comportent deux dates, la deuxième pouvant être celle où a été « trouvée » la forme définitive du poème.

31 Sola Deitas, Camin de Crotz de Joan Larzac, version francesa d’Ives Roqueta, IEO, Messatges, n° 31, 1963.

32 Camin de la Crous, avec 14 illustrations en couleurs de Jean Thunin, tirées en sérigraphie par Yves Rigoir, Grans, Le Bayle-Vert, 1966. Ce poème a par la suite été repris, comme premier volet d’un Triptique dóu marrit Tèms/ Triptyque du Temps Mauvais, dans le deuxième volume de Pouèmo, Paris, José Corti, 1971, p. 55-83

33 Les dédicaces sont rares dans les deux recueils de Séguy: outre celle-ci à Robert Lafont, je relève seulement celle à « Dòna Jeanie Ridoux » du poème « La femna de Faiom » dans Aiga de Nil également. On n’en relève aucune dans Poëmas del non.

34 N° 227-228, p. 19-23. Lafont fit réaliser une série de tirés-à-part (combien?) de cette suite de douze sonnets « à l’italienne » qu’il distribua à ses proches et amis.

35 Traduction de Jean-Claude Forêt, in Robert Lafont, Poèmas, 1943-1984, Montpeyroux, Jorn, 2011, p. 204.

36 On trouvera cette lettre partiellement éditée et commentée dans Philippe Gardy, « Sur la poésie religieuse (en occitan) : Jean-Baptiste Séguy à Robert Lafont (1964) », Revue des langues romanes, Le texte religieux occitan moderne et contemporain, Tome CXXII, N°2, 2018, disponible en ligne : https://journals.openedition.org/rlr/848.

37 Soit « Lutte pour la paix », slogan largement diffusé par le régime communiste roumain d’alors.

38 « Notes sur le non-poème et le poème. Extraits », dans L’homme rapaillé, les poèmes. Préface d’Édouard Glissant. Édition définitive présentée par Marie-André Beaudet, Paris, Nrf, Poésie/Gallimard, 1999, p. 121-136. Ce texte, avant de devenir poème à proprement parler, avait d’abord paru dans la revue politique et littéraire québéquoise Parti pris, dont Miron était membre de la rédaction, en juin-juillet 1965. Sur les séjours parisiens de Miron, à partir de 1959, on lira Dominique Combe, « Gaston Miron à Paris, la question coloniale », Europe, n° 1031, mars 2015, p. 160-169.

39 La référence donnée est celle de Parti pris (vol. 2, numéros 10-11). Il ne s’agit que d’un fragment du texte repris ultérieurement dans l’Homme rapaillé. Sur le sens de cette mise en exergue, je renvoie aux remarques de Jean-Pierre Chambon dans son exégèse du recueil de Suberròcas, p. 95-97.

40 Compte rendu de Renat Nelli, Òbra poëtica occitana (1940-1980), traduction française en regard, Toulouse, Institut d’études occitanes, 1981, Revue des Langues Romanes, 1, LXXXVI, 1982, p. 166-168. [En français ; signé Jean-B. Séguy]; Compte rendu de Arnaud [de] Salette, Los Psalmes de David metuts en rima bernesa.M ., 1583-1983. Edicion navèra preparada per Robèrt Darrigrand, Orthez, Per Noste, 1983, Revue des Langues Romanes, 1, LXXXVII, 1983, p. 141-142. [En français ; signé Jean-B. Séguy]; Compte rendu de Patrick Ferté, Yves-Pierre Malbec, Scatabronda, comèdia carcinòla anonima amb un estudi istoric per P. Ferté, « Un brûlot libertin dans l'Université de Cahors », Cahors, Carcin Tèrra d'Oc et SCIEO, 1983, Amiras-Repères, n° 7, 1984, p. 89-93 [les pages 91-93 sont une note sur l'édition du manuscrit, par Philippe Martel].

41 Il y a bien sûr ici un jeu de mot sur le nom du troubadour Marcabru, et sur les lectures possibles, métaphoriques bien que contestables, de son patronyme. On y aura aussi reconnu, bien sûr, l’ironie désabusée du poète, qui était aussi, au dire de plusieurs de ses proches, celle dont savait faire montre l’homme Jean Séguy.

Portrait de jeune femme dite « L'Européenne », II e siècle, musée du Louvre.

Sailko, CC BY 3.0

Philippe Gardy

Directeur de recherche honoraire, CNRS, chercheur associé, Univ Paul Valéry Montpellier 3, ReSO EA 4582, F34000, Montpellier, France

Article del meteis autor